La partie d'une armée en train d'attendre l'ordre d'attaque présente d'étranges contrastes avec l'autre partie qui est simplement en train de se préparer. Sur le front règnent la précision, la rigueur, l'immobilité, le silence. Vers l'arrière, ces caractéristiques sont de moins en moins perceptibles jusqu'à ce que, en fin de compte, elles se transforment en confusion, mouvement et bruit. L'homogénéité devient hétérogénéité. Les choses ne sont plus ordonnancées ; l'immobilité est remplacée par le mouvement sans but ; l'harmonie s'évanouit en diversité, la précision en désordre. Déplacement et agitation sans repos. Les soldats qui ne combattent pas ne sont jamais prêts.
— Bon Dieu ! enfin, mon ami ! Est-ce que vous avez l'intention d'aller à la mort en ne proférant rien d'autre que des plaisanteries ? Est-ce que vous ne savez pas que la mort est une affaire sérieuse ?
— Comment diable le saurais-je ? Je n'ai jamais été mort de toute ma vie. D'accord, j'ai entendu dire que la mort était une chose sérieuse, mais jamais de la bouche de quelqu'un qui en parlait d'expérience.
"Remède à la mélancolie" sur France Inter - "Épigrammes" d'Ambrose Bierce