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Critiques filtrées sur 3 étoiles  

Un recueil de nouvelles sur la terre, l'environnement, les changements climatiques, voilà qui est vraiment original. En plus une partie de la vente et reversée à l'Unicef !
Les éditeurs rivalisent décidément d'imagination.
Le dernier 13 à table, au profit des restaus du coeur, porte sur le thème La planète et moi...
Dans le récent recueil édité chez Fleuve éditions au profit du rire médecin, La terre, c'est..., 120 auteurs imaginent la terre en quelques mots.
Vous remarquerez que si ce sujet certes on ne peut plus d'actualité fait fureur pour secouer davantage les consciences collectives, aucun fonds n'est reversé à une ONG écologique ( WWF, Ecologie sans frontières, Organisation Mondiale pour la Protection de l'Environnement ), ce qui est d'une implacable logique.
Enfin, je ne vais pas émettre de jugement, d'autant que si je me suis procuré ce court recueil c'est bien parce que j'étais curieux de lire ce qu'avaient écrit Sandrine Collette, Jacques Expert, Nicolas Lebel ou Bernard Werber.

Objectif Terre donc.
Ouais.
C'est quand même particulièrement ironique ce titre, soixante-huit ans après le célèbre Objectif Lune d'Hergé publié en 1953. Neil Armstrong marchera quant à lui sur la lune bien plus tard, en 1969. Au prix de quelles ressources énergétiques ?
"L'homme est grand. Il est bien allé sur la lune il n'y a pas si longtemps, me disais-je pour me rassurer." témoigne d'ailleurs un étrange narrateur dans la nouvelle d'Adèle Bréau "Monsieur Pierre". Intemporel, celui-ci a vu toute la dégradation d'un monde de plus en plus industrialisé, plastifié, nicotisé, abîmé, détraqué.
"Tremblements de terre, tsunami, famine, pandémie, extinction, sécheresse, séismes, terrorisme, insurrections, migrations, inondations, on regardait le monde s'écrouler H24, les fesses posées sur notre canapé..."
Autant dire que l'extinction des feux est déjà programmée.

La grande majorité des futurs imaginés par les auteurs est d'ailleurs pessimiste. En tout cas pour l'homme. Parce que du conflit qui oppose les êtres humains à leur planète, aussi affaiblie soit-elle, la terre n'a pas vraiment à s'inquiéter pour sa survie.

Le seul qui voit l'avenir en rose, c'est Bernard Werber avec "Tout est bien qui finit de manière étonnante". Panneaux photovoltaïques, énergie solaire, recyclage, renouveau des espèces animales, l'homme devient gentil et responsable, le pétrole n'est plus utilisé avec tout ce que ça implique. C'est mignon mais ça ne me paraît pas très réaliste.

D'autres nouvelles sont plus sombres mais cherchent une solution pour contrer la marche funeste. Dans Koï 2034, Mona le Bris-Leleu rappelle ce qu'on sait déjà notamment au travers du livre Impact d'Olivier Norek : La montée inexorable des eaux. "Après ça s'étaient retrouvés errant sur les mers presque un milliard de réfugiés climatiques." Pour elle l'une des issues pour échapper au pire serait d'amplifier les recherches sur la désacidification de l'eau de mer.
Tatiana de Rosnay, dans un texte épistolaire ( le projet pollen ) reprend une idée déjà vu dans la série Black Mirror : Les abeilles étant quasiment décimées il est question de la création de nanorobots dont le rôle serait de maintenir la biodiversité en persistant à déposer le pollen de fleurs en fleurs, le tout sur un fond conspirationniste.
Catherine Dufour invente dans La fierté des Centeno un couple d'amis, un trieur et un reconditionneur de déchets, qui vont multiplier les idées et les initiatives pour nettoyer la planète, y compris son septième continent. A deux on est toujours plus fort.

J'ai bien aimé la nouvelle de Niko Tackian, "Madame Matheson", qui de son côté décrit un monde paradisiaque et propice à la séduction, fait de sable blanc sur la côte californienne. Un décor uniquement virtuel qui permet de s'échapper quelques instants d'une réalité future devenue un enfer.

