La Plus Haute des Solitudes

C'est par cet essai aux témoignages forts, que j'entame l'oeuvre de Tahar Ben Jelloun.
Et, qui de mieux placé qu'un homme d'Afrique du nord, psychiatre social, pour témoigner de la détresse de ces travailleurs immigrés dans le début des années 70 ? Qui de mieux à même d'écouter ces hommes déracinés, en butte au racisme ordinaire et aux préjugés français?
Ces hommes, sont aussi prisonniers de leur mode de vie d'avant en leur pays d'origine et contraints par une religion dans laquelle demeure une place rétrograde de la femme et un patriarcat tout puissant.
Ces hommes sont confrontés aussi à une morale et des moeurs très différents et qui les désoriente.
Tahar Ben Jelloun écoute et conseille. En aucun cas il ne juge.
Tahar Ben Jelloun montre bien cette misère de l'immigré, condamné à rencontrer une autre misère : Celle de la prostitution bas de gamme qui leur est dévolue… Il essaie de faire comprendre aux consultants, malheureux et souffrant, que leur mal peut être psychologique et non forcément et toujours organique.
Il n'y a pas de « remède miracle », comme le voudraient nombre de ces immigrés en souffrance…
Mais donner la parole et offrir une écoute à ces travailleurs est primordial.
La publication de cet essai a permis aussi de toucher un lectorat non spécialisé des ouvrages médicaux. Parce que, mieux connaître l'autre, savoir sa souffrance est un pas important de plus contre racisme, préjugés et amalgames.

Avant de devenir le très grand écrivain que le monde reconnait, le marocain Tahar Ben Jelloun avait étudiait la philosophie qu'il enseigna puis la psychiatrie sociale. C'est dans le cadre des consultations qu'il donnait auprès des travailleurs immigrés d'origine maghrébine que fut rédigé ce témoignage bouleversant.
Cette première génération de travailleurs fut celle de tous les sacrifices. vivants souvent dans une très grande précarité, logés dans des Algeco à plusieurs. Ces hommes ayant abandonné leur famille pour tenter de vivre autrement que dans la misère. Connurent à la fois cette misère et l'isolement sentimental et sexuel qu'ils confessent à Tahar Ben Jelloun. Les prostitués, l'impuissance, le rejets social ... c'est avec pudeur et douleur qu'ils se confient et nous font comprendre combien méritoire a été le trajet de ces hommes qui se sont sacrifiés par amour des leurs.

C'est très dur mais indispensable pour avoir une idée de la misère affective, sociale et sexuelle des premiers immigrés d'Afrique du Nord.

Un thème finalement très peu aborder dans les livres ou les médias en général. L'écrivain Tahar Ben Jelloun a réussi une prouesse, une véritable mise à nu en pudeur d'un sujet finalement assez tabou : la misère et la détresse sexuelle liées à l'immigration.