AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,48

sur 99 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Charlotte Bousquet a toujours défendu les genres de l'imaginaire et a percé dans ce milieu en 2009 en initiant la série de "L'Archipel des Numinées", un univers insulaire inspirée de l'Italie d'Ancien Régime coincée quelque part entre Quattrocento et Risorgimento. On sent les références à la Renaissance et au Siècle des Lumières, mais nous sommes aussi dans le romantisme le plus noir quelque part entre Edgar Allan Poe et Charles Baudelaire donc loin de Scott Lynch qui avec un univers similaires mais une ambiance toute autres avait avec réalisé "Les Salauds Gentilshommes". Nous également en présence d'un livre interdit aux moins de 16 ans et déconseillé aux moins de 18 ans : il y a des passages difficilement soutenables entre « Torture Porn » ("Saw", "Hostel") et « Body Horror » ("Scanners" de David Cronenberg ou "Hellraiser" de Clive Barker). Car le cannibalisme est au centre d'un récit truffé d'horreurs plus habituelles  : harcèlement, exploitation, maltraitance, trafic d'êtres humains et autre réseaux pédophiles… (les pisse-froid, les rabats-joie et les donneurs de leçon continueront de dire que tout cela n'est pas crédible : l'affaire des disparues de l'Yonne, l'affaire des prostituées de Toulouse, ou l'affaire Marc Dutroux sont aussi dégueulasses que tout ce qu'elle peut mettre en scène ici… Dois-je continuer la liste des horreurs réelles qui dépassent les horreurs fictionnelles ?)


Au sein de l'Archipel des Numinées, Arachnae c'est un peu beaucoup la Florence de Médicis après la Conspiration Pazzi (même si tout est centrée sur la famille des Sforza !)… La princesse Olivia été assassinée mais a désigné son frère Alessio comme successeur avant de succomber. Dans une principauté toujours gouvernée par des femmes, cela fait fortement jaser. Mais Alessio qui pleure à la fois la mort de sa soeur et de son amante, sait qu'en châtiant ennemis intérieurs et extérieurs lors de la guerre contre Bardella il n'a pas frappé les véritables commanditaires qui oeuvrent toujours à la fin de se sa lignée. Il décide de se servir de son fils comme appât pour les obliger à se démasquer et en finir une bonne fois pour toutes !

* Nous avons d'un côté le game of thrones aristocratique habituel qui ici est centré sur la querelle entre le trône et l'autel qui semble être une ligne de fracture commune à toutes les principautés de l'Archipel des Numinées.
Alessio reprend le rôle de Laurent le Magnifique, son fils Tiberio semble tout droit sorti d'une tragédie grecque tant il est écrasé par le poids de sa destinée, coincée entre une grande soeur faisant office de Sansa bis et une petite soeur qui cumulent les rôle d'Arya et de Bran (mais qui n'est sans doute pas très loin de d'Alya la soeur de Paul Atreides dans "Dune"). La famille princière peut compter sur la maîtresse espionne Fausta qui semble au courant de tout avant absolument tout le monde. Sauf de l'identité de assassin engagé par une conspiratrice de de 3e zone mais dupe de 1ère catégorie, et celle du cultiste en chef de Kebahil / Slaanesh qui semble avoir marabouté avec ses orgies dionysiaques tout ou partie de l'aristocratie locale : comme c'est commode pour que l'intrigue avance à la vitesse voulue par l'auteur et que le sad end puisse subvenir quand même...
Julia femme au foyer et épouse délaissée dans une société dirigée par les femmes alterne fuite sans ses lectures romanesques où tout le monde est beau et noble et intrigues sordides où tout le monde est égoïste et cruel dans l'espoir de se (re)donner de l'importance...

* Nous avons d'un autre côté l'enquête du Capitaine Tigran Gracci, ancien héros de guerre bi-classé guerrier et magicien qui a brisé le plafond de verre de la société vaginocratique en mettant fin aux agissement d'un serial killer inspiré autant par le Docteur Frankenstein que par Jack l'Éventreur (enquête qui nous est raconté dans la bonne nouvelle intitulé "Arlequinades"). Il suit ici les traces d'un violeur et un tueur pédophile très violent et très actif.