Mathias Malzieu a écrit deux pages dans lesquelles il ne fait pas avancer le débat en écrivant "L'écologie devrait être émotionnelle. Pour qu'elle devienne un réflexe joyeux plutôt qu'une morale." le problème c'est que trop de lobby, de politiques, de banques voient l'écologie comme un réflexe financier. Cette jolie vision est donc une impasse à mon sens.

Cécile Coulon a écrit un genre de poème qui m'a laissé insensible préconisant de prendre soin de nos rares choix de futurs encore possible.

Dans le monde inondé d'Ouest, de Franck Bouysse, le dernier survivant est fossoyeur, il enterre les derniers morts. Jusqu'à se rendre compte qu'une femme a survécu aussi. Les nouveaux Adam et Eve pourront-ils reconstruire l'humanité sur ce champ de ruines ?

L'aspect science-fiction est plus marqué encore avec Ian Manook, puisqu'il nous projette dans un futur beaucoup plus lointain que les autres écrivains du recueil : 2984. Mille ans après George Orwell. le monde est alors entièrement régi par des androïdes. Son histoire, La révolution bienveillante, narre une discussion teintée d'absurde entre un robot qui parle par contrepèteries ( "Beau métier professeur beau fessier prometteur" ) et l'hologramme d'un humain vantant la littérature noire de son époque.
Pierre Bordage situe quant à lui son intrigue dans l'Entre-deux après la Grande guerre climatique de 2072, dans un monde polaire avec une période de deux semaines par an environ où revient la chaleur. Au sein de ce monde post-apocalyptique, faute de zombies, les êtres humains s'affrontent entre eux en fonction de ce qui subsiste de leur rang social.
"Les errants n'avaient pas d'autre moyens que rapine et violence pour subvenir à leur besoin."

Dans une surprenante allégorie relative à la surpopulation, une des causes majeures de l'extinction des feux à prévoir, Fabrice Colin convie son lecteur dans Ne pas pleurer à la table à la table d'un restaurant à Hong-Kong. Y discutent Gaïa, la planète terre, sous les traits d'une matriarche portoricaine, et ses cavaliers de l'apocalypse : Tornade, Peste, Cho, Foggy ( spécialiste des cancers et des AVC ), Mister Flood ( responsable de la montée des eaux, des crues et des glissements de terrain ) et Mister Freeze qui fait fondre les icebergs.
( Pour mister Freeze c'est bien sûr une bêtise mais c'était trop tentant. )

Fort heureusement trois nouvelles sortent du lot et ont permis d'insuffler un peu plus de vies, d'idées, de réflexions à cette anthologie qui se serait révélée assez décevante dans le cas contraire.

Nicolas Lebel nous émeut et nous révolte en évoquant le devenir des animaux en 2027, une date alarmiste, lors d'un dialogue entre un grand-père chasseur et son petit-fils pour qui la faune que nous connaissons aujourd'hui appartient déjà à la préhistoire.
"Il n'y a rien de plus émouvant que de voir un éléphant majestueux s'effondrer lentement, poser un genou en terre avant de s'écraser au sol, terrassé par la balle que tu viens de tirer."
"La forêt est aujourd'hui vide parce que quelqu'un y a tué le dernier lapin, le dernier sanglier, le dernier renard."
Je suis pourtant moins sensible que bon nombre d'internautes à la souffrance animale au sein des pages d'un roman, mais j'ai trouvé le sujet de l'extinction des espèces bien plus révoltant que celle de l'homme, dont le droit de vie est au final bien plus discutable.

Sandrine Collette, bien sûr, est présente dans ce recueil et elle aussi va mettre à l'honneur un animal : le mouton Bertrand et toute sa petite famille. Dans ce conte biblique aussi amer qu'amusant, L'arche de Bertrand, la romancière déjà familière des grandes crues ( Juste après la vague ) prend un malin plaisir à inverser les rôles. Dieu avait demandé 4500 ans plus tôt à Noë de sauver tous les couples d'animaux en construisant une arche pour les abriter durant quarante jours de déluge.
Cette fois il enverra l'archange Gabriel et, afin de sauver l'homme de la surpopulation et de sa fin programmée c'est un bélier qui sera choisi pour construire une arche dans laquelle il emmènera quatre-cent personnes, deux-cent couples de chacun des pays du globe représentant une majorité de métiers. L'être humain retrouvera-t-il la raison durant son périple marin ? Comment compte-t-il se reconstruire ?

