Nellie Bly est l'une des précurseur du journalisme d'investigation : à la demande du rédacteur en chef du New York World, Joseph Pullitzer, en 1887, elle se fait volontairement interner dans un asile psychiatrique pendant dix jours. Son but : dénoncer les conditions effroyables de détention des malades souffrant de symptômes psychiques ainsi que les méthodes douteuses du corps médical. Ses articles auront l'effet d'une bombe : peu de temps après, les asiles psychiatriques connaîtront une réforme en profondeur.
En 1889,
Nellie Bly réitère avec les défis : cette fois, elle se mesure à un personnage fictif, Phileas Fogg, héros du Tour du Monde en Quatre-vingt jours de
Jules Verne, paru en 1872. Elle propose alors au rédacteur en chef de son journal de faire elle-même le Tour du Monde, seule et en moins de temps que Phileas Fogg, soit en 75 jours.
Du 14 novembre 1889 au 25 janvier 1890,
Nellie Bly parcourt ainsi le monde en 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes et 40070 kilomètres, battant son objectif de départ. Cette circumnavigation la rendra célèbre à plus d'un titre et renforcera sa popularité.
Le tour du monde en 72 jours est composé des récits de voyage rapportés par
Nellie Bly, en personne, et agrémenté des coupures de journaux du New York World de l'époque. le style est assez fluide et je dois dire que j'ai suivi avec grand plaisir notre héroïne dans son périple. Je l'ai trouvé extrêmement attachante dans sa simplicité, sa fraîcheur et sa gentillesse autant que dans son esprit fin et combatif. Elle possède également beaucoup d'autodérision et même les péripéties de son voyage ne lui font pas oublier son humour!
Nelly Bly est aussi une femme moderne qui ne se départ en aucun cas de son esprit féministe et libertaire. Il est ainsi arrivé plusieurs fois qu'elle s'insurge contre les conditions des femmes au cours de son périples : pas seulement en Chine, où les femmes condamnées subissaient de bien plus atroces tortures que les hommes pour un même crime commis mais aussi en Europe, lorsqu'une jeune femme respectable et non mariée se devait de sortir accompagnée d'un chaperon...
Bien que le récit de
Nellie Bly soit marqué par une grande ouverture d'esprit et une volonté de découvrir le monde, la lectrice du XXIème siècle que je suis, n'a pu s'empêcher d'avoir quelques objections. En effet, au XIXème siècle, le Monde était encore très nettement fracturé entre les Pays Occidentaux et les Pays dits "colonisés" par les premiers. le comportement des Occidentaux (Anglais, Américains, Français, etc...) vis à vis des populations Locales était donc très empreint de supériorité, voire d'irrespect. Qui aujourd'hui oserait pénétrer dans un Temple bouddhiste en Inde ou en Chine et refuser de retirer ses chaussures? Qui oserait frapper un individu en Égypte parce que ce dernier aurait eu l'audace de vous arnaquer?
Enfin, il est dit que
Nellie Bly est la première femme occidentale à faire le Tour du Monde seule, avec un unique bagage. Là, je ne peux m'empêcher d'émettre quelques réserves. Il est vrai que la notion de "femme seule" peut différer entre le XIXème et le XXIème siècle. Mais, à la lecture du récit de
Nelly Bly, il ne m'a pas semblée qu'elle ait été seule à un moment donné. Elle était constamment en compagnie d'Occidentaux dans les transports en commun (train et bateau) ou accompagnée d'un guide-traducteur dans les pays visités. de plus, elle était également dispensée des tracas administratifs (passeport) ou de l'achat de billets, son guide s'occupant des formalités.
En conclusion,
le tour du monde en 72 jours par
Nellie Bly est un récit de voyage passionnant mais aussi très révélateur de l'état d'esprit des contemporains du XIXème siècle. J'ai donc très envie de prolonger le plaisir et de me plonger dans son précédent opus 10 jours dans un asile.
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