Me voilà bien embêté pour écrire un commentaire. Je ne doute pas de la bonne volonté de l'auteur, mais la démarche me paraît quelque peu téléguidée par les événements récents et donc pour cette raison non dénuée d'ambigüité.
Disons d'abord que je n'ai pas pu écouter les textes lus par diverses personnalités (des QR codes, mais je n'ai pas de portables modernes…) et c'est dommage parce qu'il y a là des acteurs de talent. Tant pis.
Il y a d'abord le choix des textes. Si certains comme celui d'Olympe de Gouge (que j'admire) ou de
Victor Hugo sont les bienvenus, d'autres sont plus contestables (
George Sand qui déclare être prête à mourir sur les barricades en 1848 mais qui ne semble guère avoir été très active en 1851 au moment du coup d'Etat du futur napoléon III quand des milliers de personnes furent emprisonnés), voire un peu douteux (
François Hollande).
Ces textes tentent de montrer que la République a poursuivi jusqu'à nos jours une marche triomphale, un idéal jamais entaché, une beauté sublime, un patrimoine dont nous devrions être tous fier, sans critique. C'est du Roman National que nous vend l'auteur. Et le Roman National est toujours réducteur, ayant pour vocation une visée édificatrice et de propagande.
Or, la République française a aussi son histoire sombre, qu'il faut connaître si on ne veut pas tomber dans la naïveté. Par exemple, la colonisation avec son cortège de massacres et d'oppression, fut essentiellement l'oeuvre de la 3ème république.
On sursaute aussi quand on lit que
De Gaulle est l'instigateur la sécurité Sociale. Certes,
De Gaulle est un grand homme et personne ne songe à minimiser son rôle pendant la guerre, mais la sécurité sociale vient du programme du Conseil National de la Résistance (CNR), dominé par les communistes, après que la rupture du pacte germano-soviétique les avait précipités dans la résistance (le ministre en charge de cette importante réforme était d'ailleurs un communiste, Ambroise Croizat).
Terminer (presque) sur
François Hollande, l'homme de la déchéance de la nationalité est un curieux hommage rendu à la République, surtout quand on connaît certaines personnalités peu démocratiques invitées par Hollande et qui se trouvèrent en tête du cortège de la manifestation de janvier 2015. Ce (presque) ultime texte de l'ouvrage révèle les ressorts inconscients (ou conscients ?) de l'auteur quand il a conçu son ouvrage. Ce sont les attentats islamistes qui l'ont « émotionné » et ont provoqué son désir d'écrire ce bouquin. Mais un peu moins de naïveté sur notre Histoire depuis la révolution de 1789 aurait montré plus de recul.
On termine enfin sur le discours de Danton avant son exécution devant le tribunal qu'il avait lui-même créé. Pourquoi ce texte ? Surtout pour finir le bouquin. On s'interroge. Est-ce une attaque masquée contre
Robespierre ? Ça y ressemble… Inciter à penser l'Histoire (par nature si complexe) à partir d'un petit bout de texte, jouant sur l'émotion (c'est affreux en effet de penser que Danton a été guillotiné, lui qui avait envoyé tant de personnes à la guillotine, mais est-ce moins affreux de penser que
Robespierre le fut peu après ?), n'est pas raisonnable.