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EAN : 9791038700017
288 pages
Zulma (11/02/2021)
3.88/5   162 notes
Résumé :
« Elle » fait bon vivre en Égalie. La présidente Rut Brame travaille nuit et jour à la bonne marche de l’État, quand son époux Kristoffer veille avec amour sur leur foyer. Il y règne d’ailleurs une effervescence toute particulière : à quinze ans, leur fils Pétronius s’apprête à faire son entrée dans le monde. Car voici enfin venu le bal des débutants.
Mais l’adolescent, grand et maigre, loin des critères de beauté, s’insurge contre sa condition d’homme-objet... >Voir plus
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Les Filles d'Égalie, un roman norvégien de Gerd Brantenberg, publié en 1977 et enfin traduit en français pour la première fois par Jean-Baptiste Coursaud en 2021, est une dystopie féministe absolument ébouriffante.
Elle fait bon vivre en Égalie où les hommes ont pris la place des femmes. Les femmes travaillent et gouvernent tandis que les hommes gardent les enfants, s'occupent des tâches ménagères tout en soignant aussi bien leur apparence corporelle que vestimentaire. Ils apportent un soin particulier à leurs cheveux et à leur barbe et pas question d'avoir des poils sur le torse ou de laisser apparaître leur calvitie. Si l'on veut être aguichant mieux vaut être petit, replet et rondelet. Quant aux vêtements de ces garsons, si les corsages fleuris, et les ballerines tout comme les petites minaudières sont affriolants, le soutien-verge obligatoire maintenu par une martingale fixée sous leur robe chasuble les gène et leur fait honte.
Dans les rues, par beau temps, les garses déambulent torse nu, les seins au vent tandis que les garsons sont contraints de porter chemise ou corsage sans devoir pour autant laisser perler la moindre goutte de sueur sous les aisselles.
Pétronius est un garson de quinze ans. Il est le fils de Rut Brame la présidente du directriçoire de la société coopérative d'état veillant à la bonne marche de l'état et de Kristoffer son époux dévoué.
Dans ce monde pour femmes, pas facile pour lui de trouver sa place et son rêve serait de devenir marine-pêcheuse, mais les postes à responsabilité ou les métiers physiques comme celui-ci sont réservées aux femmes…
Voilà qu'il s'apprête à faire son entrée dans le monde, en assistant à son premier bal des débutants. Mais quelle honte ce sera s'il n'est pas invité dans une cabine de touche, seul moyen de s'assurer un PPP, un pacte protège-paternité !
La rencontre avec Rosa, une femme hors du commun va peut-être lui ouvrir la porte pour conquérir enfin son indépendance… Il en viendra même avec des amis à créer un mouvement masculiniste !
C'est donc la destinée et la révolte de Pétronius que nous allons suivre avec ce roman.
Avec cette dystopie, Les Filles d'Égalie, Gerd Brantenberg renverse les codes - y compris ceux de la langue - en donnant les pleins pouvoirs au féminin. C'est vraiment le monde à l'envers dans tous les domaines, la sexualité incluse !
Dans ce matriarcat, où les femmes détiennent le pouvoir et oppriment les hommes, l'autrice donne les pleins pouvoirs au féminin, même grammaticalement, puisqu'il l'emporte sur le masculin. Que ce soient les formes impersonnelles, les mots, les expressions, chaque détail du langage est féminisé et révèle ainsi de façon ahurissante la misogynie de celui-ci. C'est ainsi qu'elle a bien fallu s'habituer, si elle vous plaît, à tous ces matronymes nouveaux, à ces métiers d'artistesses, de capitainesses et de pédégères pour comprendre cette fumanité vivant en Égalie, et surtout elle ne fallait pas s'étonner quoiqu'elle en soit si les garsons savaient mitonner des dîners de maîtresse !
Si j'ai pu trouver quelques longueurs parfois, et au début, avoir été quelque peu déstabilisée par cette méthode pourtant simple qui permet de critiquer notre société en la parodiant, je reconnais l'efficacité totale de cette recette !
À lui seul notre langage montre l'oppression invisible qui règne sur la gente féminine et comment les habitudes contribuent à la rendre moins perceptible.