Et enfin, il y a la nouvelle Vocabulaire impropre à la consommation de Jacques Expert, qui se détache complètement des autres textes. Il est peut-être même hors sujet puisqu'il ne parle pas d'écologie du tout, pour autant il s'attarde sur une autre forme de futur inquiétant et on ne peut plus d'actualité. En effet quatre hauts fonctionnaires se regroupent pour nettoyer la langue française, et ils vont éliminer 27 783 mots du dictionnaire.
"Il existe beaucoup trop de mots à mauvaise connotation et donc sujets à mauvaise interprétation. Il convient de ne retenir que ceux qui ne heurtent aucune sensibilité, ethniques, confessionnelles ou tout simplement humaines."
Très récemment, le 22 décembre 2022, la société Mattel a interdit l'utilisation dans son dictionnaire officiel de scrabble de certains mots jugés offensants ou discriminants : Tarlouze, Boche, Schleu, Pouffiasse, Travelo, Gogole, Jésuitique, Pédé, Romano, Nègre, Tafiotte, Chicano, Bamboula, Enculeur, Tantouze.
Vous pouvez utiliser Connard, Pute, Merde, Salope, Nain, Négrier. Pour l'instant.
J'ai bien conscience que le vocabulaire doit évoluer avec son temps, que certains de ces mots aient pu être acceptés auparavant me choque d'ailleurs, parallèlement un joueur de scrabble qui inscrit le mot Boche ou Tantouze sur la grille n'émet aucun jugement de valeur sur les Allemands ou sur les homosexuels. Il joue et il fait le maximum de points avec les lettres qu'il a. Il n'y a pas à le pointer du doigt.
Faire évoluer la langue pour la rendre moins péjorative est un jeu dangereux. Je me souviens quand les femmes de ménage sont devenues des techniciennes de surface, les caissières des hôtesses de caisse, les nains des personnes de petite taille ( ou à la verticalité contrariée ) : A mes yeux chacune de ses professions, chacun de ces mots n'avait aucune connotation négative et ça a été une façon de les montrer du doigt maladroitement comme si leur situation était préalablement honteuse. Une forme de stigmatisation, ni plus ni moins.
Il y a également tout ce procédé d'écriture inclusive qui s'est mis en place depuis quelques années permettant une égalité homme-femme. Peu importe si beaucoup estiment que le combat à mener n'est pas là, peu importe même si les femmes refusent la dénomination féminine qu'on leur impose. Il y a désormais des écrivaines, des doctoresses, des contrôleuses, des professeures, etc. A ma connaissance toutefois les hommes aidant aux accouchements exercent toujours l'activité de sage-femme.
Ainsi, ce sont les mots censure, il, elle, je, tu qui font notamment partie dans ce nouveau monde où parler de genre est devenu inconcevable qui disparaissent ici purement et simplement.

En conclusion je pense pouvoir dire que l'optimisme écologique est plus que jamais de circonstance.
Oui, il y a dix ans on ne se rendait pas bien compte du désastre en terme de ressources naturelles que pourrait représenter une coupe du monde au Qatar.
Aujourd'hui, les mentalités ont évolué, on a senti un vent de protestation voire de révolte. Plus jamais une telle aberration !
A moins que l'Arabie Saoudite n'accueille la coupe du monde en 2030.
En même temps, à ce rythme de démence, il semble présomptueux de se projeter dans sept ans.
Meilleurs voeux à tous !
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Dans tout recueil de nouvelles, chacun peut trouver son bonheur, du très bon, du bon et du moins bon. D'où une note moyenne.
Ces nouvelles tournent autour des thèmes de l'environnement et du changement climatique, à travers la science-fiction, la poésie et le polar.
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Ca n'engage que moi : Ce recueil de nouvelles a été une demi déception.
En effet, les histoires proposées sont assez inégales.
Autant certains auteurs tirent largement leur épingle du jeu, autant d'autres m'ont laissé stoïque.

Au final, j'ai pas grand chose à raconter, si ce n'est que j'ai fait un don à l'UNICEF avec l'achat de ce livre, et que ça, je ne le regrette absolument pas.
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