AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782415001872
192 pages
Odile Jacob (13/04/2022)
2.88/5   4 notes
Résumé :
Dans l’arène où sévissent les populistes, la question économique est au cœur de la dénonciation des élites et de « leur » politique : dictée par les intérêts bien compris des banques et des marchés, elle serait favorable à une globalisation tous azimuts, européenne avant d’être française, indifférente aux effets de la désindustrialisation, de la pauvreté, des inégalités. Or l’argumentaire économique des populistes n’est jamais analysé comme tel, ja... >Voir plus
Que lire après Des économistes répondent aux populistesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Les 17 auteurs de ce petit recueil sont membres du "cercle des économistes", un groupe d'économistes qui se donnent pour mission "d'organiser et de promouvoir un débat économiques et accessible à tous" selon leurs propres termes.

On peut retenir une définition du populisme par Daniel Albertazzi et Duncan MacDonnell reproduite au chapitre 2 : "une idéologie qui oppose un peuple vertueux et homogène à un ensemble d'élite et autres groupes d'intérêts particuliers de la société, accusés de priver, ou de tenter de priver le peuple souverain de ses droits, de ses biens, de son identité, et de sa liberté d'expression"

16 chapitres tentent de déconstruire les affirmations des populistes de droite et de gauche, Mélenchon et le Pen chez nous et d'autres ailleurs. La première partie se centre plus sur l'histoire, fait le lien avec les populismes antérieurs, ceux qui ont pris le pouvoir et leurs résultats économiques. Sont évoqués de certains moments de l'expérience soviétique, l'Argentine péroniste ou le cas Donald Trump. La comparaison des situations historiques permet aussi de montrer que, outre l'insécurité économique, la solitude sociale et un rapport "blessé" à autrui est un facteur de développement du populisme, plus particulièrement de droite.

Le chapitre " le populisme et le rapport aux chiffres" commence par une citation de Proust : " Les faits ne pénètrent pas dans le monde où vivent nos croyances, ils n'ont pas fait naitre celles-ci, ils ne les détruisent pas ; ils peuvent leur infliger les plus constants démentis sans les affaiblir, et une avalanche de malheurs et de maladies se succédant sans interruption dans une famille ne la fera pas douter de la bonté de son dieu ou du talent de son médecin" . Citation assez ironique dans ce livre qui tente d'apporter des faits en réponse aux arguments populistes.

La deuxième partie est consacrée à la finance : le propos des auteurs est de démontrer que les marchés financiers sont certes critiquables mais aussi indispensables. le relâchement des contraintes à partir des années 80 a conduit à des errements qui ont abouti à la crise de 2007 -2008, mais la sphère réelle de l'économique a besoin des marchés financiers. Sur le versement des dividendes aux actionnaires, ils soutiennent que les entreprises qui versent le plus de dividendes sont aussi celles qui investissent le plus. Rien n'est dit en revanche sur la relation avec les salaires. L'indépendance des banques centrales est présentée comme une réalité en trompe-l'oeil, conséquence de choix politiques qui fixent ses objectifs.

La troisième partie est consacré à la mondialisation
Première affirmation : les difficultés économiques de la France (faible poids de l'industrie, faible taux d'emploi, recul des parts de marchés dans le commerce international) ne sont pas liées à la mondialisation car la dégradation du commerce extérieur de la France se fait vis à vis de l'Europe de l'Ouest et non pas des pays émergents. La cause n'est pas le coût de production "compétitivité coût" mais la faiblesse de l'investissement des entreprises dans les nouvelles technologies, entre autre la robotisation et la faible compétence de la population active ( d'où le faible taux d'emploi et la difficulté à recruter).
Le faible taux d'emploi accroit la pauvreté et les inégalités. Les remèdes ne sont pas la fermeture des frontières mais l'amélioration de l'éducation et de la formation professionnelle et l'attractivité de l'enseignement. La France doit également se réindustrialiser, non pas en fermant les frontières mais en augmentant l'investissement dans la recherche et l'innovation. le chapitre consacré au protectionnisme affirme la nécessité de mesures de protection mesurées et limitées face à l'hypermondialisation constatée depuis 1995 en parallèle des investissements évoqués plus haut; y compris publics.

