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EAN : 9782021507454
224 pages
Seuil (26/01/2024)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Aby est aide à domicile auprès de personnes âgées, Ali manutentionnaire dans une grande enseigne d’un supermarché du Sud de la France, Hajer médecin à l’hôpital public… Tous 3, comme les autres témoins dont les récits structurent 2 euros de l’heure, se battent, affrontant la violence administrative, pour obtenir des papiers.

Nejma Brahim a rencontré des centaines de travailleurs de l’ombre, partout en France. Elle dévoile un système d’exploitation éte... >Voir plus
Que lire après 2€ de l'heure : La face cachée de l'''intégration'' à la françaiseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« 2 € de l'heure - La face cachée de l'intégration à la française »
Une urgence de lecture !
Ce documentaire journalistique lève le voile sur les faillites de l'État pour les centaines de travailleurs « sans papiers ».
Le triomphe de la vérité, ses blessures et injustices pointées du doigt.
Chaque jour nous croisons ces hommes et ces femmes « sans papiers », anonymes ou amis (es).
Ils font partie du socle de notre République, et pourtant !
Neyma Brahim est journaliste au Pôle International de Mediapart.
Elle veut comprendre, écouter la parole des migrants. L'ubuesque administratif, le mépris, le rejet, l'inattention pour ces êtres en péril, abusés par les employeurs qui profitent d'un système flouté par un manque de considération pour ces travailleurs de l'ombre et de sueur.
Cet essai décortique les carcans, veut épuiser les diktats. Prouve par A+B, l'exploitation indigne de ces hommes et femmes. Un radeau de Géricault qui sombre dans notre pays pourtant si orgueilleux et hautain. Notre indifférence et surtout cet esclavage moderne à la vue de tous et de toutes.
« Deux euros de l'heure. C'est en moyenne, ce que peuvent gagner des travailleurs illégaux en France, dans le secteur de la construction, de l'entretien, de la restauration ou du soin à la personne. »
Un labyrinthe semé d'épreuves, au pays des Droits de L'Homme.
« Pour demander un titre de séjour, on nous demande de ramener les fiches de paie. Mais pour avoir des fiches de paie, il faut travailler, et pour travailler, il faut un titre de séjour...Le système tel qu'il est laisse les pleins pouvoirs aux employeurs, qui peuvent exploiter les travailleurs comme bon leur semble. »
Les chapitres sont des témoignages, des faits, les preuves et dénoncent le titanesque administratif. le racisme latent ou visible, les petites combines pour avancer coûte que coûte, malgré le brouillard opaque d'une société qui pousse du pied, l'autre, cet étrange (er).
« Une des dames dont je m'occupais avant habitait à Saint-Maur-des-Fossés donc je connaissais déjà cette ville. Pour un appartement de deux pièces de trente-deux mètres carrés, elle paie un loyer de 710 euros par mois. Son fils dort dans la chambre et elle dans le salon. Avec ses différents emplois cumulés, Sara atteint difficilement le Smic. »
Cet essai, sans armures, écarte les branches des aspérités, des inégalités, et rassemble l'épars. Les périples de ces sans-papiers, pour obtenir le sésame ou pas.
« À ce jour, il estime aberrant que des personnes étrangères ressentent le besoin d'être accompagnées en préfecture. Cela signifie, à ses yeux, que la charte « Marianne » n'est pas respectée, et que les pousse-papiers doivent « organiser » le travail de la préfecture, en prenant soin de trier le dossier de la demande du requérant en amont du rendez-vous. »
D'aucuns abusent de cette masse salariale presque gratuite. Pas de charges, de fausses fiches de paie. Gagner 2 € de l'heure, pour apaiser la faim et la soif et dormir sur un matelas dans une chambre à 6. Ici, pas de paraboles d'humanisme et de compassion. La réalité concrète d'un abus de pouvoir. Parfois certains patrons se battent contre cette injustice. Que dire du mineur qui pouvait travailler, apprendre un métier et se retrouve le jour de ses dix-huit expulsable ?
Est-ce le reflet de la France ?
Hajer médecin à l'hôpital public, tous et toutes dans le cercle du combat. Que pensent-ils de la France ?
Ces centaines de travailleurs de l'ombre, tenaces et volontaires, et souvent aidés par des avocats humanistes et d'éthiques, comme un bouclier contre la peur de l'expulsion. le pain moisi jeté aux chiens.
La préfecture dont le pouvoir est un bandeau noir sur les yeux de ces « sans-papiers ».
le mépris et l'hostilité, la barrière de la langue. le passage dans le souterrain pour obtenir le droit ou pas de vivre tout simplement avec les valeurs républicaines.
Ce livre devrait être lu par tous et toutes. Déposé dans chacune des préfectures, des lieux où les décisions échappent au vivre-ensemble. Que les employeurs lisent ces témoignages ainsi que le monde agricole qui exploitent sans relâche ces esclaves modernes, ces vulnérables frères et soeurs en humanité. Les valeurs républicaines bafouées, la montée de l'Extrême Droite comme un boomerang qui va nous frapper en pleine tête.
Le silence d'un gouvernement fébrile et pragmatique, égoïste et condescendant. le manque de courage pour faire de Sabine, aide à domicile qui travaille jour et nuit, l'étendard de notre république.
Chacun, chacune, détient un morceau d'étoile à partager.
Cet ouvrage puissamment nécessaire, est sans lyrisme, terriblement humain. Sociologique, politique, il est un livre blanc à bâtir.
Publié par les majeures Éditions du Seuil.
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« 2 € de l'heure, la face cachée de ‘l'intégration' à la française », ouvrage qu'il est important de lire car il démontre point par point l'hypocrisie criante du système français qui profite des sans-papiers dans la plus grande impunité. Nejma Brahim, journaliste à Mediapart, relate l'expérience de ceux qui ont subi de plein fouet la violence et le mépris total de l'administration française.