Chapeau au traducteur Jean-Baptiste Coursaud pour qui le travail n'a pas dû être simple, mais quel bonheur de découvrir ces « reinaume, membresse, députette, hommelette ou encore mademoiseau », il lui a fallu, c'est certain, beaucoup de « maîtressise » !
Ce roman, on ne peut plus d'actualité est une véritable satire de notre société contemporaine. N'est-il pas incroyable que, plus de quarante ans après cette publication, la parité ne soit toujours pas encore chose réalisée ?
Les Filles d'Égalie est à lire absolument si l'on veut lutter contre la répartition injuste des biens et des devoirs et cette lutte doit être menée en permanence.
C'est un roman que je qualifierais de dingue, de mordant, débordant d'humour et tellement jubilatoire, un grand roman féministe que j'ai pu découvrir grâce à Lecteurs.com et aux éditions Zulma que je remercie sincèrement !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Branle-bas de combat au sein de la famille Brame: entre sa dirigeante de mère et son père au foyer, Petronius, quinze ans, enrage de ne pouvoir endosser le costume et la carrière de ses rêves, celle de marine-pêcheuse, plutôt que ce peu seyant soutien-verge que son père le conjure d'acquérir au plus vite. Car en Egalie, où les femmes ont pris le pouvoir total, y compris sur le langage (on ne dit pas "il fait beau" mais "elle fait beau"), elle faut souffrir pour être beau, n'est-ce pas.

Cela commence en grosse poilade, pour brutalement tourner au drame puis au pamphlet, la thèse du roman prenant largement le dessus sur une trame narrative qui patine pour finalement retomber sur ses pattes, non sans avoir fait passer le lecteur par toutes les couleurs : le rire, le choc, le malaise, la réflexion, mais aussi un peu d'ennui.

Dans cette dystopie au parfum très seventies, l'auteure sort l'artillerie lourde pour dénoncer la mainmise du patriarcat sur la société et mettre en avant la nécessaire libération de la femme. le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'y va pas avec le dos de la cuiller, en plaquant à l'identique inversé le pire des comportements machistes sur les femmes vis à vis des hommes : c'est détonant, assez lourdingue, plutôt bien pensé mais assez mal rendu d'un point de vue romanesque, tout en restant plaisant et instructif à lire en regard des évolutions sociales survenues depuis la sortie de ce brûlot en 1977, dont le succès n'avait, faut-il s'en étonner, pas touché alors le sud de l'Europe. Une tranche de féminisme vintage qui avec les années a perdu en pertinence mais certes pas en irrévérence.
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Imaginez une population divisée en deux, dans laquelle une moitié, du fait de son genre, se voit confinée à se pomponner, se soucier de son apparence et suivre les modes, doit renoncer aux études ou au métier de ses rêves, et être cantonnée aux soins du ménage et des enfants. Invraisemblable, non ?
C'est ce qui arrive en Égalie.
Aux hommes.
Parce que voyez-vous, leurs attributs encombrants en font "le sexe vulnérable", victime de sa biologie et de ses émotions. le roman commence lorsque Petronius tout rougissant doit, conseillé par son père, acheter son premier soutien-verge : c'est inconfortable, ça serre et ça gratte, mais... "elle faut souffrir pour être beau".
Car Gerd Brantenberg ne se contente pas d'inverser les rôles pour dénoncer la société patriarcale, elle retourne également la langue et son "masculin universel" (et bravo au traducteur Jean-Baptiste Coursaud qui fait preuve d'une grande maîtressise… !) : "Avec le mot être fumain, on a l'impression que tous les êtres fumains sont des femmes. Pourquoi on ne pourrait pas dire, par exemple, être mumain ? Ou être humain, tiens ?"
Elle y a quelques longueurs dans la première partie qui campe les personnagesses, elle y a quelques redondances dans la seconde - où se forme un club de masculinistes rebelles aussitôt accusés d'être des "gouins" - mais c'est drôle, c'est féroce, et ça donne à penser tant certains thèmes sont toujours d'actualité…
LC thématique mai 2023 : "Littérature étrangère non francophone"
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" La fumanite. Ma déesse. Les vignes de la Seigneuresse. Soutien-verge. Depuceaute. Une coureuse de calecons. Se cypriner. Clitocrate. Bloody Marius. Elle fait beau. Matriotisme. Les gouins. le reinaume animal. Karla Amaryx."
