Gary décidément n'est pas mort, eût-il jamais existé comme en doute le bandeau du livre qui proclame "
Romain Gary n'a jamais existé". Gary fait des émules, Gary hante les esprits de ceux ont eu la chance de le croiser comme de ceux qui n'ont eu que ses livres (mais quels livres !) pour le connaître.
Philippe Brenot est psychiatre et écrivain. Il livre ici un livre qui se proclame ouvertement une fiction, mais qui comme le livre-clé de voûte de l'oeuvre de Gary,
Pseudo, nous livre des vérités plus essentielles que bien des livres de philosophie. L'auteur est-il ou non détenteur du manuscrit du premier roman de Gary, roman qui n'aurait jamais trouvé éditeur, et que l'ayant droit de l'oeuvre de l'écrivain, son fils Diégo, refuse aujourd'hui de publier ? On pourra en discuter.
Philippe Brenot va s'atteler à nous démontrer que toute l'oeuvre de Gary et notamment les 4 Ajar, sont en filigrane dans les pages de ce manuscrit de jeunesse. le tour de force (de poker ?) de Brenot est de nous le démontrer à coup de citations du roman, mais des citations qu apparaissent en blanc dans le livre car Brenot n'a aucun droit de les publier ! Et malgré cela sa démonstration est très éloquente et l'on voit se compléter le personnage de Kacew-Ajar sous nos yeux qui est pour Brenot le véritable auteur de
la Promesse de l'Aube et de
Gros-Câlin, Gary n'étant que le prête-nom de cet homme là.
Oeuvre à la fois profonde et facétieuse à l'instar de la plupart des livres de Gary/Ajar, ceux qui aiment les énigmes littéraires seront ravis de lire ce livre subtil et passionné, qui toutefois ne fait pas oublier le Tombeau de
Romain Gary de
Nancy Huston.
PS : J'ai écrit cette note de lecture le 21 décembre 2005. le 20 mai 2014 paraissait chez Gallimard "
Le vin des morts", sous la direction de
Philippe Brenot. Il s'agissait donc du fameux manuscrit perdu. Une boucle était bouclée