Un ouvrage un peu trop universitaire, et qui nécessite des références en théorie économique (keynésienne, et néoclassique) pour être totalement "digéré". Certains passages sont éclairants, d'autres carrément "fumeux", pas totalement étayés, et donc moins convaincants.
Mais on y trouve quand même une thèse de base, et des conclusions intéressantes :
le capitalisme, devenu adulte ? bof... si l'on considère comme adulte le régime "d'instabilité contrôlée" que nous décrit A. Bienaymé, et présuppose comme lui que le "capitalisme organisé de marché" suffit à garantir le progrès humain, et éviter le charybde de l'économie administrée, tout comme le Scylla de la concurrence "pure et parfaite"... on peut croire à ce leurre...
Il n'empêche, la critique des théories économiques classiques keynesienne et néoclassique est pertinente ; et son analyse de l'influence des stratégies managériales des entreprises (organisées) sur l'économie est pertinente... introduisant le lecteur à l'intéressante conception de Coase et Williamson sur l'approche contractuelle de la firme : la théorie des coûts de transaction, la théorie des incitations et enfin la théorie des contrats incomplets...
La démonstration est efficace sur ce point, disséquant successivement les positions et anticipations (régulatrices ou perturbatrices) des entreprises, des assurances et établissements financiers, des Etats, sur un marché capitalistique toujours plus complexe....
Des clés de lecture intéressantes donc, mais un ouvrage qui reste universitaire, et qui, tout en les critiquant, ne sort pas, en définitive, des paradigmes les plus classique de l'économiste.
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La production s'efforce de satisfaire parfaitement les besoins sans jamais y parvenir. Le consommateur est devenu un abonné qui a gagné en sécurité ce qu'il a perdu le liberté. L'épargne qu'il consent plus ou moins librement est accaparée et transformée en capitaux externes par les établissements financiers négociés ensuite auprès des entreprises. Les prix des marchés ne sont ni des messagers sûrs et complets ni des régulateurs décisifs. Ils servent toutefois à délimiter des résultats financiers, à départager les marges et enrichir l'information économique. L'information elle-même n'apporte pas ce que les prix ne peuvent fournir, c'est-à-dire une base sûre pour la prise de décision. La société ne peut s'en passer, mais les acteurs doivent rester attentifs et critiques vis-à-vis d'elle. Les réseaux de contrats contribuent à l'accord des volontés, à un pluralisme de l'information comme antidote face aux effets pervers du marché pur. Pour autant, l'économie organisée de marché, dans son extrême (l'Etat ?...), perd la souplesse propre à l'économie de marché pure (...).
Le système économique ne se laisse pas emprisonner dans un ensemble de propositions intégralement démontrables et homogènes. Le capitalisme adulte fait partie de "l'univers irrésolu" de Karl Popper.