Voici quelques exemples savoureux des créations linguistiques de Gerd Brantenberg dans sa dystopie matriarcale parue en 1977 en Norvège.
Dans ce roman, elle présente une société où les femmes ont toujours eu le pouvoir, y compris dans la langue. Non comme une victoire féministe mais comme un état de fait, induit par la biologie. Ce sont les femmes qui mettent les enfants au monde, qui assurent la survie de l'humanité. Il est donc logique qu'elles exercent tous les pouvoirs. Elles cultivent la terre et les océans puisqu'elles incarnent la fécondité, elles occupent tous les postes à responsabilité puisque les hommes sont frivoles et s'épanouissent dans la paternité. La contraception est prise en charge par les hommes puisque ce sont eux qui produisent les spermatozoïdes.
L'éducation des garçons est centrée sur les travaux ménagers et l'éducation des enfants, les sports leur sont déconseillés et on leur apprend à se mettre en valeur pour plaire aux femmes.
L'auteure décline tous les codes politiques, économiques, sociologiques, historiques et scientifiques qui attestent de la supériorité des femmes, de la même manière que notre histoire patriarcale le fait depuis des siècles.
Ce miroir inversé met ainsi l'accent sur toutes les supercheries qui ont jalonné l'histoire des femmes en utilisant l'effet comique pour en démontrer l'injustice.

Dès que ces codes sont posés , en commençant le roman par un cocasse bal des débutants où de jeunes garçons empotés font tapisserie, on comprend rapidement à quel point la langue influe sur la pensée et impacte le fonctionnement de la société.
Lorsque la grammaire se met au diapason du féminin, lorsque celle-ci l'emporte dans toutes les circonstances, le système de domination s'inverse. de la même manière, les garçons obligés de porter un soutiv ( soutien-verge) inconfortable alors que les filles vont seins nus, et les contraintes corporelles de genre sont ridiculisées.

"Ce sont les femmes qui décident de ce qui est essentiel et de ce qui est accessoire. Ce sont les femmes qui écrivent l'histoire."
Il fallait donc ici aussi introduire un mouvement de protestation dans cette pseudo-démocratie, puisqu'il s'agit d'une satire de notre société. L'apparition des masculinistes, en miroir des féministes et non en référence au mouvement actuel, reprend toutes les pérégrinations, les débats et les courants de l'histoire du mouvement. Avec ce constat implacable :
" le problème, c'est que nous n'entendons pas ou peu parler de ces révoltes et de ces sociétés patriarcales parce que nous vivons dans une société matriarcale. Les historiennes sont des femmes. Les anthropologues n'écrivent pas sur le sujet. Et les anthropologues sont elles aussi des femmes. "

Il faut saluer l'inventivité de l'écriture, l'intelligence de la satire et le comique du roman, même si l'histoire n'est pas toujours à la hauteur des enjeux politiques.
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Quel régal que ce livre ! C'est dommage que j'écrive ma note de lecture plusieurs mois après avoir refermé ses pages, car je crains de ne pouvoir restituer tout le plaisir que j'ai eu à le lire ! Cela fait beaucoup de points d'exclamation pour commencer cette note de lecture, mais c'est amplement justifié !
