Avant de recevoir ce livre, je ne connaissais ni
Audrey Boehly ni son podcast Dernières Limites. Or, il s'agit, ici, d'une retranscription de ce dernier sous forme de questions/réponses.
Dans celui-ci, la journaliste a invité treize spécialistes sur des sujets tels que la raréfaction des ressources en eau, la surexploitation du sable, les énergies fossiles, le dépassement des limites planétaires, etc.
Que des sujets ultra joyeux, dans le monde tel qu'il est aujourd'hui, on va pas se mentir.
Si j'avais déjà d'assez bonnes connaissances en ce qui concerne certains d'entre eux, j'ai aussi appris énormément de choses, dont, entre autres, l'importance du rapport Meadows. Ce nom ne m'était pas inconnu, ce qui me laisse à penser que je l'avais déjà, à de très rares occasions, entendu être prononcé, mais je n'avais aucune idée de ce dont il s'agissait. Et pourtant, quelle bombe !
En 1972, il y a cinquante ans, un groupe de scientifiques a étudié l'impact global de l'activité humaine sur notre planète. Et ce qu'ils ont trouvé, l'un des modèles qu'ils ont prédit, le « standard » en fait, c'est exactement ce que nous pouvons constater aujourd'hui. le changement climatique avec tout ce qu'il engendre, la raréfaction des ressources, les catastrophes naturelles à répétition, les migrations humaines, la disparition des insectes, le dépassement des limites, la croissance exagérée et absurde que nous vivons.
Durant un peu plus de 200 pages (et quelques heures en version podcast) on revient sur les raisons qui font que les océans se vident, sur les soi-disant technologies vertes, sur l'urgence d'une décroissance consciente avant l'inévitable crash, sur l'accès de plus en plus compliqué dans certains endroits du monde à l'eau potable et aux ressources vitales.
Écouter toustes ces spécialistes parler de tous ces sujets importants calmement et souvent sans alarmisme m'a semblé étrange. Comme s'iels étaient tellement habitué·e·s à leurs propres discours qu'ils ne les atteignaient même plus. J'ai trouvé ça plutôt terrifiant, pour être honnête. Voir énervant par moment.
(Oui, écouter, parce que j'ai switché sur le podcast au bout d'un moment. Je trouve ça plus agréable)
Du coup, même si la conclusion et les débuts de solutions proposées par certains ou certaines se veulent un peu rassurantes, en mode « si on change le monde dans lequel on vit et la façon dont les dirigeants et les ultra-riches le gèrent, on peut encore limiter les dégâts » je termine quand même cette lecture/écoute sur une impression bien plus pessimiste.
Je pense faire partie des gens qui tentent de faire leur part (mais tout le monde ne pense-t-il pas ça, justement ?). Je suis vegan, je limite les trajets en voiture (d'ailleurs je n'en ai plus, celle que j'utilise, je l'emprunte), je prends l'avion, genre, une fois tous les dix ans, j'évite la fast fashion, etc, etc. Mais est-ce que ce sera suffisant ? Tout indique que non. Les indicateurs sont dans le rouge depuis trop longtemps et trop de gens avec trop de pouvoir n'en ont strictement rien à foutre.
Alors, est-ce que c'est un livre que vous devriez lire (ou un podcast que vous devriez écouter) ?
Si vous êtes peu renseigné·e sur les sujets abordés, sur le dérèglement climatique, sur l'écologie : oui. Ça ne peut pas faire de mal de comprendre ce qui se joue en ce moment, au contraire.
S'il s'agit au contraire de sujets que vous avez déjà poncés, que vous faites de votre mieux pour ne pas aggraver les choses (Pour de vrai, hein. Bouffer du tofu une fois par mois en vous disant flexitarien, c'est peut-être un peu se foutre du monde) et que ça vous angoisse de voir à quel point rien ne bouge alors qu'on est au courant du torrent de merde qui se prépare et ce depuis au moins cinquante ans : c'est pas sûr. À un moment, s'auto-flageller ne peut plus rien apporter de bon.
Au final, c'est une lecture/écoute que je ne regrette pas, mais que je termine avec un goût amer. Car s'il faut compter sur les dirigeants et/ou le plus grand nombre pour espérer sauver quelque chose, autant le dire tout de suite, on est foutus.