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Bernard Guyader (Traducteur)
EAN : 9782264024527
184 pages
10-18 (27/08/2005)
3.8/5   64 notes
Résumé :
Virtuose de l'humour et de l'intelligence, Umberto Eco déploie dans ce livre toute la gamme de son immense talent. Extravagant et véridique, ce recueil se situe à mi-chemin entre les Exercices de style de Raymond Queneau et les Mythologies de Roland Barthes. Amicalement sacrilège, délicatement satirique, l'auteur passe en revue les modes et les mœurs de ses contemporains. Nos codes et nos rites fournissent la matière de ses apologues. On découvrira Nonita, récit ins... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pour le grand public, Umberto Eco est et restera l'auteur du best seller « Au nom de la rose ». Il demeurera comme figé dans le temps par ce roman à l'intrigue médiévale devenu si encombrant pour sa carrière.

« Pastiches et postiches » est l'un de ces petits livres plaisants à lire, constitué de diverses textes publiés à l'origine dans des revues allant des années 60 jusqu'au début des années 90, et qui s'avère être un trésor d'érudition pour tout lecteur qui se respecte.

Eco s'amuse du monde contemporain et plus particulièrement de l'univers des médias. Il imagine par exemple la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb retransmis par la radio et la télévision. C'est à ce genre d'anachronisme auquel il succombe à plusieurs reprises.

J'en retiens trois dans mes préférences :
« Nous sommes au regret de ne pouvoir publier votre ouvrage... » (rapports de lecture à l'éditeur)
Sur la Bible (l'ancien testament) : « Je dois dire que, quand j'ai commencé à lire le manuscrit, (…) j'ai été enthousiasmé. Il est plein d'action et on y trouve tout ce que le lecteur demande aujourd'hui à un livre d'évasion : du sexe (beaucoup), avec des adultères, de la sodomie, des meurtres, des incestes, des guerres, des massacres, et ainsi de suite. »,
l'Odyssée d'Homère : « On y trouve des coups de théâtre, des géants avec un seul oeil au milieu du front, des cannibales, et même un peu de drogue, mais moins qu'il n'en faut pour encourir les rigueurs de la loi (...) »
Justine du marquis de Sade : « Il me semble que ça suffit. Nous ne cherchions pas une oeuvre philosophique : le public d'aujourd'hui réclame du sexe, du sexe, et encore du sexe. »
La critique de la raison pure de Kant : « (…) l'éditeur allemand a dit que si nous le prenions, il faudrait nous engager à publier non seulement l'oeuvre précédente, qui est un gros morceau en deux volumes au moins, mais aussi celle que Kant est en train d'écrire, dont je ne sais pas exactement si ça traite de l'art ou du jugement. »
Et bien d'autres encore.
Il est vrai qu'un nombre conséquent de grandes oeuvres de la littérature n'auraient jamais pu être publier s'ils avaient été écrits à notre époque moderne.

« Nonita » est une parodie du Lolita de Nabokov. L'histoire d'un type ayant des penchants gérontophiles. « J'aimais, ami, lecteur, et avec toute la folie de mes ardentes années, j'aimais celles que tu appellerais sans doute, avec une nonchalance distraite, « les vieilles ». Je désirais des plus profonds replis de mes fibres imberbes ces créatures déjà marquées par les rigueurs d'un âge implacable, ployant sous le rythme fatal des quatre-vingts ans, affreusement minées par le fantôme désirable de la sénilité. »

« Phénoménologie de Mike Bongiorno », le Guy Lux italien selon les notes de bas de pages de l'auteur, est un autre des meilleurs textes du recueil. Ce qui me fait penser à ces Michel Drucker, ces Jean-Pierre Foucault, ces présentateurs télé toujours propres sur eux, toujours de bonne humeur, ayant une culture générale et un vocabulaire limité pour ne pas perturber le spectateur lambda. « Il n'a pas honte d'être ignorant et n'éprouve pas le besoin de s'instruire. Il reste en contact avec les sphères les plus vertigineuses du savoir et en ressort vierge et pur, renforçant chez autrui les tendances naturelles à l'apathie et à la paresse intellectuelles. Il prend le plus grand soin de ne pas impressionner le spectateur, en se montrant non seulement dans une totale ignorance des faits, mais encore fermement décidé à ne rien apprendre. »