Nous voici donc en Egalie, un pays qui semble en tout point similaire au nôtre, juste à l'inverse : dans cette société matriarcale, ce sont les hommes qui restent au foyer tandis que les femmes sont les cheffes de famille, faisant vivre leurs familles grâce à leur labeur et prenant toutes les décisions importantes, tant domestiques que politiques. Mais s'il n'y avait que cela, ce roman ne serait qu'une uchronie féministe de plus. Car ici, l'inversion est totale : pensez soutien-gorge, Gerd Brantenberg invente le soutien-verge ; pensez menstruation et c'est le fait que les hommes ne saignent pas qui est vu comme un handicap, comme quelque chose qui manque et qui rend leur connexion au monde incomplète ; pensez relations sexuelles, Gerd Brantenberg y décrit la domination féminine et le plaisir féminin au détriment de celui de l'homme ; pensez langage (et là c'est vraiment savoureux) et il exprime la domination d'un sexe sur l'autre, que ce soit dans le quotidien où « le féminin l'emporte sur le masculin », dans le nom des métiers (celui de marine-pêcheuse est assez prisé), dans les jurons… Dans ce monde, ce sont les hommes qui doivent se pomponner ou faire attention à leur ligne ; ce sont les hommes qui doivent se conformer aux attentes de l'autre pour espérer décrocher un beau mariage (ah, le bal des débutants…) ; ce sont les hommes qui papotent dans la cuisine et dont les femmes ne comprennent pas les moments d'abattement ou les rêves impossibles (pourquoi sont-ils si fatigués ou tristes, aux qui ne font rien de la journée, à entretenir la maison et faire les repas ?).
Gerd Brantenberg semble avoir pensé à tous les aspects possibles pour créer son monde miroir. Elle l'a nommé Egalie alors qu'il est tout aussi inégalitaire que le nôtre puisque son exact inverse, une belle ironie car finalement, elle suggère que si les femmes seules sont au pouvoir, elles en abuseront exactement autant que les hommes (ce avec quoi je suis d'accord, n'en déplaise à ceux et celles qui pensent qu'un monde gouverné par les femmes serait plus doux, parce que, hein, les femmes, c'est toujours doux, et maternant n'est-ce pas, c'est dans leurs gènes…). Et non contente de décrire ce monde, avec une bonne dose d'ironie, Gerd Brantenberg y orchestre un mouvement de libération masculiniste, traversé par les mêmes questions et les mêmes débats que les mouvements féministes des années 70 sur les idées à défendre et la meilleure façon de les défendre.

Ce livre est impressionnant de par sa construction et le fait qu'il arrive à tenir la distance, ce n'est pas juste une bonne idée un peu trop étirée, c'est un roman qui tient la route du début à la fin, qui amène constamment de nouveaux éléments de réflexion sur la table, un vrai tour de force.
Et il fait réfléchir, et plutôt deux fois qu'une. le fait de renverser les choses est déjà intéressant en soi et très provocateur. Mais j'ai aussi aimé voir comment je réagissais. Car on voit bien comment ces hommes ont intégré leur propre infériorité, à quel point ils en sont convaincus et comme ils doivent eux-mêmes (et je vais employer un mot un peu trop à la mode ici) « déconstruire » leur propre image de la masculinité pour pouvoir lutter contre le matriarcat. Et de temps en temps, je me disais « non, là, l'autrice va trop loin, là quand même, on ne peut pas dire... » et je me dis que j'ai touché du doigt certains des points où moi-même j'ai besoin d'une déconstruction, où moi-même, qui me considère comme féministe même si je ne suis pas militante autrement que dans les actes de ma vie quotidienne, je suis marquée par un patriarcat qui m'influence encore grandement.
Et c'est intéressant de s'apercevoir que ce livre a été publié en Norvège en 1977. D'abord parce que ce livre contient beaucoup des idées que le féminisme actuel défend, par exemple en ce qui concerne la nécessaire évolution de la langue. Ensuite parce que ce livre n'a été publié en France qu'en 2022. Merci aux éditions Zulma, une maison d'édition qui a un don pour nous offrir des pépites de littérature étrangère, d'avoir remédié à cet « oubli », et merci au traducteur, Jean-Baptiste Coursaud dont j'imagine la complexité du travail pour rendre en français toute la saveur du texte original, mais je m'interroge quand même sur les raisons qui ont fait qu'aucun autre éditeur n'a jugé bon de publier ce texte qui a maintenant tout de même plus de quarante ans.
Quoi qu'il en soit, cette lecture a été pour moi jubilatoire en même temps que très instructive, un vrai bonheur de lecture ! J'emploie rarement des superlatifs, mais je crois que je peux affirmer que c'est la meilleure dystopie féministe que j'ai lue !
