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EAN : 9782849505359
Syllepse (21/11/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Le 3 janvier 1966 s’ouvre à La Havane, la Conférence de solidarité avec les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, plus connue sous le nom de «Tricontinentale». Vers la capitale cubaine convergent des représentants de tous les mouvements de libération et de toutes les organisations luttant contre «le colonialisme, le néocolonialisme et l’impérialisme» du tiers-monde. Des personnalités importantes comme le Chilien Salvador Allende ou le Guinéen Amilcar Cabra... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un internationalisme en travail et parcouru de contradictions

« La conférence qui rassemblera les organisations révolutionnaires est un événement historique par sa composition, car y seront représentés les deux courants de la révolution mondiale : le courant surgi avec la révolution socialiste d’Octobre et celui de la révolution nationale libératrice ». Dans son introduction (voir blog : entre les lignes entre les mots),Saïd Bouamama contextualise cette Conférence de solidarité des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine : intervention directe et extension au Nord-Vietnam des Etats-Unis en 1965, intervention des mêmes en République dominicaine en avril 1965, assassinats de leaders et de dirigeants progressistes en Afrique (et aux Etats-Unis), néocolonialisme et nouveaux mécanismes de mise en dépendance, guerre dite froide, conflit sino-soviétique, etc…

« Quel est le bilan de la Tricontinentale ? Que reste-t-il d’un tel événement un demi-siècle plus tard ? Existe-t-il des leçons et un héritage encore utiles aujourd’hui pour les nouvelles générations de militants ? »

L’auteur revient sur des éléments « précurseurs », dont la Ligue contre l’oppression coloniale et l’impérialisme (Bruxelles 1927), la Conférence afro-asiatique de Bandung (1955), celle du Caire (1957). Une inscription de la Tricontinentale dans une/son histoire.

Saïd Bouamama aborde, entre autres, la huitième condition (question coloniale) d’adhésion à l’Internationale Communiste (IC), la Chine, l’Indonésie, le combat d’Augusto Sandino en Amérique centrale, la Guerre du Rif menée par l’armée coloniale française et la résistance dirigée par Abdelkrim al-Khattabi, la révolte anti-coloniale sur les territoires libanais et syriens, et plus généralement les combats anti-coloniaux. L’auteur souligne la diversité des mouvements de libération nationale.

Il parle des indépendances asiatiques, de la révolution chinoise de 1949, de la victoire vietnamienne de Diên Biên Phu, du contexte et des participants à la conférence de Bandung, des positionnements par rapport à la « guerre froide », des forces et des faiblesses de cette « internationale des pauvres », des principes adoptés, « 1. Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ; 2. Respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de toutes les Nations ; 3. Reconnaissance de l’égalité de toutes les races et de l’égalité de toutes les Nations, petites et grandes ; 4. Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ; 5. Respect du droit de chaque Nation de se défendre individuellement ou collectivement conformément à la Charte des Nations Unies ; 6a Refus de recourir à des arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes puissances quelles qu’elles soient ; 6b Refus par une Puissance quelle qu’elle soit d’exercer une pression sur d’autres ; 7. Abstention d’actes ou de menaces d’agression ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un pays ; 8. Règlement de tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques, tels que négociation ou conciliation, arbitrage ou règlement devant les tribunaux, conformément à la Charte des Nations Unies ; 9. Encouragement des intérêts mutuels et coopération ; 10. Respect de la justice et des obligations internationales. »

Nationalisation du Canal de Suez par Gamal Abdel Nasser, intervention armée de la France, la Grande-Bretagne et Israël… Au Caire, les mouvements de libérations nationales ont droit à la parole (ce qui n’était pas le cas à Bandung). L’auteur souligne les trois dimensions « anticolonialisme », « anti-impérialisme », « neutralisme positif » (se définissant « comme antiraciste, anticolonialiste et anti-impérialiste).

