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EAN : 978B0CV4FJRXJ
98 pages
Les Éditions Québec Amérique (27/02/2024)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Encore aujourd’hui, certains producteurs de viande, des éleveurs et des propriétaires d’abattoirs rivalisent de cruauté envers les bêtes pour augmenter les profits de leurs entreprises. Quand un coquelet échappé d’un abattoir arrive sur une ferme biologique, les animaux qui y vivent découvrent avec horreur les traitements qui sont souvent réservés à leurs semblables.

Que peuvent-ils faire? Se venger? Dénoncer? Enquêter sur les sévices et traîner les h... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Incontournable Roman ado Mars 2024


Habitué des romans historiques pour les ados, cette fois, Camille Bouchard nous amène dans un univers bien réel, bien actuel, le nôtre. Vous ne sortirez pas indemnes de ce roman.


J'apporterai une nuances que l'auteur ( oui, Camille est un monsieur et ça se prononce "Ca-mil") a fait d'emblée dans le roman et qui a sa part d'importance. Je le cite:

"Aucun animal n'a été maltraité pour les besoins de ce roman. Par contre, chaque seconde, pendant que vous lisez ces lignes, une trentaine d'animaux d'élevage sont abattus au Canada. Chaque seconde! Et la plupart d'entre eux meurent dans des conditions résolument inhumaines. On ne demande à personne de devenir végétarien, on tient seulement à ce que les animaux soient traités de manière plus sensibles.
( Vous avez fini de lire cette page? Sept cents bêtes sont déjà mortes...et plusieurs de façon atroce.)"


La nuance est donc là: La question n'est pas de manger de la viande ou pas, la question soulevée est celle de la cruauté fait envers les animaux et en particulier les animaux destinés à garnir nos assiettes. Sous prétexte d'économies et de rentabilité, nous avons industrialiser des machines de mort toujours plus efficaces et toujours plus cruelles.


Donc, si vous lisez toujours, qu'avons-nous?


Marquise est la poule alpha du poulailler de Gens du Bio et dans leur petit monde d'animaux de ferme, et elle mène une enquête. Drôle d'idée pour une poule, trouverez-vous et puis, enquêter sur quoi? Tout a commencé avec l'arrivé d'un coquelet obèse sur leur ferme, décharné et passablement traumatisé, qui a survécu ni plus ni moins à une chaine de production de poulet et s'en est échappé. le récit glaçant de "Porcelaine", qui n'avait pas de nom jusqu'à ce jour, fascine et terrorise tout à la fois la petite communauté, qui n'avaient jamais entendu parler de pareils traitements. Décidée à comprendre ce qui se passe pour les autres animaux, Marquise décide de constituer le tout premier tribunal pénal des espèces, et qui dit "procès" dit aussi "preuves". La poule est loin d'imaginer ce qu'elle s'apprête à apprendre. Et nous, lecteurs, non plus.


Le récit a deux axes, le premier étant celui de l'enquête de Marquise et de ce qui se passe dans leur ferme, tandis que le second est le parcours dramatique de Porcelaine. Ce qu'on y apprend a de quoi bouleverser, c'est dur à lire et c'est dur à admettre. On a ni plus ni moins traité les animaux comme des êtres sans conscience, sans émotions et sans perceptions. Or, les études le prouvent, on en ailleurs: Les animaux ont des facultés mémorielles, ont des comportements pro-sociaux, la majorité ont de bonnes facultés cognitives et ils ont très certainement une psyché, et donc des émotions. Je ne vais pas entrer dans les détails, mais vous aurez des passages sur les conditions de vie de certaines "usines" ( ce ne sont pas des fermes à ce stade), sur le peu de considération pour la santé des bêtes, encore moins pour les souffrances qu'on leur cause. Certaines amputations subies par les animaux sont même effectués à titre préventif, alors que certaines sont pour changer le gout de la viande. Certaines sont pratiqués sur des bébés animaux, à froid. Tout est pensé pour le rendement, le nombre et la facilité.

Au contraire, les fermes bio semblent repensent les modes de productions et les pratiques, avec même un certain retours aux sources, moins "industrielles" et une proximité plus chaleureuse avec leurs animaux, qui ne sont pas que de vulgaires "produits".