* Nous avons enfin Théodora dite Théo (qui quelque part est le prototype de Nona Grisaille, la super-héroïne sombre de Mark Lawrence), espionne et assassine bisexuelle dotée du don de prescience, que la maîtresse-espionne du prince prépare à sa succession, mais qui pour l'instant brûle la chancelle par les deux bouts en multipliant les conquêtes des deux sexes, et en trompant son ennui en addiction diverses… Sa Big Boss montre un traquenard pour l'obliger à collaborer avec Tigran Gracci dans l'espoir de remonter une filière et attraper de plus gros poissons (du moins c'est ce que j'ai compris, car ce n'est pas super-clair).


Globalement j'ai aimé voire beaucoup aimé : l'univers à la fois classique et original est plein de potentialités, c'est bien rempli, c'est bien rythmé, les personnages ne sont pas trop stéréotypés et pour ne rien gâcher Charlotte Bousquet a globalement une bonne plume voire une belle plume. Mais vous avez dû sentir dans ce que j'ai écrit précédent quelques réticences, mais pour en causer pleinement je suis obligé d'écrire les mots fatidiques « ATTENTION SPOILERS » ! (disons pour résumer que dans un bon ensemble il y avait beaucoup trop de choses qui auraient pu être corrigées et/ou améliorées…)

L'auteure se fait plaisir avec des poèmes, des extraits de romans et/ou de pièces de théâtre fictionnels et des légendes du temps jadis… Alors on n'est pas dans ce tolkienisme mal digéré qui hante la Fantasy américaine, mais pour un roman aux faux-airs de novella c'est des pages et des pages qui ne sont pas consacrés au reste. Il y a largement de quoi étoffer le worldbuilding (apparemment la première activité de Théo c'est de chasser les monstres, et entre les lamias, les empuses, les stryges et les goules il y avait de quoi faire, et la toute petite nouvelle intitulée "Lutzi" donne un aperçu bien trop succinct) et le magicbuilding (apparemment l'autre activité de Théo c'est de surveiller les sorciers, et entre les thaumaturge affilés à l'un des quatre éléments, les prescients, les télépathes, les envoûteurs, les nécromanciens, les démonologues et les mages de sang il y avait de quoi faire). La magie est même presque overcheatée puisque les psioniques capables de transformer autrui en marionnettes sont si nombreux que tous les agent de l'État doivent se munir d'amulettes de protection !

Ensuite je ne vais pas mentir c'est aussi des pages est des pages qui ne sont consacrés à l'histoire et aux personnages (qui sont plusieurs dizaines, par loin d'un cinquantaine en fait, dans un roman qui finalement est assez court). Car je n'ai pas vu quels étaient les liens entre le game of thrones d'Arachnae et les enquêtes de Tigran et Théo :
- il n'y a pas vraiment de lien entre les pédophiles de Caesario, sous Zaroff qui ont toujours été pervers et qui profitent des orgies dionysiaques du Culte de Kebahil pour se refaire la cerise et les multiples machinations du Grand Prêtre Horatio
- il n'y aucun lien entre le Culte de Kebahil dirigé par le Grand Prêtre Horatio (dont les motivations sont inexpliquées : vengeance, folie, fanatisme, possession par un Dieu du Chaos ou un Grand Ancien) et les complots et intrigues des Moires contre la Dynastie Sforza (si encore elles le couvraient pour discréditer le prince et son efficacité : oui mais non)
En plus on se débarrasse du personnage le plus intéressant aux 2/3 du roman (qui se fait enlever 2 fois avant de crever salement et tragiquement : c'est pire qu'une demoiselle en détresse dans un récit grimdark à la GRR Martin !), et on a des POVs tellement réduits qu'à la limite on n'aurait pu s'en passer (Alessandrina qui veut retrouver son saltimbanque, Lorenzo traumatisé qui devient son chevalier servant pour se racheter, Tiberio qui n'apparaît que pour dire « - Je vais mourir père ? - Oui mon fils, soyez brave ! », les atermoiements de Julia, les complots à la Iznogoud de sa soeur Agrippina, les contre-complots à la Iznogoud de sa nièce Leandrina…)

