4ème de couv:
Victime de harcèlement dans son adolescence, Anaïs est devenue une jeune femme fragile et introvertie. L'arrivée d'Arthur à la tête de l'hôtel dans lequel elle travaille va raviver de terribles souvenirs. Parviendra-t-elle à résister aux fantômes de son passé? Ce roman noir qui mêle habilement le passé et le présent vous tiendra en haleine jusqu'à la dernière ligne.
Service presse SimPlement.
Mon retour:
Une plume sincère, sagace et avisée au service d'un sujet hélas toujours d'actualité.
2017. Anaïs Châtel est une jeune femme fragile et très discrète, mais qui a trouvé un équilibre dans son travail de chef de réception dans un hôtel parisien, grâce à Roger Berthot, un directeur bienveillant, intelligent et perspicace qui a su détecter tout son potentiel. Et ce n'était pas chose simple, tant Anaïs tend à se rendre transparente.
En effet, après des années de harcèlement scolaire intense, années très difficiles à supporter, Anaïs a enfin trouvé une place. Peut être pas la meilleure, mais une où elle se sent relativement à l'aise. Si elle noue peu de liens avec ses collègues de travail, elle peut cependant compter sur Julien, son assistant taiseux, mais attentionné, loyal et efficace.
Mars 1998. Originaires du sud-ouest, Anaïs et sa famille viennent de s'installer en banlieue parisienne. Anaïs fait son entrée au collège où elle devient rapidement le bouc émissaire de sa classe, avec pour premier bourreau Arthur, dont elle est amoureuse et qui se fait un malin plaisir de la casser systématiquement et de la mettre en porte à faux dès que l'occasion se présente.
Son harcèlement est devenu quotidien, entre humiliations et violences tant verbales que physiques. Au point qu'Anaïs finit par éprouver elle aussi honte et mépris vis-à-vis d'elle-même. Seule Emilie, sa meilleure amie « d'avant », exubérante et extravertie, se soucie de ses problèmes et manifeste inquiétude et soutien, avec l'appui de ses parents et de son frère.
En dehors d'Emilie, Anaïs est seule au monde. Car elle ne peut compter sur personne. Sa mère Edith est une mégère tyrannique qui la rabaisse sans cesse, exerçant elle-même une violence domestique quotidienne sur sa fille. Elle est revêche, acariâtre, autoritaire. Elle ne souffre aucune contestation et n'a d'amour et de considération que pour son aîné, Cédric. Celui-ci est vantard, condescendant, méprisant, très imbu de sa personne. Directeur de recherche au Commissariat de l'Energie Atomique, marié et père de deux enfants, il est mis sur un piédestal par ses parents. Quant au père, il brille par son indifférence.
Tout cela explique qu'Anaïs soit devenue une jeune femme introvertie, fragile, vulnérable. Elle a très peu confiance en elle, culpabilise pour des choses dont elle n'est pas responsable. Elle est une proie rêvée.
C'est dans ce contexte que Roger Berthot, qui prend sa retraite, présente aux employés de l'hôtel son successeur : Arthur Boisnard. L'ancien bourreau d'Anaïs.
Arthur a tout de gendre idéal : bel homme, sûr de lui, charmant, travailleur, attentif, sociable, charismatique, tout lui réussit. du moins en apparence.
Car Arthur est mesquin, hautain, a un ego démesuré. Il est incisif, séducteur. Il a un problème avec la frustration et l'autorité. Il a un complexe de supériorité. Il pense être né pour être admiré et craint. Il rêve de pouvoir et de domination, a besoin d'exercer un contrôle permanent sur son environnement. Il entend être vénéré et obéi sans objection ni contestation.
Bien sûr, il reconnaît à la seconde sa victime de prédilection. En bon pervers narcissique qu'il est, il va s'engouffrer dans ses failles, qu'il connaît par coeur. Il va être menaçant puis violent. Et va s'adonner à son jeu préféré : le harcèlement moral et sexuel, et pas qu'avec Anaïs d'ailleurs. Il va la culpabiliser pour tout, l'isoler, lui faire perdre le peu de confiance qu'elle a réussi à développer, jusqu'à ce qu'elle doute d'elle-même, de ses qualités et de ses qualifications, d'autant qu'Arthur met outrageusement en avant sa réussite professionnelle et ses propres compétences.
Manipulée, dénigrée, Anaïs va peu à peu perdre pieds.
Claire Barreteau domine parfaitement le vaste sujet qu'est le harcèlement, sous toutes ses formes. On ressent parfaitement la terreur et la détresse dans lesquelles Anaïs a grandi et s'est déconstruite. Les blessures émotionnelles sont toujours là, à peine cicatrisées, toujours palpitantes.
L'alternance des chapitres entre la détresse actuelle d'Anaïs et les jalons de son enfer passé, nous permet de ressentir profondément la douleur de l'héroïne et d'appréhender sa déchéance. Anaïs pourrait être n'importe lequel d'entre nous.
Ce roman indubitablement maîtrisé met en avant l'étendue des capacités de nuisance de l'Homme, mais aussi son extraordinaire pouvoir de résilience.
Un bon supplémentaire pour le dénouement parfait de ce roman. Et mes remerciements à l'auteure de m'avoir confié son travail.
Nota : En ce qui concerne le harcèlement scolaire, un article d'Elisabeth Caillemer publié dans le JDD le 07/11/2023, à l'occasion de la 8ème journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, fait état qu'un jeune sur cinq en est victime. (étude de l'Ifop auprès de 1001 élèves, 1001 parents et 200 enseignants pour l'association Marion la main tendue).
En CM1-CM2, 2,6 % d'élèves subissent une forte multivictimation qui peut être apparentée à du harcèlement (enquête Depp 2021) ; au collège, 5,6 % d'élèves en sont victimes (enquête Depp 2017) ; au lycée, 1,3 % d'élèves en sont victimes (enquête Depp 2018). C'est ce qui est rapporté sur le site du ministère de l'éducation nationale. Selon un rapport du Sénat de septembre 2022, chaque année, 800 000 à 1 million d'enfants seraient victimes de harcèlement scolaire.
D'après le site Qualisocial, plus d'un salarié sur trois a déjà été victime de harcèlement au travail et 15% à plusieurs reprises.
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