Le chapitre consacré à l'immigration démonte l'idée selon laquelle l'immigration engendre le chômage : parce que les étrangers sont discriminés sur le marché de l'emploi et qu'ils ne sont recrutés que si les nationaux font défaut, notamment dans les métiers peu valorisés. La jeunesse des migrants contribue en outre, à l'équilibre du système des retraites.
Le chapitre sur les inégalités montre surtout la grande diversité des inégalités et de la manière de les mesurer. Encore plus qu'ailleurs c'est un domaine où tout et son contraire a été dit.

Sur le climat, l'auteur souligne l'intérêt économique pour l'Europe d'effectuer cette transition écologique.
Enfin, le dernier chapitre sur les politiques culturelles et l'importance maintenir et développer le pluralisme dans les médias et la culture afin d'éviter l'hégémonie culturelle des thèses populistes et de développer l'accès à la culture dès le plus jeune âge.
Les auteurs ne défendent pas à tout va un modèle ultra libéral et ne condamnent pas dans tous les cas les analyses et les propositions des populistes. L'idée que j'en retiens est plutôt leur volonté de faire comprendre qu'en économie, comme ailleurs, les interactions sont complexes, que le propositions populistes sont souvent de court terme et négligent le long terme et les réactions des autres acteurs.

C'est aussi un appel à la modestie des économistes comme des politiques : les facteurs interférant sur la mise en oeuvre d'une décision, d'une politique économique sont tellement divers et complexes et dépendent aussi de la culture, de l'histoire, des croyances, de la représentation et de l'information des acteurs. Elles ne sont pas des lois "naturelles" intangibles et mécanistes mais elles ne sont pas non plus dépendantes de la seule volonté politique de type "FIAT LUX" qui prétendraient qu'il suffit de ... ceci ou cela pour obtenir tel ou tel résultat et que tout aille mieux.

C'est peut être cela aussi qui est désespérant et qui produit le populisme : un sentiment d'impuissance face au monde, qui fait peur et que les populismes imputent de manière intempestive à des élites quelconques, en tout cas à un cause facile à nommer et à représenter.

Malgré les propositions qu'il contient dans certaines chapitres, ce livre est loin de le démonter, bien au contraire.. Sa lecture m'a plusieurs fois donner le sentiment qu'on était sur des rails tels qu'on sortir ou a minima infléchir, bouger l'aiguillage, relevait de l'exploit, d'autant qu'une adhésion des citoyens est nécessaire.
Commenter  J’apprécie          10
Beau sujet avec des auteurs très intéressants et respectés. Mais c'est le discours qui fait défaut: trop compliqué pour un novice comme moi où les mécanismes économiques ne sont pas assez détaillés et sans doute beaucoup trop léger pour un connaisseur.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
La France est le pays développé qui s’est le plus désindustrialisé depuis vingt ans. La part de l’industrie manufacturière dans le PIB a baissé de 14 à 10 % de 2000 à 2019. À cette dernière date, cette part était de 20 % en Allemagne ... la part de la France dans les exportations mondiales de biens et services a chuté de 40 %, et celle dans les exportations de la zone euro a chuté de plus de 20 %. C’est un effondrement historique, sans équivalent en temps de paix depuis le début de l’industrie, il y a deux siècles et demi. La France, qui fut en pointe des révolutions industrielles des années 1780 aux années 1980, est devenue un nain industriel en trois décennies.
Commenter  J’apprécie          180

autres livres classés : PopulismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Autres livres de Hippolyte d' Albis (1) Voir plus

Lecteurs (12) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire et généralités sur la Normandie

TOUS CONNAISSENT LA TAPISSERIE DE BAYEUX, QUI EN EST LE HÉROS ?

RICHARD COEUR DE LION
ROLLON
MATHILDE
GUILLAUME LE CONQUERANT
GUILLAUME LE ROUX

20 questions
70 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , célébrité , économieCréer un quiz sur ce livre

{* *}