Même au niveau des games of thrones ce n'est pas clair : j'ai compris que comme dans le "Dune" de Frank Herbert les camps qui se disputent le pouvoir pouvaient lire l'avenir donc se neutraliser mutuellement… Les Moires qui voit l'avenir donc les plans à l'intérieur des plans ont décidé de « finir le travail » en organisant la mort d'Alessio après celle d'Olivia car elles veulent rétablir la supériorité du spirituel sur le temporel, mais elles n'arrivent pas à lire le destin de leur future victime. Pourquoi ? Parce que l'ancienne Atropos travaille de concert avec lui pour éliminer ses anciennes collègues, mais elle n'est pas nommée et n'apparaît qu'au début de l'histoire (en plaçant Noria et Théodora à la bonne place pour faire/défaire le Destin) et à la fin de l'histoire (pour rendre la monnaie de sa pièce à celle qui l'a évincée avant de prendre sa place). Parce qu'en matière de divination Artemisia la dernière née du prince est sans doute aussi puissante voire plus puissante que les Moires (mais comme elle quitte la scène assez rapidement, il faut le comprendre dès la première et dernière apparition). Parce que Théodora au service de Sa Majesté dispose d'un don de prescience puissant mais difficile à utiliser (elle sent quand le champ des possibles se restreint ou s'élargit, et entrevoit le fil du destin, et c'est rendu de façon aussi élégante que dans l'anime "Kimetsu no Yaiba", avant d'avoir des visions la faisant entrer en convulsion), et qu'elle se retrouve toujours au centre des événements pour perturber la vision des Moires au point que celles-ci décident de l'éliminer ! Cela aurait bien d'expliquer tout cela à un moment ou à un autre...

Un roman féminin doit-il être forcément féministe, en plus d'être lesbien pour ne pas dire LGBT. Tous les personnages qui comptent semblent homosexuels ou bisexuels, à part le prince Alessio que toute l'aristocratie semble détester par qu'il est un homme résolument hétérosexuel… le Dieu unique représenté par le prêtre patriarcal a été remplacé par une déesse multiple représentée par une triade matriarcale avec Clotho la jeune fille, qui devient Lachésis la mère après la fin de la virginité et le début de l'enfantement, puis Atropos la vieille femme une fois la ménopause arrivée (ça aussi cela aurait été bien de l'expliquer cela à un moment ou à un autre). de la même manière que le Dieu unique arrangeait bien les partisans d'un pouvoir masculin, masculiniste et patriarcal censément unique, la Triple Déesse arrange bien les partisanes d'un pouvoir féminin, féministe et matriarcale prétendument collégiale, ce qui explique que les femmes ont tous les pouvoirs et que les hommes au foyer sont chargés des mondanités, et que ceux qui veulent faire preuve de leur valeur se heurtent au plafond de verre installé par l'élite fémino.
Charlotte Bousquet est trop intelligente pour remplacer des injustices, des inégalités et des ségrégations par d'autres injustices, inégalités et ségrégations donc la dictature d'un sexe par la dictature d'un autre sexe... Néanmoins force est de constater que le côté LBGT est posé directement sur la table et il faut faire avec là où par exemple Mark Lawrence prenait le temps de développer des liens d'amitiés et d'inimitiés puis d'amour et de haine entre ses strong independent women super-héroïnes et super-vilaines… Alors dans un univers on a Théo qui est couple avec Ornella qui l'aime, mais elle ne veut pas s'engager et laisser traîner les choses. Puis dès qu'elle la rencontre elle tombe immédiatement amoureuse de Valia qui ne l'aime pas et qui elle aussi va laisser traîner les choses. Enfin elle développe en même temps des sentiments amoureux pour son coéquipier bien qu'il soit un mâle et qu'à la base cela ne soit pas sa tasse de thé… J'ai eu un peu l'impression que l'auteure envoyait les love interests de Théo là où elle voulait les voir sévir pour qu'il puisse sortir tragiquement du récit aux moments opportuns. Cela aurait fait sens si on était dans un récit d'apprentissage grimdark et que le but soit la transformation de Théo en machine à tuer au service de la raison d'État (ce que laisse un peu sous-entendre l'auteure, mais cela aurait fait sens avec un véritable suite).

