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4,11

sur 5651 notes
Quel roman tourmenteur, glaçant et sublime !

Pauvre Rose, une vie tragique faite de douleurs physiques et psychiques, tombée à quatorze ans dans d'affreuses griffes.
Vivant un calvaire sans issue, elle dévide son malheur dans l'écriture pour « écrier » la souffrance à laquelle elle doit se résigner. Pour supporter l'ineffable, elle se réfugie dans la rêverie et convoque le souvenir de sa brève rencontre avec une jument qu'elle a pu monter quelques instants, le jour où sa vie a plongé en enfer. « J'ai repensé à Artémis que j'avais vu passer à travers le mur, et que j'avais pas le pouvoir de faire revenir quand je voulais. Pour moi, c'est le moment où je suis montée sur son dos qui représente l'arrêt du temps, une vision qui se place avant le grand basculement, ce moment où j'ai imaginé que la vie pouvait valoir le coup d'être vécue. »

Quelle plume ! Elle est d'un élégant classicisme intemporel, poétiquement sombre.

Franck Bouysse m'a embarquée dans son histoire sans me laisser le temps de prendre une grande inspiration et m'a maintenue en apnée jusqu'à la dernière ligne.

Les longs soliloques contenus dans les cahiers de Rose sont déchirants, ils m'ont broyé le coeur. C'est tellement beau et triste, si j'avais voulu recopier les plus beaux passages, j'aurais noirci des pages et des pages.

Franck Bouysse et son héroïne m'ont emportée dans un tourbillon émotionnel.

Je remercie les nombreux Babeliamis qui m'ont donné envie de découvrir cet écrivain, merci aussi
à Babelio, car je serais sûrement passée à côté.


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Quand les Thénardier sont des Bisounours...
Ce livre, c'était pour moi d'abord une couverture aux tons sépia. Une photo d'une femme, torse nu, allaitant un bébé. Photo de la photographe Sarah Saudek que j'ai vu jusqu'à l'indigestion dans toutes les vitrines chez tous les libraires, empilé en nombre au moment de sa sortie.
J'avais déjà ressenti une gêne avec cette photo, difficile à expliquer. le port de tête, la musculature, la position inconfortable, l'absence de dossier, le dos trop droit, le regard froid, distant...
Une petite voix intérieure me disait : n'y va pas.
Et quelques années plus tard, je trouve le livre dans une boîte à livres et voilà !
Je découvre la vie de merde de Rose.
Y'a-t-il des livres qu'on peut regretter d'avoir lu? Ou pourquoi ai-je continué ? Pourquoi ai-je poursuivi ma lecture ? Curiosité malsaine, obscène.
Pourquoi Bouysse a-t-il écrit cela ? Quel est l'intérêt ? Qu'est-ce que ça apporte ? Comme si l'auteur se complaisait dans le glauque.
Je précise que je ne transmets ici que mon ressenti personnel et je ne juge pas l'auteur qui au demeurant écrit vraiment très bien, cela ne fait aucun doute. le livre est construit comme un thriller et ce qui est horrible, c'est qu'on a envie de savoir. Encore et encore...
C'est un peu comme quand on passe devant un accident de la route; l'air de rien, on ralentit, on regarde.
C'est le sentiment que j'ai eu à la lecture de ce livre, ce côté voyeur et j'en suis un peu honteux.
Tant pis, c'est fait.
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Lorsque nous ouvrons ce roman, nous faisons la rencontre de Rose, une jeune fille de 14 ans en découvrant ses cahiers trouvés par le prêtre dans lesquels elle écrit son histoire.

Ce roman est remarquable, de par le fond que par la forme. La narration est immersive, elle nous plonge dans ce récit difficile. À chaque chapitre, nous changeons de protagoniste et regardons la vie de Rose à travers différentes perspectives.

Les mots de Rose sont simples, car elle s'exprime telle une enfant en manque de vocabulaire d'adulte. Je partage avec vous un écrit de Rose :

« Je sens bien que j'ai fini de vider mon sac de mots, qu'il m'en a manqué pour vraiment dire les choses comme je les ressentais au moment où je les ressentais, que des fois ceux que j'utilise collent pas exactement, que j'aurais besoin d'en connaître d'autres, plus savants, des mots avec plus de choses dedans. Les mots, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je ne comprends pas toujours et que j'aime quand même, juste parce qu'ils sonnent bien. La musique qui en sort souvent est capable de m'emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. »

Si vous souhaitez lire ce roman, attendez-vous à être rudement secoué. Il est impossible de ne pas s'imaginer à la place de Rose.

