Lorsque nous ouvrons ce roman, nous faisons la rencontre de Rose, une jeune fille de 14 ans en découvrant ses cahiers trouvés par le prêtre dans lesquels elle écrit son histoire.
Ce roman est remarquable, de par le fond que par la forme. La narration est immersive, elle nous plonge dans ce récit difficile. À chaque chapitre, nous changeons de protagoniste et regardons la vie de Rose à travers différentes perspectives.
Les mots de Rose sont simples, car elle s'exprime telle une enfant en manque de vocabulaire d'adulte. Je partage avec vous un écrit de Rose :
« Je sens bien que j'ai fini de vider mon sac de mots, qu'il m'en a manqué pour vraiment dire les choses comme je les ressentais au moment où je les ressentais, que des fois ceux que j'utilise collent pas exactement, que j'aurais besoin d'en connaître d'autres, plus savants, des mots avec plus de choses dedans. Les mots, j'ai appris à les aimer tous, les simples et les compliqués que je lisais dans le
journal du maître, ceux que je ne comprends pas toujours et que j'aime quand même, juste parce qu'ils sonnent bien. La musique qui en sort souvent est capable de m'emmener ailleurs, de me faire voyager en faisant taire ce qu'ils ont dans le ventre, pour faire place à quelque chose de supérieur qui est du rêve. »
Si vous souhaitez lire ce roman, attendez-vous à être rudement secoué. Il est impossible de ne pas s'imaginer à la place de Rose.
Ici, nous sommes transportés dans les abysses de l'âme humaine. Nous nous y rendons de manière tellement profonde que nous ne pouvons en sortir sans y avoir laissée une part de soi-même.
L'auteur arrive à conter cette histoire avec une sensibilité remarquable.
Pour résumer, c'est un roman puissant et bouleversant.
Son succès est plus que mérité.
Petite parenthèse :
La magnifique couverture est réalisée par la talentueuse photographe tchèque, Sarah Saudek, dont je vous invite à regarder ses photographies de plus près.
Elle arrive à mettre en lumière la beauté des corps.
Comme elle le cite si bien :
"Nous avons tous, chacun de nous, un secret, et seule la photographie peut le capturer, sans tout dévoiler complètement..."
Lorsque nous avons lu ce roman, nous constatons que l'auteur a choisi la photo parfaite pour en faire la couverture de cet ouvrage.
Je termine par une citation apparaissant dans les premières pages du livre :
"Si encore il s'agissait de mots, s'il suffisait de jeter un mot sur le papier et qu'on pût s'en détourner, dans la calme certitude d'avoir entièrement empli ce mot à soi-même." -
Franz Kafka