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EAN : 9782081307254
372 pages
Flammarion (15/01/2014)
4.5/5   1 notes
Résumé :
Sans le savoir nous allons de lac en lac. Nous croisons des figures en route : Ghérasim Luca et Gustav Mahler ; Jean Arp ou Séndor Ferenczi ; Sigmund Freud mais Làszlé Moholy-Nagy. Les remous cristallisent des co-incidences. Le flux nous entraîne au milieu d'affluents, jusqu'aux bouches du texte. D'autres entrent aussi en protagonie : Stefan Wolpe, composant d'un exode l'autre ; John Howard d'abord, arpentant de prison en prison. Le narré est notre nef autant que sa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Y aurait-il autant de « grand » dans le monde sans « migrant » ? C'est la démonstration positive et acharnée que nous propose, à travers des centaines de « gadjos », itinérants sans choix, cette fabuleuse poésie-fleuve, profonde, érudite et combattante.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2020/11/28/note-de-lecture-gadjo-migrandt-patrick-beurard-valdoye/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
la nuit revenaient les couplets bouleversants d’une chanson du pays filtrat de la cellule voisine et malgré les sbires menaçants les deux incarcérés rivés à leurs barreaux de fenêtre parvenaient à échanger quelques paroles réconfortantes en un langage crypté fait de dialectes et de mots inventés jungle verbale isolant leur sphère
cette solitude uniforme – pire supplice que la réclusion corporelle – de la parole désirée pourtant interdite affolait le prisonnier il était incapable de résister à la tentation de laisser échapper quelques mots des lèvres de la langue de la gorge des poumons ou du colon au besoin de remplir de sens son carcan d’émettre une voix contre le lamenta des murs d’insuffler une parole maternelle tout contre la barrière de langue étrangère le langage – prison adorée – était la limite de son atlas le réduire à néant revenait à anéantir ce monde engloutir la rivière parole par ses pertes
voilà pourquoi il ne pouvait promettre au gardien Schiller de garder le silence il ne pouvait donner sa parole de ne pas parler ni la tenir il ne pouvait se soumettre à être muré vivant dans le silence et si son voisin en venait à s’enfoncer dans le mutisme sa parole se destinerait aux minuscules silhouettes cloîtrées dans leur contrée même si elles n’entendaient que malentendu mésentente malparler incompréhension crainte que du Spielberg l’on se jouât d’elles en fomentant quelque plan d’évasion sinon s’adresserait aux hirondelles fonçant en piqué sur les briques du rempart ou à celles posées sur les pointes de grillages ou bien les krkavec la nuit les pustik ou ce couple de volavka popelavá circonvolant au-dessus de la cellule sinon aux charmes ou aux tilleuls ou aux troncs de hêtres plein d’yeux cicatrisés en dernier recours sinon aux six barreaux de sa fenêtre il fallait parler pour que les pensées puissent voler librement tout dire plutôt que parler à soi-même se coudre la bêche se taper la tête contre les murs la folie aurait été de parler tout seul maladie-du-narré programmée
et si les pierres parlent comment en traduire le sens ?
der Teufel vous le diable répond le vieux Schiller ne voulez-vous donc pas promettre ? et il jette sur la terre battue le trousseau de clefs ses yeux rougis se mouillent et il vient embrasser son prisonnier – aux mains de l’ami – qui ramassant les clefs maintient celle de son évasion tendue dignement vers Schiller pour la lui confier car l’évadé ne recherche pas une échappatoire dans la rhétorique se faire la belle c’est trouver la faille dans la langue de l’ordre alors parlez plus doucement entre vous pour m’épargner les réprimandes évitez d’irriter qui peut punir et le vieillard dont la fortune s’était jouée de lui en lui donnant nom d’un grand poète se retire rentrant chez lui en reclus laissant à son sort l’ombre d’un pantalon de couleurs grise à droite capucine à gauche un justaucorps selon le même principe un pourpoint aux couleurs identiques quoiqu’inversées des bottines en cuir brut à lacets sans parler d’une chaîne liant une jambe à l’autre dont les anneaux sont clos par un clou rivé sur l’enclume le 303 avait en tête cette phrase récurrente d’une mère bavarde comme une pie. Le pire encore serait qu’on m’empêche de parler
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Le citain n’est pas numérique
son cerveau ne s’aliène guère au circuit binaire
demandez-lui d’inverser la vapeur
il le fera pacifiquement
mais ne vous étonnez pas si les signes se brouillent
en lui comme saisi d’un court-circuit
qui opacifie la sente

