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Mémoires de Lady Trent tome 1 sur 6
EAN : 9782841727483
349 pages
L’Atalante (25/02/2016)
3.89/5   215 notes
Résumé :
« Soyez avertis, cher lecteur : les volumes de cette série contiendront des montagnes gelées, des marais fétides, des étrangers hostiles, des compatriotes hostiles et à l'occasion des membres de ma famille hostiles, de mauvaises décisions, des mésaventures géographiques, des maladies dépourvues d'attrait romantique et une abondance de boue. Vous poursuivrez votre lecture à vos risques et périls. »

Les mémoires de lady Trent, mises en scène par Marie B... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (74) Voir plus Ajouter une critique
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Marvelous !
Une vieille dame « so british » raconte sa vie avec cet humour, cette tendresse, cette lenteur des mots, cette expérience acquise au cours des ans, ce détachement propre aux personnes âgées…
On baguenaude parmi les riches souvenirs d'Isabelle Trent. On picore parmi eux, on prend son temps, on emprunte ses chemins buissonniers, avec un inébranlable sourire aux lèvres…
J'ai adoré.

Ne vous méprenez pas : il s'agit bien d'un livre de fantasy, avec son univers, ses princes, ses paysans… et ses dragons.
De superbes et fiers dragons aux écailles dorées décrits comme les princes ténébreux des cieux. Des princes déchus, vaincus, poussés toujours plus loin par les armes à feu des hommes. Des animaux mythiques, mystérieux, énigmatiques, dont on sait si peu de choses…

C'est avec une nostalgie teintée de beaucoup d'ironie que la vieille dame se souvient de la petite fille qu'elle était. Facétieuse, curieuse, intrépide, indisciplinée… le désespoir de sa mère… Ses cheveux blancs… Avec qui pourrait-on bien marier cette espiègle polissonne ?
La petite Isabelle est déjà passionnée par les dragons, et doit faire preuve de trésors d'imagination, doit biaiser, et même mentir pour assouvir cette folie… Parce que dans ce monde qui ressemble furieusement à celui de la société victorienne, une femme doit se marier et s'occuper de son ménage, jouer du piano, broder, s'intéresser aux fanfreluches, tenir sa maison, suivre la carrière de son gentleman de mari, mais certainement pas de porter un pantalon pour aller traquer le dragon dans la cambrousse…

C'est pourtant ce qu'elle fera, aidée par Jacob, son amoureux de mari, et le vieux Lord Hilford, un autre amoureux, n'en doutons pas un seul instant… Ce premier tome, c'est surtout l'histoire d'une femme qui refuse d'être une chose délicate, combat bravement les préjugés de son époque, et veut vivre la vie intellectuelle d'un gentleman.

Une vraie réussite, un vrai plaisir de lecture, une vraie profondeur… et beaucoup de drôleries…
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Au même titre que les fées, les elfes ou les vampires, les dragons font partis de ces créatures surnaturelles qui peuplent régulièrement les récits de fantasy. Si leur rôle se révèle la plupart du temps purement figuratif, certains auteurs n'hésitent pas à opter pour une démarche moins orthodoxe. C'est le cas de Naomi Novik qui, dans sa série « Téméraire », met en scène une Europe du début du XIXe siècle dans laquelle les dragons sont des êtres dotés de conscience et de parole utilisés comme montures pour des corps d'aviateurs professionnels (neuf volumes parus dont huit traduits en français). On retrouve ce même souci d'originalité chez Marie Brennan qui signe avec le premier tome des « Mémoires par Lady Tent » un excellent roman mettant en scène les légendaires sauriens d'une manière purement scientifique. le narrateur de ces mémoires n'est en effet autre que lady Isabelle Trent, grande naturaliste qui, en dépit des entraves dues à son sexe, est parvenue à s'imposer comme LA plus grande experte en matière de dragon. Après des années de recherches, d'expéditions, de controverses et de découvertes scientifiques majeures, l'exploratrice désormais âgée prend donc la plume pour revenir sur les étapes les plus marquantes de son parcours et ainsi nous livrer un aperçu détaillé de l'ensemble de sa carrière.

