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EAN : 9782903721244
180 pages
Lettres vives (01/03/1993)
3.56/5   8 notes
Résumé :

J'ai des cachets pour rêver. Ce soir j'en prends un sur lequel est écrit en tout petits caractères : Voyages aux Indes (première partie). Je l'avale avec un peu d'eau et je m'endors. Tout va bien jusqu'à Bénarès où l'on doit prendre un bain dans le Gange. Le rêve est prévu pour quelqu'un qui sait nager. Or je ne sais pas. A peine à l'eau, je me noie. Je ne saurai jamais la fin du voyage. P.B.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Pierre Bettencourt était le frère d'André, vous savez, le défunt mari de Liliane. Et contrairement à l'affaire du même nom, ce livre de 1986 est d'une grande drôlerie et légèreté. Poèmes en prose d'inspiration surréaliste ou d'une veine absurde trempée dans l'humour noir, ces fables sont une preuve de plus qu'on peut garder éternellement l'âme d'un jeune homme.

Imprimées sur ce beau papier à caresser de la main avant de le découper au coupe-papier, regroupées en « Fables fraîches, Histoires à prendre ou à laisser, Midi à quatorze heures, Non seulement mais encore, Ni queue ni tête, le coup au coeur, Non vous ne m'aurez pas vivant, Mille morts, Histoires comme il faut », c'est comme un long ruban de cent trente, peut-être cent quarante perles poétiques qui se découvrent sourire aux lèvres.

Une lecture qui reste fraîche quand tout sombre.

« Visage rentré
Quand j'en ai assez, je rentre mon visage en moi-même. Il n'y a plus qu'une peau lisse sur laquelle personne ne peut lire. Cela m'arrive souvent, hier encore dans un salon.
Mais bientôt quelqu'un s'écrie : Oh ! Regardez ! Alors brusquement je sors mon nez, je déploie mes oreilles, j'ouvre la bouche et les yeux. Je vois que tout le monde me regarde.
Il n'y a plus rien à voir. »

« Jouer d'une femme
Nous avons ici des concours de musique ou chacun joue de sa femme. C'est une façon de la caresser, de la pincer, de la chatouiller, de l'étreindre, de la posséder, qui lui fait échapper des ululements, des soupirs, des rires, des cris, des larmes. Un mari qui ne sait pas jouer de sa femme, le chef d'orchestre vient vers lui et il lui montre. »
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Recommandé par Serge
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les wagonnets


La maison se tasse, se tasse singulièrement. Nos chambres qui, jadis encore, avaient de la dignité et des plafonds à dormir debout, n'ont plus qu'un mètre, 1,10 m dans leurs très bons jours. Dormir couché même est pénible : l'impression d'avoir un poids sur la conscience, et quelle chaleur là-dedans ! On se mettrait volontiers à pousser des wagonnets tout nu, me déclarait un ami qui visitait la maison.
L'idée m'enchanta : des wagonnets, voilà ce qu'il nous faut. Avec des wagonnets, on pourrait encore vivre ici. Et d'en installer et de les trimbaler de pièce en pièce dans un tintamarre inouï. Ce fut la fin de l'immeuble. Car il fallait bien transporter quelque chose dans ces wagonnets. On s'en prit tout de suite aux plafonds, puis aux murs, avec des pioches légères, faciles à manier. Nous dormons maintenant à la belle étoile. Cela change.
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BAIN DE BOUE
Les femmes galantes ici sont très pudiques. Elles n'ont pas de lit, mais une baignoire remplie de boue dans laquelle elles vous reçoivent déjà engoncées jusqu'au cou. C'est à tâtons dans cette glaise chaude et collante que l'on s'incorpore l'un à l'autre, organe double du monstre informe qui vous contient. Mais l'irrésistible envie qui vous prend de faire rentrer tout visage dans l'opaque rend le métier de ces femmes excitant et périlleux, triste et sublime, comme tout ce qui touche de près à la mort.
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UN JOUR
Un jour, me disais-je, un jour moi aussi je me réveillerai, et je les verrai tous comme ils sont. La pellicule parfois était mince, j'affleurai la surface de cette vie dérisoire où ils s'agitent comme des poissons dans un bocal, qui tâchent de se contenter du peu d'eau.
Je croyais voir les yeux de ceux qui voyaient déjà, me surveillant vaguement, épiant cette démarche de somnambule, d'équilibriste ivre, sans lois, sans morale, qui risquait à tout instant de tomber.
Non, ce n'était pas cela, ce n'était pas encore cela, je n'étais sûrement pas des leurs. Ils s'éloignaient sous leurs déguisements, sans pouvoir m'adresser ce clin d’œil complice qui m'aurait permis de savoir qu'eux aussi, que moi aussi nous avions franchi les limites du monde et que nous voguions vers ailleurs.
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