qu’édiles et échevins entourés
de techniciens et d’architechniciens
veuillent inverser l’image négative
d’une prison proche du centre-ville
part d’une juste intention
mais qu’ils imaginent que le tour est joué
en renversant le lourd symbole gravé
en signe positif relèverait du trop de science

ici l’on transforme un camp de prisonniers de guerre
en maternité un autre en école des Beaux-Arts
là s’installe un camp de vacances
dans les baraques d’un camp
de concentration tsigane
ailleurs on métamorphose une décharge de
produits toxiques en base nautique

il faudrait s’étonner à demi
si les denrées alimentaires d’un supermarché
implanté sur un ancien camp de concentration
généraient des nausées

souvent l’urbaniste et l’architecte surfent
sur l’épaisseur du sens
qui s’évente depuis des lustres
ils lancent sans recours des bateaux de
plaisance aveugles aux fonds marins
où menace le tourbillon voire
quelque monstre inconnu
c’est peut-être un commerce avec nos fantômes
à moins d’une question d’énergie
qui nous mettrait en résonance
c’est à coup sûr l’affaire de notre inconscient
autant que notre lien à la mémoire
celle enfouie qui transpire du lieu
nous habite et s’engrave à nos dépens

se souvenir se dit aussi
revenir sur sans que nous saisissions
d’où sont les revenants
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NOS PARENTS NOUS ONT APPRIS À PARLER & LE MONDE À NOUS TAIRE
traverser la coupure indocile
c’était aussi traduire : übersetzen
cette langue qui fait de la
traduction une traversée
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[Jacques Callot] :
CES PAUVRES GUEUX PLEIN DE BONADVENTURES
NE PORTENT RIEN QUE DES CHOSES FUTURES
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Videos de Patrick Beurard-Valdoye (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Beurard-Valdoye
Avec Michèle Métail & Patrick Beurard-Valdoye
Soirée conçue et animée par Fabrice Thumerel _____________________________ « La projection du mot dans l'espace représente le stade ultime de l'écriture » – Michèle Métail
« En quoi consiste la lecture en public ? C'est un acte dans le poème écrit, et donc une action. Mais d'abord, le poème lui-même est un acte dans la phrase et la parole » – Patrick Beurard-Valdoye Publication orale de Michèle Métail, « Signe Multiplicatif » (nouvelle version d'une oeuvre ouverte commencée en 1994). _______________________________________ Performance de Patrick Beurard-Valdoye, « Ivan et Antonin, pilotes ».
Michèle Métail et Patrick Beurard-Valdoye, deux voix majeures de leur génération, représentent deux voies importantes de la poésie contemporaines : pour la première, la publication n'est parachevée que par sa mise en voix et en espace devant un auditoire (cette esthétique du hors-texte explique la longue période pendant laquelle elle ne publie aucun livre) ; le second reprend à son compte cette notion de Publication Orale en 1983, avant de lui préférer en 1990 le terme de Ghérasim Luca Récital, puis d'adopter enfin le terme Performance, que tout le monde utilise le plus souvent à mauvais escient (notamment pour parler d'une simple profération debout immobile).
C'est à l'enseigne de l'oroeil que nous aurons la chance de plonger dans l'antre/entre de ces deux extraordinaires poètes de la scène dont l'univers oscille entre poésie et musique, écriture et oralité, comme entre langues diverses.
Michèle Métail. Depuis 1973 privilégie la diffusion orale de ses oeuvres, tout d'abord à travers les « Hors-Textes », dotés un numéro d'ordre car envisagés comme construction unique. Vers 1982 les « Publications orales » prirent le relais, illustrant le refus de toute publication papier durant une vingtaine d'années.
Adolescent, Patrick Beurard-Valdoye hésitait entre poète et pilote de ligne. Est devenu poète de lignes. Cette performance, convoquant les pilotes Antonin Artaud et Ivan Illich, est conçue à partir de Lamenta des murs (à paraître, Flammarion), huitième et dernier volume du Cycle des exils.
À lire, voir et écouter – Michèle Métail, le Paysage après Wang Wei, Lanskine, 2021 – Patrick Beurard-Valdoye, Palabre avec les arbres, éd. Corti, 2021.
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