Tout le reste n'est certes pas toujours du même acabit niveau qualitatif mais il me laisse malgré tout un très bon souvenir de lecture.
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Décidément Umberto Eco ne se prend pas au sérieux. Enfin, dans ce livret bien sûr. Voilà de belles parodies de critiques littéraires (la Bible, l'Odyssée d'Homère…) qui nous font bien rire : il y explique, en tant qu'éditeur, pourquoi il ne les retiendrait pas. Ou encore, il nous conte l'histoire d'un très jeune héros brûlant d'amour pour une octogénaire au doux nom de Nonita (référence au Lolita de Nabokov). Et il y a encore ces sauvages qui trouvent bien ridicules ces Occidentaux que nous sommes…
Umberto Eco a de sérieuses références littéraires et italiennes que je ne possède pas, et donc certains de ses pastiches m'ont échappé. Mais dans l'ensembe, j'ai passé en sa compagnie un bon moment.
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Amusant mais très référencé.

L'écrivain et sémiologue italien Umberto Eco nous livre une quinzaine de textes pleins d'humour.

Beaucoup de ces nouvelles sont originales et tordantes : l'auteur imagine pour nous ce qu'aurait pu être les lettres de refus des éditeurs de l'Odyssée d'Homère ou du Don Quichotte de Cervantès, fait rédiger un rapport sur les moeurs de l'Italie moderne par des anthropologues venus de peuples dits "primitifs" ou examine sous tous les angles la problématique de l'absurde réalisation d'une carte d'un pays... en format 1/1 !

Sous leur aspect désopilant, ces textes en apparence légers nous incitent finalement à la réflexion en renversant les perspectives habituelles et en jouant avec les clichés et lieux communs.

Seule ombre au tableau : une petite partie des textes (comptez une bonne douzaine de pages sur les 200 du recueil) risquent d'échapper au lecteur qui comme moi n'aura pas la culture nécessaire pour se moquer avec Eco d'un réalisateur italien dont le nom ne lui dit rien (Qui est ce M. Olmi ?) ou qui sautera sans regret quelques pages où notre auteur se délecte (mais sans moi) à pousser jusqu'à l'absurde une analyse sémiologique et stylistique d'une comptine pour enfant. Ces passages restent suffisamment marginaux pour être vite oubliés.

En résumé : à la fois drôle et intelligent, mordant et tendre, érudit et néanmoins très fluide ce recueil permettra de passer un très bon moment.
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Vraiment touffus ces pastiches et postiches.
Avec Eco on ne sait pas si c'est du lard et du cochon Ainsi quand on aborde le livre il faut être vigilant: canular ? texte précieux et érudit? satyre, farce ?

«  ce n'est point pour vous que j'ai pris peine, mais pour des gens capable de me comprendre » citant Héraclite... Et c'est bien là, le problème pour le lecteur.