Ne jamais critiquer sans proposer :
- on aurait avoir Théo et Tigran enquêtant d'en bas pour remonter la piste des cultistes
- on aurait pu avoir Ornella enquêtant d'en haut pour remonter la piste des orgistes
- on aurait avoir un vrai triangle amoureux bisexuelle Théo / Tigran / Ornella
- on aurait pu avoir un vrai complot avec les Moires couvrant les orgistes-cultistes pour discréditer le Prince auprès du peuple et provoquer une émeute/révolte pour assassiner tout ou partie de la famille princière en toute tranquillité
- et on aurait pu se mettre de côté tout le reste qui parasite le récit plus qu'autre chose...
Lien : http://www.portesdumultivers..
Commenter  J’apprécie          470
La Femme est une créature très complexe, sans doute la plus complexe qui foule notre terre. Je le savais déjà et Charlotte Bousquet le sait aussi au vue d'Arachnae.

Les figures féminines y ont la part belle. Bien qu'Arachnae soit gouvernée par un Prince, ce dernier n'est au trône que par "dépit", les femmes de haute-lignée étant les seules qu'il soit de bon aloi de mettre sur la "chaise royale". La déité est une déesse à triple visage, les conseillères du Prince sont des Moires, des sorcières qui jugent qu'elles peuvent influencer le parcours de qui elles veulent du moment que ça permette à leurs volontés de s'imposer. Les personnalités politiques sont bien souvent des femmes aux dents longues et très très acérées. Mais - ne me faites pas dire ce que je ne dirais sous aucun prétexte - ce n'est certainement pas un roman destinée exclusivement au beau sexe.

J'ai commencé l'histoire en faisant connaissance alternativement avec Théodora et le Prince Alessio ainsi que divers autres personnages qui auront leur importance au cours du récit. Toutefois Théo et Alessio sont deux personnalités majeures qui évoluent sur leur voies chacun de leur côtés mais dont les rôles sont très important et finallement liés. Bien qu'ils n'aient pas l'occasion de beaucoup interagir ensemble au cours de ce tome.

J'ai vraiment apprécié ces deux personnages (ainsi que quelques-autres, notemment Ornella). Leur comportements froids mais nécessaires, le manque de compassion qui ressort de temps à autres chez eux, surtout chez Théo n'ont absolument pas nui à l'appréciation que j'ai eu d'eux.

Ce sont deux personnes qui subissent une destinée dont ils ne veulent pas mais qu'ils sont en devoir de suivre pour le bien du plus grand nombre. Pas facile de (sup)porter un tel poids lorsque les intrigantes politiques et autres font tout ce qu'elles peuvent pour vous mettre la corde au cou (et je ne parle pas de mariage). Entre choix qui n'en sont pas et sacrifices, ces deux personnages ne sont pas à la fête.

Outre tout cet aspect politique on est aussi amené à suivre une enquête qui s'apparente au thriller. C'est du lourd, c'est franchement glauque et difficilement supportable parfois tant certaines scènes de crimes sont immondes. Nous n'assistons pas aux tortures que subissent les victimes en long et en larges mais aux prémisses de certaines d'entre elles que je n'ai pu m'empêcher d'imaginer au vue des résultats que cela donne sur les scènes de crimes que Théo et ses collègues doivent examiner ensuite.