Comme l'a dit Aboubacar Dembele, porte-parole des grévistes de Chronopost d'Alfortville : « Si ils peuvent pas accueillir toute la misère du monde, est-ce qu'ils peuvent arrêter de créer la misère partout où ils vont ? ». Et oui, car les immigrés ne quittent pas leur pays dans le but de frauder la sécurité sociale comme beaucoup semblent l'affirmer dans le débat public.
La réalité, c'est qu'ils fuient des conditions de vie mauvaises voire dangereuses -auxquelles la France a contribué même si elle préfère le cacher sous le tapis- dans l'espoir de pouvoir travailler et vivre dignement. Or, pour la très grande majorité d'entre eux, c'est la grande désillusion lorsqu'ils arrivent en France.

A la lecture des récits, il est frappant de constater que le système actuel conduit à l'esclavagisme moderne. Les travailleurs sans-papier son poussés vers l'illégalité et l'usurpation d'identité pour obtenir les fameuses fiches de paie qui leur permettront de déposer une demande de régularisation, à condition pour cela d'obtenir l'accord de l'employeur. C'est là que le cercle vicieux se matérialise : « pour demander un titre de séjour, on nous demande de ramener les fiches de paie. Mais pour avoir des fiches de paie, il faut travailler et pour travailler, il faut un titre de séjour ».
Ce schéma laisse alors place à l'exploitation : l'employeur profite de la main d'oeuvre à qui il verse un salaire selon son bon vouloir voire pas du tout ; le propriétaire loue des surfaces ridicules à des prix exorbitants dans lesquelles plusieurs personnes sans-papiers sont entassées ; des individus se font passer pour des intermédiaires en prêtant leur identité moyennant rémunération.
Bref, c'est inhumain à tous les niveaux. D'autant plus que dans chacune de ces situations, les personnes sans-papiers ne peuvent rien dire, elles sont obligées de subir l'humiliation permanente qu'on leur impose en raison de la peur constante de la dénonciation, des contrôles de police et de l'expulsion qui plane au-dessus d'elles.
Lorsque les sans-papiers arrivent à trouver un emploi, ils se retrouvent dans les « métiers en tension » dans lesquels les conditions de travail sont terribles et les salaires absolument indignes. Mais ce n'est pas toujours le cas, car même des médecins peuvent tomber sous le coup d'une OQTF, après avoir servi les hôpitaux français en étant sous-payé.
Puis, quand vient l'heure de se rendre à la préfecture, laquelle fonctionne sur la base de la politique du chiffre, les agents eux-mêmes conseillent de « taper un scandale » afin qu'on les laisse entrer. C'est l'humiliation permanente.
Alors même qu'ils travaillent, les sans-papiers n'ont aucun droit, l'administration nie leur existence. Pourtant ils sont bien là, le meilleur exemple étant celui des travailleurs de plateforme qui font fonctionner le capitalisme de plateforme sans aucune protection sociale.