Contre-offensive des puissances coloniales entre autres au Congo, révolution cubaine… « les temporalités politiques des trois continents convergent de plus en plus »…

Dans la seconde partie, Saïd Bouamama analyse les orientations de Medhi Ben Barka, l’illusion de la préservation de l’« unité nationale », les critiques du « système impérialiste mondial » et des « nouveaux modes de mise en dépendances », la réforme agraire, le développement plus autocentré, le conflit sino-soviétique… Conférence de La Havane, l’unité sans unicité, les contradictions nouvelles, la réinscription des différentes formes d’oppression dans l’histoire, le refus d’un dogme ou d’une norme dans les chemins de l’émancipation, le refus de la hiérarchisation des luttes, le « droit de légitime violence » et les revendications de paix mondiale, le droit de soutenir les luttes de libération nationale, l’affaiblissement des adversaires communs…

L’auteur aborde aussi l’inégalité structurelle des échanges de marché, le système de la dette, les réformes agraires, les liens entre luttes des afro-américain-e-s et les luttes anti-coloniales, le mouvement contre la guerre au Vietnam… Il revient sur Medhi Ben Barka, Che Guevara, Amilcar Cabral, les différences entre indépendance formelle et libération nationale, les liens entre véritable indépendance nationale et société égalitaire…

Si certains points me semblent discutables (appréciations peu critiques : sur le Front uni chinois entre le Guomindang et le Parti communiste chinois, le tournant nationaliste et la soumission aux intérêts de l’Urss avec la politique de « Front populaire », le barrage d’Assouan « vital pour l’économie égyptienne », l’anticolonialisme de l’Urss ou de la Chine, la caractérisation d’Etat socialiste pour ces deux derniers, les notions de féodalisme appliqués aux situations socio-économiques du vingtième siècle..), d’autres nécessiteraient de véritables débats comme par exemple : l’association d’Etats constitués et de mouvements de libération nationale, les liens entre révolution nationale et révolution sociale, les alliances et la préservation de l’auto-organisation des dominé-e-s…

Quoiqu’il en soit, il reste important de revenir sur les débats de la Tricontinentale, sur la coordination des luttes à l’échelon continental et international, sur les solidarités concrètes aux luttes d’émancipation (à toutes les luttes d’émancipation), sur les possibles alliances à construire …

Sans oublier les refus de soumettre les unes (les luttes sociales ou les luttes des femmes par exemple) à celles de la libération nationale, le rejet de la thématique de l’ennemi de mon ennemi, la nécessaire séparation entre intérêts étatiques et revendications sociales… et les réformes agraires radicales, la remise en cause des découpages territoriaux de la colonisation, le respect des droits des groupes dits autochtones, etc.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
1. Respect des droits humains fondamentaux en conformité avec les buts et les principes de la Charte des Nations Unies ; 2. Respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de toutes les Nations ; 3. Reconnaissance de l’égalité de toutes les races et de l’égalité de toutes les Nations, petites et grandes ; 4. Non-intervention et non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays ; 5. Respect du droit de chaque Nation de se défendre individuellement ou collectivement conformément à la Charte des Nations Unies ; 6a Refus de recourir à des arrangements de défense collective destinés à servir les intérêts particuliers des grandes puissances quelles qu’elles soient ; 6b Refus par une Puissance quelle qu’elle soit d’exercer une pression sur d’autres ; 7. Abstention d’actes ou de menaces d’agression ou de l’emploi de la force contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un pays ; 8. Règlement de tous les conflits internationaux par des moyens pacifiques, tels que négociation ou conciliation, arbitrage ou règlement devant les tribunaux, conformément à la Charte des Nations Unies ; 9. Encouragement des intérêts mutuels et coopération ; 10. Respect de la justice et des obligations internationales.
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La conférence qui rassemblera les organisations révolutionnaires est un événement historique par sa composition, car y seront représentés les deux courants de la révolution mondiale : le courant surgi avec la révolution socialiste d’Octobre et celui de la révolution nationale libératrice
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Vidéo de Saïd Bouamama
Saïd Bouamama – Capitalisme, flux migratoires et révolution africaine.
Saïd Bouamama est sociologue, chargé de recherche à l’IFAR (Intervention, Formation, Action, Recherche) de Lille, et militant pour l’égalité des droits. Il est également auteur de nombreux livres, dont Les Discriminations racistes : une arme de division massive (L’Harmattan, 2010), et dernièrement, Figures de la révolution africaine : De Kenyatta à Sankara (La découverte, 2014) Dans cet entretien accordé à Thinking Africa, Saïd Bouamama expose les relations entre la recherche et le militantisme, apporte un éclairage historique sur les rôles et l’impact du capitalisme et du colonialisme en Afrique, décrypte les masques idéologiques et agendas politiques derrière les flux migratoires (Afrique vers Europe) et explique pourquoi la jeunesse africaine vit actuellement son 3ème âge politique.
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