Sur Babelio, nous sommes tous accros aux livres. Nous partageons un secret : la littérature c'est magique, c'est comme un « portoloin », grâce à elle, on fait d'innombrables voyages ; pas en mode « tourisme de masse », non, en mode road-trip, sac à dos, errances et véritable et intime connaissance des personnes rencontrées lors de nos voyages.
De l'Ohio aux Appalaches, puis au Montana, après un bref séjour à Cardiff près de la mer, j'ai quitté les Etats-Unis pour un voyage en Egypte sur les traces d'Agatha puis je me suis rendue en Corée du Sud ou
Gong Ji-Young m'a entraînée à Mujin, inquiétante ville de brume, à la rencontre des enfants du silence.
Après toutes ces découvertes et ces toutes ces émotions, retour en France où je pose mon sac à dos pour une escale au Tom's ; je vais savourer un petit café sans philtre et prendre le temps, observer, écouter… l'endroit est si chaleureux.
Vingt quatre heures dans la vie d'un café post déconfinement. Chloé, Thibault, Françoise, Fabrice, Jocelyne et les autres…. Comme dans un film de
Claude Sautet auquel l'auteur fait référence. Quelques tranches de vie dans un café où l'on rencontre tous ces personnages, habitués ou non, qui viennent un moment retrouver qui son fils, qui un vieux pote de lycée perdu de vue et retrouvé « sur les réseaux »… L'ambiance des cafés, plus calme à l'intérieur, animé, joyeux en terrasse. le café, annexe du lycée, où on a tous traîné entre les cours et terminé à l'arrache une dissertation ou débattu avec passion devant un petit café noir avec ses amis à l'âge des possibles sous l'oeil affectueux de la « patronne » ; tiens c'était peut-être Jocelyne. le café, lieu de premier rendez-vous, lieu de rupture, lieu de retrouvailles joyeuses ou tristes. le roman est découpé selon les heures qui rythment la vie du café et la narration, du point de vue de chaque personnage nous immerge dans la vie intime de chacun.
Jean-Philippe Blondel nous invite dans le café de Fabrice et José à la rencontre de ses clients, pour un moment d'humanité, pas besoin de sonder leurs âmes, on s'épanche facilement dans l'anonymat d'un café. Que ce soit le Tom's d'une ville française ou le Tom's diner cher à Suzanne Vega, dans un quartier de New-York, le café est universel : un endroit où les humains aiment se retrouver, partager, être entourés car « on est tous reliés mais on oublie de s'en souvenir ».
Chloé « En attendant de prendre une décision je préfère m'absorber dans la vie des autres. le Tom's est devenu en quelques jours ce nid que je n'espérais pas trouver (…) Je me glisse dans la peau de ceux dont j'esquisse la silhouette. C'est facile et surtout reposant. Je n'ai jamais trouvé d'activité plus relaxante que de m'évader de ma propre vie pour me projeter dans celle de parfaits inconnus. J'emprunte un corps et un esprit et je pars en voyage. Alors que la géographie mondiale est empêtrée dans les régulations sanitaires et les déplacements restreints, je m'évade avec une aisance déconcertante ».
Jocelyne « Une chaise. Deux, si vous avez envie de me rejoindre. Je mets en marche le percolateur. L'odeur qui monte. La lumière du matin sur la ville. Voilà. Un café en terrasse. C'est exactement ce qu'il nous faut. Vous venez ? »