Pas facile le Umberto La diversité des textes fait qu'il est difficile de tout comprendre cela requiert nombres de connaissances des textes originaires ou il faut être de la partie.
Ceux accessibles facilement sont truculents.
Cela rend la lecture quelque peu fatigante car une recherche est parfois nécessaire pour accéder à l'humour Ecolien et encore en chemin on s'aperçoit qu'il se fout royalement du lecteur et donc canular … ou peut-être que ...mais non ce n'est pas possible…
Bref AH GRRR !
Érudition , farce, canular et écriture façon pince-sans-rire malmènent le lecteur lambda
Toujours est-il que le livre n'est pas homogène. Très Souvent drôle mais parfois un peu lourd (si un peu dans le comique absurde par exemple qui date un peu mais fait exprès !)
les nouvelles sont très variées et tout le monde peut y trouver son compte Une relecture de paragraphes complets s'impose assez souvent ne serait-ce que pour les empyrées, coryphées, tronoas , sophrosynes et j'en passe…
On apprécie de même les petites notes de bas de page en... cyrilliques Il est vrai que Eco explique qu'il a été difficile de traduire l'humour italien en français ce qu'on comprend parfaitement alors pour les références grecques traduites en italiens et ensuite en français ...on imagine
Donc un livre très intéressant clos par une petite merveille « lettre à mon fils » c'est simple et percutant mais surtout plein de bon sens Prendre son temps et ne pas se décourager A découvrir sans faute
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Du style et de la rhétorique comme je les aime. Peut-être moins absurde que le titre suivant (Comment voyager avec un saumon : nouveaux pastiches et postiches), je suis quand même agréablement surprise par ces textes du Diario Minimo des années 60/70. Je recommande tout particulièrement de trouver ce bouquin pour les textes sur Dieu et son administration conservatrice, sur Christophe Colomb découvrant les Amériques en duplex de Milan avec Léonard de Vinci à l'antenne, sur les impétuosités d'un jeune homme excité par les vieilles fripées d'un âge certain et sinon au moins celui de la lettre à son fils et les jeux qu'ils auront quand il pourra sortir du berceau, dans un but de développer son humanité et son esprit critique, plutôt que de s'en tenir au bien pensant et à la perversité dissimulée des jeux non guerriers. Offrir des répliques d'armes quand on est pacifiste ça peut paraître très étrange, mais en fait pas du tout, preuve par l'exemple.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Réussirons-nous encore à nous soustraire, ne fût-ce qu'en petit nombre, aux occupations que la culture de masse réserve à une humanité d'esclaves en tentant d'y mêler aussi l'homme libre? Il ne reste plus à cet homme libre qu'à se retirer, s'il en a la force, dans son dédain et sa douleur. Si tant est qu'un jour l'industrie culturelle, en initiant aux lettres les esclaves eux-mêmes, ne sape pas à la base ce dernier bastion d'une aristocratie de l'esprit.
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L'industrie culturelle offrira aussi à l'homme-masse athénien, au cas où le débat public ne le satisferait pas pleinement, une sagesse plus péremptoire, mais diluée en aimables digests, comme son palais l'exige. L'orfèvre en la matière est ce Platon dont nous avons déjà parlé, fort habile à donner aux vérités les plus ardues de la philosophie ancienne la forme la plus comestible, celle du dialogue. Il n'hésite pas à traduire les concepts en paraboles plaisantes et faciles à retenir (le cheval blanc et le cheval noir, les ombres dans la caverne, et ainsi de suite), suivant les impératifs de la culture de masse, où ce qui était enfoui dans les profondeurs (et qu'Heraclite se gardait bien de livrer au grand jour) est porté à la surface à condition d'être mis à plat et ramené au niveau de l'intelligence la plus paresseuse. (145)
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Et il n'est pas dit -on me l'accordera- que cueillir des noix de coco en grimpant pieds nus sur un palmier constitue un comportement supérieur à un primitif qui voyage en jet en mangeant des chips enfermées dans un sachet plastique.
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Il évite la polémique, même sur des sujets permis. Il ne manque pas de s'informer sur les bizarreries du savoir (un nouveau courant de peinture, une discipline abstruse... [...]). L'explication donnée, il ne cherche pas à approfondir la question, mais fait sentir au contraire son désaccord poli de personne bien pensante. Il respecte en tout cas l'opinion d'autrui, non par conviction idéologique, mais par désintérêt.
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L'hypothèse du Dr Dobu de Dobu (Dobu)
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Milo Manara enlumine le Nom de la Rose d’Umberto Eco
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