Je pense que le fond est là: Pouvons-nous changer notre façon de faire et de penser la consommation de viande? Comme il est d'ailleurs mentionné dans le roman" manger de la viande" reste un fait animal, que beaucoup d'animaux ont besoin. Cependant, avons-nous besoin d'en ingérer autant, nous qui sommes omnivores? Est-ce envisageable de repenser nos pratiques? Repenser notre façon de consommer et surtout, de choisir nos produits pour opérer un changement de mentalité au sein des producteurs? Cela nous amènerait peut-être à davantage encourager nos producteurs locaux, nos petites entreprises, qui adhèrent à des valeurs plus axées sur le bien-être des animaux? Est-ce que...Sait-on déjà arrêter à nous demander si tout ça était moral? Adéquat? Humain?


En même temps, l'humain a de lourds antécédents en matière de machine de morts et de pratiques cruelles, pensons aux camps de concentrations nazis autrefois et ouïgour actuels, ou encore à l'esclavagisme des africains, véritable autoroute de commerce humain qui a causer des morts innombrables et pas moins cruelles que celles des animaux. L'histoire de Porcelaine m'a fait penser aux camps, où il y a avait cette glaçante et déshumanisante façon de diminuer les gens au rend de "marchandise", à utiliser avec acharnement jusqu'à ce que mot s'en suivre. C'est à croire que l'appât du gain et l'envie de pouvoir rendent totalement aveugles les moins empathiques d'entre nous. Et nous ne sommes pas moins responsables si nous ne faisons rien. Au moins, commençons à y réfléchir sérieusement.


L'histoire en elle-même est relativement courte, divertissante à sa façon avec tous ces personnages animaliers fort colorés et de toutes espèces. Il y a même de vieux sacres comme "cibole". Les témoignages sont bouleversants, certains constats sont crus. Les animaux ne sont pas dupes de leur avenir, mais se demandent si malgré leur vocation, il n'y a pas moyen qu'on les traite avec un minimum de dignité. Une dignité que nous, sapiens, sommes les premiers à vouloir ( et à ne pas toujours obtenir).
Il y a plusieurs angles de réflexions, il y a donc de la place pour le débat et plusieurs réalités se chevauchent. L'idée n'est pas de dire que tout est noir ou blanc, au contraire. Et puis, les animaux le disent eux-même, leurs humains les traite bien, ça existe.


Je pense que ce genre de roman n'a pas vocation à être moralisateur autant que de dégager un enjeu réel trop souvent tassé dans un coin, parce que c'est plus accommodant pour tout le monde. La réalité est que les animaux ne peuvent pas le faire ce fameux "tribunal pénal des espèces", mais on est en droit penser que s'ils le pouvaient, ce ne serait pas un joli tableau qu'ils feraient de nous. le même grief pourrait être employé de la part de tout ce qui vit sur cette planète, d'ailleurs. Je pense que là est le point de départ: se regarder, se demander su cette situation nous convient et si elle s'inscrit dans nos valeurs, s'il n'y a pas une petite part que nous pourrions faire pour changer les choses, puisqu'il faut bien un début à tout. Pour ma part, je suis suffisamment ébranlé pour envisager des changements dans mes habitudes, un petit pas à la fois.


Bref, un petit roman qui bouscule, avec le grain efficace et atypique que je connais de Monsieur Bouchard, qui ne raconte aucune de ses histoires de la même façon. Un peu comme Jean-Claude Mourlevat l'avait amorcé avec sa série "Jefferson" , l'auteur québécois donne pour sa part, un nouvel angle au sujet de la traite des animaux, surtout pour plaider un meilleur traitement pour eux.


Pour un lectorat adolescent, à partir du 1er cycle secondaire, 12-15 ans . **Certains passages sont poignants et pourraient heurter la sensibilité de certain.e.s lecteur.lectrices, mais il n'y a pas de passages particulièrement "graphiques" ( abondement détaillés).

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critiques presse (1)
LeJournaldeQuebec
11 mars 2024
L'écrivain Camille Bouchard souhaite sensibiliser les lecteurs sur les mauvais traitements parfois réservés aux animaux d'abattage.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec

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Camille Bouchard. Prix du Québec 2014.
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