Ici, nous sommes transportés dans les abysses de l'âme humaine. Nous nous y rendons de manière tellement profonde que nous ne pouvons en sortir sans y avoir laissée une part de soi-même.

L'auteur arrive à conter cette histoire avec une sensibilité remarquable.

Pour résumer, c'est un roman puissant et bouleversant.
Son succès est plus que mérité.

Petite parenthèse :

La magnifique couverture est réalisée par la talentueuse photographe tchèque, Sarah Saudek, dont je vous invite à regarder ses photographies de plus près.

Elle arrive à mettre en lumière la beauté des corps.

Comme elle le cite si bien :

"Nous avons tous, chacun de nous, un secret, et seule la photographie peut le capturer, sans tout dévoiler complètement..."

Lorsque nous avons lu ce roman, nous constatons que l'auteur a choisi la photo parfaite pour en faire la couverture de cet ouvrage.

Je termine par une citation apparaissant dans les premières pages du livre :

"Si encore il s'agissait de mots, s'il suffisait de jeter un mot sur le papier et qu'on pût s'en détourner, dans la calme certitude d'avoir entièrement empli ce mot à soi-même." - Franz Kafka
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Whaouh quelle claque magistrale je viens de me prendre!
Les mots manquent pour décrire ce roman noir archi noir.
L'écriture est puissante, ciselée, juste.
Les personnages sont inoubliables. Rose restera longtemps dans un coin de ma tête.
Les destins sont magnifiés par un sens du suspens, une maîtrise du rythme et une force du vocabulaire incontestables.
L'émotion est là, elle vous prend à la gorge.
La chute est juste époustouflante.

Ce journal d'une vie de souffrances est un formidable écrin pour le personnage de Rose, enfant, jeune fille, femme avilie, humiliée, battue, privée de ce qui lui est le plus «chair» mais qui reste une femme debout.

Cette pépite recèle tout ce que j'aime : de beaux mots juste ce qu'il en faut, de l'émotion, de beaux personnages. Pas de démonstration ou de tralala mais un style puissant, pour un résultat qui secoue.

Franck Bouysse merci pour ces mots et ces émotions.
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J'avais entendu de très bonnes critiques de ce livre et avais envie de le découvrir après un assez long "trou de lecture". Ce fût une bonne idée car j'ai été sensible à toute l'émotion qui ressort de cette belle écriture. Je me suis sentie aux côtés de Rose ; j'ai eu mal pour elle. Il y a de la violence et de la douceur dans ce livre. le contraste fonctionne parfaitement. C'est, ce que j'appelle, un beau livre qui m'a énormément émue mais rendue un peu triste en même temps et j'avoue que, ça, ça m'a toujours gênée. Je mets ensuite un certain temps à retrouver l'optimisme dont je veux colorer ma vie. C'est comme si j'avais une tendance dépressive au fond de moi que ce genre de roman si fort fait remonter. Mais c'est très personnel. En tout cas, c'est une preuve que ce roman sensible sait toucher son lecteur. Bravo Franck Bouysse !
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Autant vous dire que ça a été une très belle découverte de mon côté.
J'avais lu un seul livre de l'auteur mais là, la claque ! L'univers rural noir dans lequel on plonge m'a rappelé Sandrine Collette par ce côté transpirant de haine et poisseux (même si l'autrice est encore plus trash). Parfois, on suffoque et on se demande si on pourra de nouveau respirer.

Comme le titre l'indique, c'est un livre qui va tourner autour de la maternité. On en rencontre 6, plus ou moins centrales, qui incarnent toutes une vision de la maternité unique : tantôt protectrice, tantôt malsaine/destructrice, on peut dire qu'il y en a pour tous les goûts. Mais c'est Rose bien entendu qui a eu ma préférence et que j'ai suivi du début à la fin.
On se doute qu'on ne va pas lire une promenade dans les prés et la violence qui jonche le roman ne me fera pas dire le contraire. Parfois, on se doute de ce qu'il va arriver, mais on ne peut que grincer des dents lorsque ça se déroule vraiment. J'ai trouvé cet aspect peut-être plus important que le côté maternité (ou peut-être m'a-t-il plus parlé).