La magie à une place non négligeable dans cette saga, ce tome tout du moins; Tant dans l'aspect politique que "policier". Et quand je dis magie il faut prendre le terme en son sens le plus large ; il n'est pas vraiment question de balai de sorcière ou autres tour de passe-passe mais plutôt de magie divinatoire, élémentaire, ténébreuse...

C'est un roman de fantasy très complet avec une mythologie, une politique et une géographie bien spécifique qui m'a emportée sans mal. Ca fait quelques jours que je l'ai terminé et c'est encore très clair dans mon esprit comme si je l'avais terminé il y a seulement quelques minutes.

Je remercie donc Babelio et Mnémos pour m'avoir permise de lire mon premier roman de Charlotte Bousquet et ainsi découvrir l'auteure et un de ses univers. J'ai passé un excellent moment avec Arachnae alors je vous suis davantage reconnaissante de m'avoir retenue pour ce titre.

Il faut encore que j'ajoute un petit quelque-chose tout de même : la qualité des poches de Mnémos est incontestable, la prise en main juste géniale. Il est souple et chose plutôt extraordinaire encore en comparaison avec les poches que j'ai eu l'occasion de tester, le dos ne se pète pas si on fait faire le grand écart à notre livre ! Je vais attendre qu'ils sortent la suite de cette saga dans leur collection poche pour me les procurer, c'est la qualité G.F au format poche, sans oublier la sublime couverture de Mélanie Delon, je ne demande pas mieux.

Lien : http://anyoneandnobody.blogs..
Commenter  J’apprécie          80
[critique réécrite d'après celle faite de l'intégrale]

Ah, Arachnae, petit bijou de noirceur! Un voyage immersif dans des ruelles envahies par la crasse, l'humidité et où règne la loi du plus fort – il y a bien des gardes, mais ceux-ci font preuve d'une relative souplesse tant que les crimes ne sont pas trop graves. Ça tombe bien : un tueur en série particulièrement abject rôde et il faudra toute l'ingéniosité des personnages pour le débusquer.

Entre Théodora, bretteuse élue par le destin mais paumée au possible ; Tigran, qui tente de rester droit dans ses bottes dans un cadre qui ne s'y prête pas vraiment, et Ornella, courtisane bien décidée à se rendre utile, sans oublier le point de vue de certaines victimes, on n'a pas le temps de s'ennuyer. Et tant pis si l'intrigue est prévisible et possède quelques facilités : l'entièreté de l'intrigue tournant autour du destin et ce, dès les premières lignes, ça ne semble pas ici artificiel mais au contraire maîtrisé. D'autant que les morts s'accumulent et que personne ne semble à l'abri ! Sans oublier que pendant ce temps, du côté de la noblesse locale, ça magouille sévère...

Histoire à multiples tiroirs, Arachnae est vraiment un excellent récit, où les choses ne se passent pas toujours comme on voudrait (et plus rarement encore comme les personnages le voudraient), illustrant très bien la vie dans toute sa cruauté. Cruauté particulièrement bien mise en valeur par la plume de l'autrice, enchanteresse d'un bout à l'autre avec des descriptions précises qui font mouche, tantôt délicates pour parler des décors, des tenues ou de certaines émotions, tantôt fort peu ragoûtantes. Sans oublier les nombreuses poésies et parodies de romans à l'eau de rose qui viennent donner à cet univers encore un peu plus d'épaisseur.

C'est un fait, Arachnae n'est pas un livre pour les âmes sensibles. Mais, si vous avez l'estomac bien accroché (ou l'habitude de la dark fantasy, c'est selon), vous ne regretterez vraiment pas le voyage.

Enfin, bien qu'il s'agisse d'un début de série, son intrigue se suffit à elle-même et se trouve totalement close à la fin du récit. Ca tombe bien: pour avoir lu les deux autres volumes, mieux vaut s'en tenir à celui-ci pour rester sur une bonne impression...
Commenter  J’apprécie          60
J'ai connu ce livre grâce à la liste de Mandy 88 sur la fantasy.
Genre qui m'intéresse depuis mes lectures du Trône de Fer.
Je remercie donc cette personne car grâce à elle, j'ai découvert un auteur et un monde qui m'a permis de passer un très bon moment de lecture.