Ce premier tome se focalise sur deux périodes clés de sa vie : son enfance qui vit très tôt la naissance de sa passion pour les dragons, et sa première véritable expédition d'observation. Bien que la carte fournie en début d'ouvrage et les noms des contrées y figurant laissent penser que nous avons ici affaire à un monde sans aucun lien avec le notre, on ne tarde évidemment pas à faire quelques rapprochements. Ainsi, la région du Scirland dont notre héroïne est originaire ne manque pas d'évoquer l'Angleterre victorienne, une époque où le respect des convenances est considéré comme essentiel et où une jeune femme de bonne famille ne peut pas se permettre d'avoir des passe-temps aussi excentrique que l'étude des dragons. La Vystranie, destination de la première expédition qui commencera à asseoir la renommée de la scientifique, n'est quant à elle pas sans rappeler notre Europe de l'Est, que ce soit par son climat, sa géographie ou encore son système politique. Dans cet univers qui semble familier par bien des aspects, les dragons ne sont absolument pas considérés comme des créatures légendaires mais s'apparentent davantage à une espèce animale à part entière, avec des spécificités propres à chaque spécimen en fonction des régions du monde dont ils sont originaires.

C'est donc par le prisme de la science que Marie Brennan nous propose de faire connaissance avec les dragons dont on découvre ici plusieurs espèces, des petits lucions aux dragons-loups en passant par les agressifs veurs ou les majestueux dragons du désert Akhien. Alors que lady Trent entame tout juste sa carrière de naturaliste, on réalise assez vite que les connaissances que ses contemporains ont des dragons sont plutôt succinctes ce qui permet à l'auteur d'introduire au fil des découvertes de l'exploratrice des détails concernant les particularités de tel ou tel spécimen. Ce premier tome nous fournit ainsi quantités d'informations concernant leurs modes de vie, leurs rituels mais aussi leur constitution osseuse ou encore la façon dont fonctionne leurs ailes. le récit est d'autant plus passionnant que notre narratrice n'hésite pas à avoir recours aux privilèges que lui octroie son âge et ainsi se permettre de donner franchement son avis sans s'embarrasser des carcans imposés par la société de son époque. Lady Trent est de plus dotée d'un sacré pragmatisme et d'un solide sens de l'humour qui lui permettent de revenir sur certains de ses comportements ou préjugés passés avec suffisamment de recul et de lucidité pour la rendre immédiatement sympatrique aux yeux du lecteur.

Marie Brennan signe avec cette « Histoire naturelle des dragons » un roman captivant de bout en bout qui constitue en ce qui me concerne mon premier gros coup de coeur parmi les sorties de ce début d'année 2016. A noter que le second volume des aventures de lady Trent a d'ores et déjà été annoncé pour septembre prochain et qu'on y retrouvera notamment les très belles illustrations de Todd Lockwood à qui ont doit également la sublime couverture du roman.
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Downton Abbey… avec des dragons

Même sans savoir de quoi parle ce livre, il suffit de contempler sa couverture ou de le feuilleter ( car il y a de nombreuses autres représentations de dragons, de personnages ou de lieux-en noir et blanc- à l'intérieur) pour être ébahi devant la qualité remarquable de la présentation. Et pour cause, elle est due à un illustrateur de renom, à savoir Todd Lockwood, dessinateur ayant oeuvré sur Donjons & Dragons et fameux pour sa représentation de Drizzt Do'Urden.

Bon, donc c'est beau, mais de quoi ça parle et qu'est-ce que ça vaut ? Il s'agit du premier tome d'une série qui en comptera bientôt quatre, dans laquelle une vieille aristocrate, une sommité en matière de dragons, raconte ses aventures avec ces créatures, le tout dans un contexte pseudo-victorien. Ce premier tome se concentre sur la jeunesse de l'héroïne : enfance et adolescence (sur lesquelles on passe en quelques dizaines de pages, au grand soulagement de votre serviteur, qui a les héroïnes adolescentes en horreur), puis sa vie de jeune épouse de 19 ans.

- de la difficulté de déterminer le genre de certains romans

Lorsque je commence la rédaction d'une nouvelle critique, la première question que je dois me poser est : dans quelle catégorie placer le roman ? Fantasy, SF, Uchronie, Fantastique, Science-Fantasy ? Et dans quelle(s) sous-catégorie(s), s'il y en a ?

La réponse à cette question est particulièrement épineuse pour ce roman : oui, il y a des dragons, mais ce n'est en aucun cas de la Fantasy « classique » (pas de magie, d'elfes, de nains, d'autres créatures fantastiques, etc). Oui, la société présentée est clairement de type Victorien, mais ce n'est en aucun cas du Steampunk (pas de technologie rétro-futuriste). de même, ce n'est pas une Uchronie, car absolument rien ne correspond en termes de cartes, de noms de pays, de calendrier ou tout autre facteur, et on a donc affaire à un univers inspiré par certaines cultures terrestres plutôt qu'à une variation uchronique (ou dans un monde parallèle) de la Terre.