Les hommes sont presque tous des personnes que je n'ai aucune envie de croiser dans ma vie. A part Gabriel et son “assistant”, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre ! On y dénonce la condition féminine : la femme qu'on utilise et qui doit se taire, la femme comme objet monneyable, la femme comme utérus procréateur, la femme dont on veut se débarasser et qu'on juge hystérique.
Mais, comme souvent, la volonté psychologique et de liberté est souvent mésestimée. Vaut-il mieux subir et vivre ou se battre au risque de mourir ?

Le seul bémol de ce livre est peut-être la fin que je trouve un peu onirique et qui détonne avec le reste du roman. J'imaginais quelque chose de plus violent mais, pourquoi pas finalement.

Un grand livre que j'ai adoré et dont je comprends mieux le succès.

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Un roman puissant, brut, âpre mais à la fois lumineux, Né d aucune femme raconte les destins entremêlés de Rose, Edmond, Gabriel entre autres et la force de l amour.

La poésie des mots adoucit un récit souvent dur.

Une magnifique lecture jusqu'à la fin!
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"Né d'aucune femme"est un Roman choral où l'on découvre la vie de Rose, fille de paysans de 14 ans" mais qui en paraît 16" au travers des cahiers qu'elle a écrit secrètement lors de sa détention en Asile.
En résonnance a son récit, nous entendrons la voix de son père, qui l'a vendu pour une bouchée de pain a un inconnu,
celle de sa mère, qui vit l'absence d'une fille et la trahison d'un mari.
Nous entendrons la voix d'Edmond seul oxygène et espoir de Rose et celle de Gabriel, curé qui découvre les cahiers et doit décider de ce qu'il peut en faire pour rendre justice a leur histoire.
Parce que la vie de Rose mérite qu'on lui la lui rende cette justice.
Elle a vécu l'impensable au sein de ce domaine, au joug de ses bourreaux : une vieille femme et son fils qui l'ont acheté en ayant derrière la tête un dessein bien précis.
Elle nous emmène avec elle dans ce que l'humain a de plus noir mais nous guide par sa résistance, lumière du roman.

J'ai adoré ce livre.
J'ai été complètement happée par cette histoire que j'ai lu en un rien de temps, le livre toujours entre mes mains a en oublier ma vie de famille.
Le style d'écriture est simple, et très rythmé ce qui en fait un véritable " page Turner".
Rose a su m'emmener avec elle et fissurer mon coeur.
Franck Brouysse, détenteur d'une dizaine de prix littéraires signe ici, probablement son meilleur roman.
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n'étais pas prête...
Quel roman poignant ! Même si l'histoire est terrible, que certaines scènes sont insoutenables, on y retourne pour découvrir la suite.
Mais quelle suite?
Celle de l'histoire de Rose dont le journal a été retrouvé par Gabriel, prêtre, à l'occasion du décès d'une femme dans un asile.
Que s'apprête à lire cet homme d'église, convaincu par les préceptes religieux ?
Qu'est-il arrivé à cette jeune fille, aînée d'une famille paysanne de quatre enfants ?
"Né d'aucune femme" c'est donc l'emboitement de deux récits dont l'un intrigue, interpelle et secoue le lecteur sans chercher à épargner qui que ce soit.
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Né d'aucune femme est encore un bijou de roman noir qui nous fait le cadeau d'une héroïne inoubliable, Rose.
Fille d'un pauvre métayer, elle va connaître un destin épouvantable mais son intelligence , sa vivacité d'esprit stupéfiante et sa force de caractère lui permettront, en dépit de ce qui lui est infligé, de ne pas sombrer dans la folie. Comme toujours, même dans la noirceur la plus extrême, il y a chez Franck Bouysse, des passages d' une grâce absolue. C'est un roman poignant difficile à lâcher, un roman où selon les chapitres, le lecteur accompagne l'un ou l'autre des personnages, pénétrant ses pensées les plus intimes, ses failles, ses douleurs, ses espoirs... Extrait des cahiers de Rose : "Les mots, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le journal du maître, ceux que je comprends pas toujours et que j'aime quand même, juste parce qu'ils sonnent bien... La musique qui en sort souvent est capable de m'emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve... Ils sont de la nourriture pour ce qui s'envolera de mon corps quand je serai morte, ma musique à moi..."
Un roman brillant, une plume superbe, un art consommé du suspense, laissant le lecteur abasourdi et subjugué par tant de noirceur conjuguée à tant d'humanité. Que vous connaissiez ou non déjà l'auteur, il faut absolument que vous rencontriez de toute urgence la lumineuse Rose...
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