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critiques presse (1)
LaPresse
02 mai 2022
Il est difficile de croire que les lecteurs francophones soient passés à côté de cet exploit littéraire pendant 45 ans. D'autant que Les filles d'Égalie, de la Norvégienne Gerd Brantenberg, a été un succès international dans tous les pays où il a été traduit dans les années 1980.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
- Revenons-en aux faits ! Toute civilisation a le devoir de remédier à l’inégalité de la nature. Selon les informations dont je dispose, c’était le point de départ de votre cours, mademoiseau Tapinois. Qu’est-ce que cela signifie ? Vous semblez avoir oublié l’enseignement de votre jeunesse. L’inégalité de la nature repose sur l’incapacité de l’homme à accoucher, à donner naissance à des enfants. Ne pas avoir ce privilège signifie à son tour que l’homme a une fonction purement subordonnée dans la création de la vie fumaine. L’aventure d’un soir que nous avons connue vous et moi, elle y a de cela une éternité, illustre d’ailleurs ce propos à merveille. Nous pouvons l’affirmer sans peine et elle convient de le souligner. Au risque de me répéter : l’homme remplit une fonction tout à fait subordonnée. Si on se place du côté de la nature, l’homme n’a aucune prédisposition naturelle pour donner vie à la Femme, tout comme il ne peut ni préserver, ni maintenir, ni protéger cette vie. C’est sa destinée biologique, mademoiseau Tapinois. Et c’est aussi votre destinée. Libre à vous de vous plaindre d’être né homme. Mais ni vous ni moi ne pouvons rien y changer.
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Toutes les nations esclavagistes se caractérisent par la dépendance des propriétaires envers leurs esclaves, alors que l’inverse n’est pas le cas. Les esclaves ne sont pas dépendants de leurs propriétaires, parce que les premiers travaillent beaucoup alors que les seconds travaillent peu. Les propriétaires d’esclaves sont les réels parasites de la société et les esclaves sont les véritables pivots de la société.
Pour éviter que les gentes comprennent aussi facilement qu’elle en va ainsi, les propriétaires d’esclaves doivent inventer une doctrine reposant sur le principe opposé : elles font croire aux esclaves qu’ils sont des fainéants inutiles mais qu’elles leur sont indispensables. Tant que les esclaves y croient, les propriétaires d’esclaves sont tranquilles. Qui ose se révolter contre quelqu’une d’indispensable à sa propre existence ?
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Pourquoi en était-elle ainsi et comment cela avait-elle commencé ? Pourquoi tremblaient-ils à l’idée de semer une graine dans la terre ? Pourquoi acceptaient-ils que les femmes sachent cultiver la terre en vertu de leur seule nature ? Pourquoi devaient-ils apprendre à l’âge adulte ce que les femmes apprenaient enfants ? Pourquoi les règles étaient-elles une source de force alors que le sperme était une source de honte ? Pourquoi en allait-elle ainsi ? Qui l’avait inventé ? La cruauté s’était-elle alliée à une volonté universelle pour lutter contre eux ? Pourquoi était-ce si difficile de se rebeller et de devenir indépendant ?
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Pétronius rêvait qu’il habitait la cabane et que nulle ne venait jamais le déranger, qu’il pouvait rester seul à l’intérieur, regarder la mer à travers les carreaux et laisser ses pensées dériver au gré des vagues. Il avait toujours eu envie de vivre au bord de l’eau. Habiter en haut d’un immeuble avec vue sur une mer si lointaine n’était rien comparé à la vie au bord de l’eau où l’on pouvait observer le friselis, la crête et les ondulations des vagues, entendre le ressac, sentir l’air marin dans ses narines. Sa mère l’avait prévenu que ce genre de quotidien n’existait que dans les romans de pêcheuses. Que deviendrait la société si toutes les gentes vivaient au bord de l’eau , Certains êtres fumains n’avaient jamais vu la mer.
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Ils avaient honte de cette discussion. Ils avaient honte d’être ensemble. Ils s’évertuaient à avoir l’air de ne pas être là. Ils s’épuisaient à avoir l’air de n’être nullement venus au bal des débutants pour se faire mettre le grappin dessus. Seulement voilà, ils ignoraient quel air on avait quand on faisait semblant d’avoir l’air de ne pas faire ce qu’on faisait en fait. Pétronius et Cyprien étaient minés par la honte.
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