Bref, adoptons une approche positive, et au lieu de dire ce que ce livre n'est pas, détaillons ce qu'il est : c'est un livre où, dans un univers très inspiré par l'époque Victorienne (et du même niveau de technologie) mais n'étant pas la Terre, il y a des animaux nommés Dragons, et où on suit les aventures d'une jeune Lady nommée Isabelle, passionnée par l'histoire naturelle en général et par les dragons en particulier. Attention, je dis bien animaux : contrairement aux dragons « classiques » des univers de Fantasy, ils ne parlent pas, n'ont pas une intelligence de niveau humain et n'ont aucune faculté autre que leur souffle (chez Marie Brennan, selon l'espèce, ce dernier peut être un gaz délétère ou des particules de glace, mais pas des flammes). En clair, il s'agit d'une branche du règne animal (dérivée des dinosaures ?) presque comme les autres. Il en existe différentes variantes, uniquement terrestres (avec ailes vestigiales), marines (dans un tome ultérieur de la série) et bien entendu aériennes.

Isabelle va aller au-delà des limites de sa classe et de son statut de femme et d'épouse en prenant une part plus active que la bienséance ou l'étiquette ne saurait l'y autoriser dans l'étude des dragons. Donc, à partir des éléments dont nous disposons, à savoir des pays imaginaires mais très inspirés par ceux de l'ère Victorienne, des dragons mais pas d'éléments classiques de la Fantasy, et une lutte du protagoniste pour se sortir du rigide carcan imposé par la hiérarchie sociale de son époque, on peut finalement classer ce roman au croisement de ce que les spécialistes appellent la Fantasy of Manners (=fantasy caractérisée par un cadre social complexe et très hiérarchisé dans lequel le protagoniste doit trouver sa place; c'est d'autant plus pertinent que le niveau et le style de langage utilisé entrent parfaitement dans le cadre de ce sous-genre, ainsi que l'absence d'éléments surnaturels), de la Gaslamp Fantasy (=fantasy victorienne distincte du steampunk du fait de l'absence d'éléments uchroniques et de science rétro-futuriste) et de la variante « dans un monde différent mais inspiré du nôtre » de la Fantasy Historique.

Si je précise tout cela, ce n'est pas pour chercher la petite bête, mais pour que chacun sache très exactement à quel genre de roman il a affaire : je le vois étiqueté un peu facilement Fantasy, sans plus de précision (ce qui peut laisser imaginer un univers beaucoup plus « magique » ou surnaturel qu'il ne l'est en réalité), et la quatrième de couverture peut laisser la fausse impression qu'on a affaire à une uchronie (de fantasy), ce qui n'est absolument pas le cas. Je ne veux pas que certains se fassent de fausses idées et soient du coup déçus en lisant ce roman.

- La comparaison avec Téméraire

De même, on va évacuer tout de suite l'inévitable comparaison : les rapports avec le cycle Téméraire de Naomi Novik sont en fait peu nombreux. A part les dragons, les relations entre individus de sexes et statuts sociaux différents et une atmosphère qu'on qualifiera de britannique, tout est différent : le contexte est inspiré de l'époque georgienne dans Téméraire, et plutôt victorienne dans l'oeuvre de Marie Brennan ; le cycle de Naomi Novik est une uchronie, alors que celui de Marie Brennan est un monde de fiction inspiré par le nôtre ; enfin, l'aspect militaire de Téméraire est complètement absent de ce premier volume de la série de livres formant les mémoires de Lady Trent. de plus, la narration est masculine chez Novik, féminine chez Brennan. Bref, en deux mots : ça n'a en fait que peu de rapports autres que superficiels (et pour ceux qui se poseraient la question, ça n'a strictement aucun rapport avec Pern ou Eragon non plus).

