Marquet possède la lumière comme personne ! Il a le secret d'une lumière pure, intense, dont l'éclat uniforme et sans couleur emplit tout le ciel. Les ciels de ces tableaux sont incomparables. Au-dessus de la terre fangeuse, des eaux stagnantes, des pierres mouillées, des fumées de gares, un ciel immense se développe, sans bleu, n'est-ce pas, sans nul azur, et Mallarmé n'y craindrait pas « les grands trous bleus ». Mais lumineux ! Lumineux comme le jour lui-même, et si clair qu'un tableau de Marquet donne l'impression qu'une large fenêtre vient de s'ouvrir sur le dehors.
Ce puissant effet vient précisément du contraste violent qu'avec toutes les vigueurs sombres, dont l'œuvre est uniquement composée, ne peut manquer de faire le plafond clair du ciel. À cette énergique opposition, Marquet doit d'être un maître de la lumière.
Je regardais, un jour, chez Druet, quelques tableaux d'un peintre dont l'œuvre me ravit : Henri-Edmond Cross. Quel éblouissant et chaud ensoleillement ! Tout le Midi y flamboyait. « Quelle lumière ! », m'écriai-je. « Quelle couleur ! », reprit Druet, « Mais voici de la lumière. » Et il apporta un Marquet. Un Marquet ? Sans rouges ni verts, orangés ni lilas ? Il fut tué ? Non, il fit clair.
(Marcel Sembat, 1913)