Vidocq

Vidocq est une de ces silhouettes qui ont leurs chaussons dans la littérature française.
D'ailleurs, en écrivant ses mémoires, les enjolivant souvent, il s'y est lui-même installé.
Puis, quelques uns des plus grands auteur de leur temps, en s'en inspirant, ont prolongé ce destin formidable.
Gaboriau, Balzac, Dumas, Hugo, Soulié et Eugène Sue ont été les premiers.
Il aurait donc été très étonnant qu'Arthur Bernède, le dernier descendant de la littérature populaire du XIXème siècle, ne s'en soit pas emparé lui-aussi.
A l'occasion, Bernède a inauguré, en 1923, sa formule du ciné-roman : une première parution sous forme de feuilleton dans "le Petit Parisien", accompagnée de la sortie sur grand écran du film en dix épisodes de Jean Kemm où René Navarre, l'acteur qui fut le Fantomas de Louis Feuillade, endosse le rôle de Vidocq.
Dès les premières pages du livre, le ton est donné.
Vidocq, bagnard fugitif en rupture de banc, sauve deux enfants de la menace d'un chien enragé ...
Nous somme bien là dans un mélodrame, un de ceux qui ont fait les grandes heures de la presse du XIXème siècle.
Bernède s'en défend.
Il dit avoir effectué de sérieuses recherches historiques, avoir retracé fidèlement la vie de son héros.
Mais dès les premières pages de son livre, Arthur Bernède prend toute liberté avec la vie de son modèle.
Sa plume échafaude un véritable mélodrame.
C'est que l'auteur de "Poker d'As" a ce style d'écriture, cette manière de raconter si particulière des feuilletonistes du siècle précédent, tout en élaguant pourtant son récit des lourdeurs inhérentes au genre.
Vidocq, trahi par Annette sa femme, est à la recherche de ses deux enfants abandonnés jadis à un carrefour isolé de la grande route de Valenciennes.
Seul, l'Aristo peut lui révéler ce que les deux enfants sont devenus.
Mais l'Aristo est le chef de la terrible bande des "enfants du soleil" qui terrorise Paris.
Sa tête est mise à prix, mille écus ...
Le style de l'écriture est fluide et agréable.
On pense à Rocambole, aux mystères de Paris, à Monte-Cristo même.
Arthur Bernède est un solide conteur.
Il a le métier pour émailler son récits de noms-propres évocateurs :
"la truite qui file" est la taverne où se réunit la terrible bande des "enfants du soleil".
Coco la Tour et Bibi la grillade sont les deux plus fidèles lieutenants de Vidocq ...
Arthur Bernède distille habilement le mystère et le suspens.
Et cela fonctionne !
Même si le lecteur d'aujourd'hui, comme celui d'hier, connaît par coeur les codes de ce genre de littérature ...

whaouh, je ne connaissais pas cet écrivain, je suis contente de ma trouvaille du jour, de la bonne vieille littérature française, magnifique, éblouissante, passionnante, j'adore !