- Downton Abbey… avec des dragons

L'ambiance générale, pétrie de convenances et de savoir-vivre, dans un esprit très anglais (bien que dans un univers imaginaire) et aristocratique, rappelle inévitablement la fameuse série Downton Abbey. Pour tout dire, la jeune Isabelle ressemble à Lady Edith qui, elle aussi, veut s'adonner à des activités (le journalisme, dans son cas) qui sont jugées inconvenantes pour son sexe et pour sa classe. Quant à la Lady Isabelle âgée, qui raconte les aventures de sa version plus jeune (tout le cycle est en effet une autobiographie, dans laquelle une Lady Trent au soir de sa vie raconte ses aventures dans une série de livres, tout ça pour éviter les casse-pieds qui lui demandent de les raconter oralement à tout bout de champ), elle rappelle irrésistiblement le côté pince-sans-rire qui cache un humour féroce et le côté iconoclaste mais guindé de la Comtesse douairière de Grantham.

Le contraste entre les personnalités de la narratrice âgée, expérimentée, indépendante, célèbre, et ce qu'elle raconte de sa version de dix-neuf ans, impulsive, ignorante de tout mais pleine d'enthousiasme, casse-cou et obligée de louvoyer au sein d'un système patriarcal qui lui laisse bien peu de latitude pour vivre sa passion naturaliste, est saisissant, et c'est à mon avis un point fort du roman.

Au carrefour de la Fantasy of Manners et de la Gaslamp Fantasy, ce livre, cela ne vous surprendra pas, adopte un style riche, très victorien, avec un usage de temps de conjugaison en général inusités qui, s'ils concourent évidemment à installer l'atmosphère, peuvent agacer ou gêner certains lecteurs. L'auteure emploie le procédé de l'adresse (=Lady Trent s'adresse directement à son lecteur en de nombreuses occasions), et la version âgée n'hésite pas à commenter sans concessions les actions ou comportements de sa version plus jeune (elle déteste par exemple le fait qu'elle n'hésite pas à minauder si ça peut lui rapporter un avantage). Elle donne de plus de nombreux aperçus (bien que nébuleux) de ses aventures ultérieures, un puissant stimulant, si besoin était, pour vous donner envie de lire les tomes suivants (moi, je suis déjà convaincu).

Une grosse partie du livre se déroule dans une région ressemblant comme deux gouttes d'eau à des Carpathes sous domination des pseudo-russes de ce monde, ce qui, conjugué à la présence des protagonistes pseudo-britanniques, est un puissant et pas désagréable écho du Dracula de Bram Stoker, les vampires en moins évidemment. L'auteure se plaît d'ailleurs (un clin d'oeil ?) à souligner à quel point la nourriture est saturée d'ail !

Il y a également un aspect enquête pas désagréable lui non plus, quand nos naturalistes sont confrontés à quelques mystères en apparence surnaturels. Cette partie de l'intrigue est rondement menée, avec une bonne maîtrise du rythme des révélations ou des péripéties. J'ai aussi été intéressé par l'aspect technologique et écologique (le parallèle avec la chasse à l'éléphant pour son ivoire) dans les dernières pages du livre.

J'ai particulièrement apprécié l'absence de niaiserie ou de côté sirupeux dans la relation qu'entretient Isabelle avec son mari, ainsi que le côté coup-de-poing, sans happy end, de la fin. Fin qui, d'ailleurs, nous donne un vague aperçu de l'ambiance pseudo-africaine du prochain tome (j'en salive d'avance).

- Fantasy of Manners

Un des points-clefs de ce tome 1, outre le fait de nous montrer les débuts de la carrière de naturaliste experte en Dragons de cette future sommité en la matière que sera Isabelle, est la thématique d'une jeune femme qui voit s'opposer les convenances, l'étiquette et la tradition à sa volonté dévorante d'apprendre, de comprendre, de faire, en l'occurrence en matière de dragons. Certes, elle bénéficiera de la tolérance de certains hommes de son entourage (de son père à son mari, qui, rendez vous compte !, l'autorise à utiliser sa bibliothèque), mais devra se battre contre un système pseudo-victorien qui veut juste la renvoyer à la tenue de sa maisonnée.

Dans les allusions dispersées dans tout le bouquin, on comprend que suite à certaines circonstances, aventures et découvertes sur les dragons, Isabelle va, dans le futur, s'élever au-dessus de son statut et des convenances pour devenir une sorte de rock-star victorienne, un savant médiatique doublé d'une version féminine d'Indiana Jones (aventurier-érudit) croisée avec Charles Darwin. La version âgée prend d'ailleurs un malin plaisir à provoquer son lecteur en brisant certains tabous (elle s'estime, du fait de l'âge et de la célébrité, au-dessus de ça), notamment à propos de sexe (mais attention, hein, ne vous enflammez pas, c'est du Victorien, pas Kushiel et son érotisme SM torride !), par exemple lorsqu'elle raconte comment la jeune Isabelle, capturée par des contrebandiers, envisage de se donner volontairement plutôt qu'être déshonorée de force. Voilà encore, pour moi, un aspect particulièrement jouissif du livre, j'ai une passion pour les iconoclastes, personnellement.