Toi qui entre à Arachnae, abandonne toute espérance.
C'est un univers froid, sale, pervers et j'en passe.
La plupart des personnages sont manipulateurs et peu enclins aux sentimentalismes.
C'est donc une lecture oppressante, lugubre et dure.

Le récit tourne autour de trois intrigues qui commencent dès le départ mais ne finissent pas en même temps.
Cette façon d'organiser l'histoire m'a plu car ceci a permis d'avoir plusieurs rebondissements, plusieurs fins au cours de la lecture.

La première concerne des enfants retrouvés morts, mutilés, dans le labyrinthe, le quartier peu recommandable de la ville d'Arachnae.
Le deuxième est un gourou qui fait des cérémonies lugubres et anthropophagiques.
Le dernier est politique. Arachnae est d'ordinaire gouverné par une femme. Or, la dernière, avant de mourir à donner la couronne à son frère.
Bien évidemment, ceci n'est pas au goût de tout le monde.

Au milieu de tout cela, nous avons Théodora, ayant eu un apprentissage d'assassin mais qui rejettent ce destin et qui va se retrouver mêlée a toutes ces histoires malgré elle.
Oubliez l'héroïne au grand coeur, droite et pure.
Nous avons affaire ici à une assassin, aimant le jeu et la boisson, un peu perdue et ne sachant pas au début comment échapper à ce qu'il l' attend, à savoir, être une tueuse froide et sans état d'âme.

Comme je le dis plus haut, c'est un livre sombre où la violence, la perversité et la manipulation côtoie un univers rappelant la Renaissance italienne.
Un livre où l'auteur n'hésite pas à tuer ses personnages, même et je dirai, surtout, ses personnages les plus humains.
Un livre où, lorsque vous l'avez commencé, il est difficile de s'arracher de la toile d'Arachnae !
Commenter  J’apprécie          60
Deuxième incursion dans l'univers de l'archipel de Numinées, Arachnae est en réalité le premier roman de cette série, même s'ils peuvent se lire indépendamment les uns des autres.



Avant toute chose, une mise en garde s'impose pour ce roman : âmes sensibles, s'abstenir. C'est l'un des livres les plus noirs qu'il m'ait été donné de lire. J'ai beaucoup aimé ce livre, mais je ne le conseillerai pas à tout le monde, tant il est noir.



Plusieurs intrigues s'entremêlent : l'enquête sur des corps d'enfants mutilés retrouvés dans les bas-fonds d'Arachnae, la découverte d'une secte cannibale qui pratiquerait une forme de magie noire, et en toile de fond, les intrigues de cours entre le prince, sa femme et les moires, puissantes sorcières qui se mêlent de manipuler le destin.

On remarque assez vite que, qu'on se trouve dans les ruelles sordides du Labyrinthe ou dans les couloirs de marbre du palais, l'ambiance reste au fond la même : stupre, violence et trahison. La violence et le sexe sont omniprésents, décrits souvent de manière très crue et presque clinique. Cette narration parvient bien à rendre l'horreur des situations, mais permet aussi que cela reste lisible sur pour le lecteur (une narration plus émotionnelle m'aurait retourné l'estomac, je pense).

Aucun personnage n'est épargné, on côtoie de véritables monstres qui n'ont plus d'humain que l'aspect. Les « héros » sont très tourmentés : la jeune femme qui papillonne d'amante en amante pour éviter de se poser les bonnes questions, le prince prêt à sacrifier sa famille…

Là où Cytheriae gardait une forme d'optimisme grâce aux personnages secondaires, et grâce aussi à l'ambiance colorée du quartier d'artiste de Metida, il n'y a pas d'espoir à Arachnae, pas d'endroit où il fasse bon vivre.



