Aussitôt reçu, aussitôt lu. Aussitôt perclus. de stupéfaction.
Pas de détour, il est question de violence conjugale. Il y a Cet Homme et Cette Femme, les deux protagonistes d'une tragédie trop ordinaire.
Cette Femme est sur un lit d'hôpital. Cet homme est à ses côtés. Il attend et ponctue de « Pardon » de banales anecdotes de vie quotidienne qu'il nuance de regrets.
Elle se réveille et ne se souvient que de l'amour qu'elle a pour lui mais plus de la raison pour laquelle elle est là, blessée.
De retour à la maison, Elle L'interroge, veut comprendre : comment a-t-elle pu se retrouver allongée, en sang, sur un trottoir ? Ses réponses, à Lui, sont évasives… mais pour nous, lecteurs, les indices s'accumulent et dessinent le drame qui se joue sous nos yeux.
« J'ai toujours voulu bien faire » est un texte d'une force inouïe. Un texte qui vous prend la tête à deux mains pour vous empêcher de la tourner, qui vous maintient les paupières écarquillées pour vous contraindre à ne pas détourner ce regard qui, comme celui de l'amie de Cette Femme, a tendance à esquiver ce qui le dérange, de peur que le malheur soit contagieux.
Claire Bosse-Platière ne montre pas la violence, c'est inutile, les mots suffisent à décrire Cet Homme et Cette Femme. Cet Homme, insupportablement humain, empêtré dans ses colères et ses pardons, Cet Homme qu'on n'excusera jamais mais qu'on n'arrive pas à complètement détester, un Mal-épris comme celui de
Bénédicte Soymier en somme. Cette Femme, seule, abandonnée à son sort, à ses bleus, à ses cris, qui n'a plus que la force de sa volonté pour s'en sortir.
L'écriture est au scalpel, aussi tranchante que ces slashs qui tailladent des phrases où bien souvent, le verbe est inutile. On n'est plus dans l'action, on est dans l'état, le constat. Et maintenant. Qu'est-ce qu'on fait ? Quelle fin ? Quelle fin !!! Dans deux scènes finales, deux monologues aussi durs que déchirants, les verbes reviennent, il fallait agir, les mots nous empoignent, et se fracassent sur nos mâchoires serrées, sur nos poings crispés, et nous laissent sonnés, pantois, bouleversés.