- Un bon livre… sans défauts ?

Clairement, nous avons affaire à un bon livre. Mais est-il sans défaut pour autant, et peut-on le qualifier de chef-d'oeuvre ? La réponse est : pas totalement.

D'abord, le personnage d'Isabelle est encore trop peu libre de ses mouvements (surtout par rapport aux allusions à la suite de sa vie et carrière de naturaliste) pour que l'action décolle vraiment. D'ailleurs, cet aspect est très peu présent dans le roman : non pas qu'il soit ennuyeux, dépourvu de rebondissements ou de rythme, mais simplement on est très loin de la fantasy épique ou héroïque, il faut bien le savoir. de plus, même si c'est un aspect intéressant, comme je l'ai expliqué, le fait qu'Isabelle soit prise dans ce carcan social est frustrant pour le lecteur, qui a presque plus hâte d'attaquer le tome 2 que de finir le 1, en se disant qu'avec l'âge, plus de titres et de renommée scientifique, elle pourra enfin faire ce qu'elle veut quand et comme elle le veut, ce qui, vu son côté « c'est une idée folle mais réalisons-la quand même » promet quelques aventures passionnantes.

D'autre part, si le personnage d'Isabelle et éventuellement celui de Jacob, son mari, sont bien (voire très bien) caractérisés (sans compter qu'Isabelle est doublement bien caractérisée, dans chacune de ses deux « versions », la vieille et la jeune), il n'en est malheureusement pas vraiment de même pour les personnages secondaires, qui en général peuvent être décrits par quelques adjectifs, voire un seul. Certes, et la version âgée l'explique très bien, l'Isabelle de 19 ans était tellement dévorée par sa passion pour les Dragons et tellement marquée par son inexpérience de la vie qu'elle a, souvent, négligé de porter un regard approfondi sur ceux qui l'entouraient, mais on a parfois le sentiment qu'elle analyse les autres sous un angle froid de naturaliste, et pas avec empathie. Maintenant, on peut sérieusement se poser la question de savoir si tout cela a été fait exprès par l'auteure ou si le manque de dimension des personnages secondaires est un défaut dans son écriture. J'ai personnellement du mal à trancher sur ce tome 1, je me forgerai une opinion définitive à la lecture des tomes suivants, opinion que je ne manquerai pas de préciser dans la critique de ces derniers.

Certains critiques parlent aussi d'un livre qui n'apporte rien au genre, ou à la littérature sur les dragons : je suis totalement en désaccord avec ça, à titre personnel. Au contraire, débarrasser le dragon de son aura surnaturelle / mythique / fantasy classique est une approche intéressante, rapprochant cette oeuvre de la cryptozoologie, voire même de la simple zoologie.

Le petit point de déception, pour ma part, est, comme je l'ai déjà évoqué, le fait qu'on reste un peu frustré par ce tome 1, alors qu'on sent un énorme potentiel pour la suite, avec une Isabelle plus âgée et plus libre de ses mouvements. En clair, on est sur du 4 étoiles pour le moment, même si on sent poindre la cinquième dès le tome 2, le 3 au pire. Est-ce un réel défaut pour autant, ou une puissante motivation à lire la montée en régime de la qualité du cycle et du personnage dans les tomes suivants ? Chacun tranchera, mais personnellement j'ai choisi d'opter pour la seconde option.

- En conclusion

Une fantasy historique à contexte victorien (mais dans un monde qui n'a rien à voir avec le nôtre) très réussie (mais à laquelle il manque un chouia pour être vraiment un chef-d'oeuvre), avec des dragons ramenés à une « simple » dimension animale et sans aucun élément classique de la fantasy (ni magie, ni elfes, ni nains, ni… rien).