La France est un pays profiteur et hypocrite vis-à-vis des personnes sans papiers, bien qu'elle tente de se dédouaner en pointant du doigt la soi-disant menace que représenterait les sans-papiers. C'est désolant et dramatique, et cela pousse à la déshumanisation ainsi qu'à la division des travailleurs.
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Une enquête menée sur des individus invisibilisées par la société, à la fois par leur poste mais surtout par le fait qu'ils n'existent pas, en tout cas au sens administratif du terme car on parle principalement de sans-papiers. Les sans-papiers est un terme fourre-tout qui a une connotation plus ou moins négative selon par qui il est utilisé et surtout les fins qu'il sert. Ici, il n'est pas question de rentrer dans un débat de pour ou contre mais de montrer que derrière ce terme se cache des êtres humains avec des parcours qui n'ont rien de singulier.

Nejma Brahim, journaliste chez Médiapart, enquête sur les conséquences sur le travail des sans-papiers dans la société française. Contrairement à l'imaginaire collectif, les personnes se retrouvant sans aucune identité valable ne le sont pas parce qu'elles le souhaitent. On découvre ici que le système français laisse faire par manque de moyens dans les préfectures mais surtout pour respecter des quotas annuels de régularisation. Mais derrière ces faits, des milliers de personnes se retrouvent privées de leur vie et doivent composer pour continuer de boucler les fins de mois.

Ainsi derrière un terme flou et vague, se cache une multitude de parcours de vie. Il y a des personnes ayant fui leur pays pour un avenir meilleur jusqu'à celles venues poursuivre leurs études et qui se retrouvent bloquées dans une situation de non droit où la peur prime, tout comme un avenir incertain à la clé. Mais ce qui est révélé ici, c'est que cette situation est exploitée par certains, surtout dans les secteurs où il est difficile de recruter pour cause de pénibilité. Ainsi chaque jour, des hommes et des femmes travaillent en toute illégalité, sans sécurité sur leur lieux de travail mais surtout pour un salaire bien en-deçà du minimum légal – quand ils arrivent à se faire payer. Toute une économie parallèle existe et elle n'est pas cachée car ces personnes oeuvrent dans des secteurs visibles. Ce qu'on apprend est que certains travaillent "au noir" mais qu'un autre phénomène existe, celui des travailleurs sous alias. Ces derniers utilisent les papiers d'un autre (avec sa complicité) pour pouvoir travailler sans jamais cotiser pour eux mais seulement pour leur prête-nom.

Cette lecture montre surtout que ces personnes inexistantes sont exploitées à la fois dans le monde du travail mais aussi par certaines autres non scrupuleuses. Cela crée une dépendance et une vie à la marge alors que ces individus travaillent et créent de la valeur pour la société française qui ne veut/peut pas les reconnaître. Certaines actions sont mises en place, notamment côté associatif, mais on montre que derrière chaque victoire se cachent des dossiers en attente de régularisation.

Une enquête qui pousse à réfléchir et qui permet surtout de donner une voix à ceux qui en sont privés et de montrer que leur présence est visible même s'ils ne sont pas reconnus administrativement parlant.
Lien : https://delivresendecouverte..
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[Merci Babelio pour m'avoir offert ce livre dans le cadre de l'opération Masse Critique !]

Voilà un livre très intéressant qui pointe du doigt un phénomène peu connu : le fait qu'il y ait des personnes en France qui soient payées 2€ de l'heure. Travail sous alias ou au noir, casse têtes administratifs, mal logement... Qu'ils soient maçon, médecin, cuisinier ou même patron nombre de travailleurs étrangers vivent un vrai parcours du combattant illustré dans ce livre par de nombreux témoignages issus d'un gros travail journalistique. L'autrice est en effet rédactrice à Mediapart. le côté militant se ressent particulièrement au début du livre.
J'ai bien aimé cet ouvrage qui m'a appris beaucoup de choses sur ce pan de la France trop souvent invisibilisé. Je regrette simplement le côté un peu "fouillis" surtout dans la première moitié du livre où on passe un peu vite du coq à lane et d'un témoignage à l'autre. Il m'est parfois arrivé de perdre un peu le fil. Ça n'empêche cependant pas la lecture que je recommande fortement à tout le monde. Vous m'en direz des nouvelles !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Deux euros de l'heure : voilà à quoi sont réduits ces employés qui pourtant travaillent sans sourciller et pallier les manques de main-d'oeuvre là où ils se font sentir
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Vidéo de Nejma Brahim
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