Côté intrigue, on se concentre dans une première partie sur la résolution des meurtres d'enfants, avant que l'affaire de la secte, et les intrigues de palais ne prennent une nouvelle tournure. J'ai trouvé qu'il y avait un moment de flottement vers le milieu du livre, où on se demande où tout ça va nous mener. Et puis Charlotte Bousquet rattrape les fils qu'on croyait perdus pour tisser une conclusion magistrale au livre. de petits événements qu'on pensait sans importance prennent alors tout leur sens.



Le final est à l'image du livre : très sombre. À part pour le prince et pour sa maîtresse, pas de happy end. Theodora remporte la palme, à mon avis. Je m'étais attachée au personnage, avec ses doutes et ses errances, et les derniers mots qu'elle prononce ont de quoi retourner.



Un petit mot sur la plume de Charlotte Bousquet, toujours impeccable, à la fois ciselée et agréable à lire.



En conclusion : une lecture à réserver aux amateurs de dark fantasy, un univers sombre, angoissant et poisseux, servi par une intrigue habilement menée.
Lien : http://catherine-loiseau.fr/..
Commenter  J’apprécie          50
Arachnae est un voyage immersif dans des ruelles envahies par la crasse, l'humidité, et où règne la loi du plus fort, et où rôde un tueur en série...

Nous avons là Théodora, bretteuse un peu paumée ; Tigran, qui tente de rester droit dans ses bottes en toutes circonstances ; et Ornella, une courtisane. Alors oui, l'intrigue est prévisible et l'autrice n'échappe pas à quelques facilités. Il n'empêche que c'est un récit dans lequel je me suis immergée très facilement, où les choses ne se passent pas toujours comme on le voudrait.

J'ai bien aimé le style de l'autrice, qui comporte des descriptions précises qui font mouche, tantôt délicates, tantôt fort peu ragoûtantes. Et puis même s'il s'agit d'un premier tome, l'intrigue se suffit à elle-même et se trouve totalement close à la fin du récit. Ca tombe bien : un ami m'a dit qu'il avait été déçu par le tome 2, alors je me cantonner à celui-ci !
Commenter  J’apprécie          40
Il y a de ces livres qui vous envoûtent non par leur charme mais par leurs côtés obscurs. C'est le cas pour Arachnae, qui nous entraîne dans la décadence, la luxure, le sang et la souffrance mais aussi dans le sens du sacrifice, l'intrigue politique et la loi du Destin. Je regrette juste un peu la fin avec des raccourcis un peu manichéen et une sorte de happy-end en demi teinte qui ne colle pas pas vraiment avec le ton du récit. A vous de juger...
Commenter  J’apprécie          40
J'attends toujours beaucoup d'un auteur qui a reçu le prix Imaginales, ce sera donc un avis sans concession. La principale qualité de ce livre est à mes yeux la qualité de l'intrigue. Trois histoires s'entremêlent, chacune d'une simplicité trompeuse : Théodora, la belle bretteuse découvre sa propre (in)humanité, le complot d'un culte démoniaque est déjoué, le prince Alessandro échappe à l'assassinat et garde le pouvoir. L'auteur fait preuve d'un beau talent à imbriquer tous ces éléments, en s'appuyant sur une écriture fluide et limpide. Elle parvient à mener de front une intrigue de fantasy pure et une enquête digne d'un thriller les plus sanglants.

Cependant, la densité des intrigues, sur un nombre de page finalement réduit l'amène un peu trop à mon avis à économiser les descriptions et les développements psychologiques. On sait peu de choses sur la ville d'Arachnae, pourtant au centre de l'histoire : un palais, des bas quartiers, des maisons closes, des spadassins indifféremment hommes ou femmes. Mais à aucun moment je n'ai réussi à visualiser un paysage ou une rue.

Une romancière à suivre, incontestablement, mais je reste un peu sur ma faim.
Commenter  J’apprécie          40
Arachnae est une ville comme les autres autres .
elle peut être séparée en deux parties :
- la haute aristocratie où les nobles se cachent derrière des mensonges et des complots tentant d'acquérir le pouvoir.