L'aspect « fantasy of manners », avec une héroïne qui peine à se sortir de son strict carcan social, la narration autobiographique, le procédé de l'adresse, le style d'écriture très victorien (ainsi que le contexte Victorien, avec lequel il vaut mieux avoir un minimum d'affinité), l'absence d'action (mais pas de rebondissements ou de rythme) et l'absence des repères classiques de la fantasy pourront toutefois déstabiliser certains lecteurs, voire leur déplaire. Si vous êtes un adepte de Téméraire, sachez aussi que les points communs entre les deux cycles ne sont en fait qu'assez superficiels, et qu'aimer l'un ne signifie pas forcément accrocher à l'autre.

Tout compte fait, j'ai passé un très bon moment, j'achèterai sans hésiter le tome suivant, et j'ai été ravi par la très plaisante présentation de l'ouvrage. Si le budget n'est pas un problème, je vous conseille d'ailleurs fortement, dans ce cas précis, d'acquérir la version papier plutôt que numérique.
Lien : https://lecultedapophis.word..
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Très bonne surprise que cette "Histoire naturelle des dragons", premier tome d'une série qui en compte six, je crois. Roman d'aventures fantastiques au léger parfum de steampunk, le récit est bien construit (sous forme de mémoires) et vraiment très divertissant, avec un bon équilibre entre vitesse de croisière et rebondissements.Isabelle, une jeune femme issue de la bourgeoisie (d'une société fictive qui reprend les codes vestimentaires et moraux de l'Amérique de la fin du XIXème siècle), est éprise depuis l'enfance des dragons, animaux bien réels qui font l'objet de recherches naturalistes au même titre que les fauves ou les insectes. Mais pour une femme, qui plus est de son milieu, la carrière scientifique semble exclue. Ayant acquis par son mariage une certaine autonomie, elle va pourtant réussir à se joindre à une expédition de chercheurs à la rencontre de ses terrifiants spécimens. L'éditeur a semble-t-il investi dans une traduction de qualité car le style du récit est soigné, usant d'un lexique approprié qui facilite l'immersion dans ce XIXème fictif. L'histoire est ingénieuse, crédible et le rythme soutenu, on ne s'ennuie pas, on s'attache aux personnages, on ferme les yeux sur quelques facilités narratives et on se prend au jeu comme lorsqu'on visionne un film d'aventures du type Indiana Jones.Je ne sais pas si je mettrai la main sur la suite mais si l'occasion se présente, je ne la laisserai pas passer.Challenge MULTI-DEFIS 2023
Challenge PLUMES FEMININES 2023
Challenge ENTRE DEUX 2023
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Une belle découverte que cette saga fantasy ! Lady Trent , première femme naturaliste de son époque, aventurière et fascinée par les dragons, publie ses mémoires. du coup un récit sous forme de mémoire , c'est plutôt original et si d'un premier abord , ça m'a paru être une forme d'écriture un peu ennuyeuse, je me suis bien trompée !
Car d'accord, on sait que si elle écrit ses aventures, il ne va rien lui arriver mais en fait ça n'enlève rien au suspens et à l'intérêt qu'il peut y avoir à la lire . Son récit est passionnant , tout simplement, et j'ai lu ce premier tome très vite, parfois sans pouvoir le lâcher. On oublie même parfois que c'est un livre d'imaginaire tellement on est bien immergé dedans . On croirait presque que les dragons existent réellement ! Je lirai la suite très vite !
Challenge Mauvais genre 2019
Challenge Multi-défis 2019
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Le sang de dragon sent vraiment très fort ; je vous conseille de l'éviter, si c'est possible. Je finis par sacrifier la dignité au confort et coupai deux morceaux de tissu de mon mouchoir pour me les fourrer dans les narines.
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Je me croyais prête alors. Maintenant, le recul venant avec l'âge, je me vois comme la jeune femme naïve et inexpérimentée que j'étais vraiment. Nous commençons pourtant tous de cette façon. Aucun raccourci ne mène à l'expérience.
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Se trouver en présence d'un dragon, même pour le plus bref des instants, même au péril de sa vie, est un plaisir que l'on ne peut jamais oublier une fois qu'on l'a connu.
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C'est l'un des avantages d'être une vieille femme à présent, et qui plus est une vieille femme qu'on a appelée " un trésor national" : très peu de gens peuvent me dire ce que je dois ou ne dois pas écrire.
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Que tout le monde considérât cet arrangement comme convenable trahissait le fait que nous nous relâchions tous : lord Hilfort, bien que célibataire et n'était pas mon mari, fut considéré comme un chaperon convenable, en tout cas plus qu'un villageois vystranien.
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Marie Brennan - Mémoires, par lady Trent. Volume 4, Le labyrinthe des gardiens
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