- la plèbe, dans laquelle règne l'engeance qu'une ville peut suppurer, allant de l'ambrosomane au sadique tortionnaire violant et mutilant des enfant laissé mort, exsangue dans des tas d'ordures .

Mais dans cette ville se dévoile des possibles inattendues....

Bref cette histoire s'écarte des sentiers battus de la fantasy et nous accroche du début a la fin ne laissant aucun temps mort, aucun répit au lecteur.
Commenter  J’apprécie          40
Il s'agit du premier tome d'une trilogie, chose que j'ignorais en commençant ce livre (ce n'est pas indiqué sur la couverture de l'édition que j'avais empruntée). Mon avis est donc basé sur l'opinion que j'en avais en le voyant comme un one-shot. Évidemment, en remettant les choses en perspective, il est un peu différent.
Il s'agit d'une bonne (dark) fantasy comme je les aime : il y a des meurtres sordides, des intrigues politiques et / ou religieuses, un monde sombre et une ambiance glauque (voire perverse).

On rencontre Théodora, une héroïne badass (genre, vraiment badass) qui va se retrouvée embringuée dans une histoire qui la dépasse complètement. J'ai beaucoup aimé cette héroïne. Elle est froide, se tient loin de ses émotions, ce qui ne l'empêche pas d'être extrêmement loyale (quitte à se retrouver dans des situations franchement dangereuses), elle suit son instinct parfois aveuglément mais en même temps, elle hésite souvent. Elle est exigeante, envers elle-même mais aussi envers les autres sans se rendre compte de ce qu'elle leur demande, parfois (je pense notamment à son amie Ornella).
La société, et plus généralement, le monde dans lequel évoluent les différentes intrigues a un fonctionnement très intéressant, basé sur le matriarcat (ce qui change de ce que l'on voit souvent). En plus de suivre une héroïne qui possède des caractéristiques souvent réservées aux hommes dans ce genre de récit (elle va d'ailleurs sauver les fesses de son acolyte dans un renversement des rôles que j'ai plutôt apprécié), le pouvoir est ordinairement réservé aux femmes : elles règnent sur les différentes régions, mais aussi sur le royaume (c'est plus ou moins par accident qu'un homme est actuellement roi), elles sont aux plus grands postes de la religion (la trinité des Moires, qui n'est pas sans rappeler la sainte trinité chrétienne) et elles sont craintes et respectées.
Malheureusement, le traitement manque un peu d'originalité.
Et surtout, tout va trop vite (là, je vous rappelle que je l'ai lu sans savoir que c'était une trilogie, je ne sais pas si j'aurais eu ce sentiment avec cette info en tête) : des intrigues politiques aux crimes commis en passant par la résolution de l'intrigue. C'est servi par une belle plume qui nous livre de bonnes descriptions, utilise un vocabulaire riche et nous immerge dans une ambiance glauque, perverse et violente, mais trop rapidement à mon goût.
Je tiens quand même à mettre en garde les plus sensibles d'entre vous : les crimes décrits ne nous épargnent rien, on a des détails assez sanglants, donc si vous êtes sensible, je vous le déconseille (surtout que les enfants sont les principales victimes...). Moi-même (qui ai pourtant l'habitude des récits très sombres), j'ai grimacé à la lecture de certaines scènes.
Malgré ces défauts, je pense lire la suite si je peux me la procurer (j'avais emprunté le premier tome, du coup, ça m'embêterait d'acheter les autres) ne serait-ce que pour la plume de l'auteure.

Lien : http://delaplumeauclic.blogs..
Commenter  J’apprécie          30





Lecteurs (230) Voir plus



Quiz Voir plus

Le dernier ours

Qui est le personnage humain principal ?

Anuri
Karen Avike
Svendsen
Kiviuq

12 questions
49 lecteurs ont répondu
Thème : Le dernier ours de Charlotte BousquetCréer un quiz sur ce livre

{* *}