Une autre histoire

Un album intéressant de Browne où se mêlent histoire traditionnelle et modernité.
Sur la page de droite, on suit l'histoire plutôt classique des trois ours du conte "Boucle d'or et les trois ours". Un dessin classique aussi, au crayons de couleurs sur fond blanc.
Sur la page de gauche, on se trouve en banlieue londonienne (ou ailleurs) de nos jours (où dans les années 80), en vignettes dans un style bande dessinée silencieuse.
Et bien entendu, à un moment ces deux mondes vont se rencontrer.
J'aime bien la structure de cette histoire, la recherche qu'il y a derrière, la réflexion et la démarche qui l'entoure. Par contre, je crois que je me lasse des illustrations d'Anthony Browne...

Un album plutôt triste qui interpelle et questionne les enfants, à commenter avec eux.
Grâce au talent de l'auteur et sans être grands lecteurs, ils comprennent vite le sens de cette double histoire , car il y a très peu de texte et la mise en page dit tout :
Pages de droite une maison pimpante et lumineuse, où vit confortablement Petit ours et sa famille bien habillée et bien nourrie. C'est lui qui nous narre l'aventure.
Pages de gauche, au fil de planches de BD aux teintes sépia, on suit Boucle d'or-sans bouclette-et-à-lunettes dans un quartier triste et sombre, devant des boutiques où elle ne rentre pas.
Elle s'éloigne et se perd dans les ruelles en poursuivant un ballon... jusqu'à cette maison colorée, à la porte entrebâillée, où elle peut apaiser sa faim et sa fatigue.
Une jolie façon de détourner le conte pour nous parler de nourriture, de confort: de tout ce que représente un foyer pour ceux qui en sont privés.
La rencontre n'aura pas lieu, malgré le souhait de Petit ours qui voudrait mieux la connaître, car Boucle d'or s'enfuit.
Mais c'est pour se blottir dans les bras de sa maman, dans une illustration de retrouvailles où le cuivré de leurs chevelures l'emporte sur les gris de "leur monde": tout n'est pas sombre, elles possèdent le plus important !

Attention! Une histoire peut en cacher une autre… un classique de la littérature enfantine (Boucle d'or et les trois ours). Un ourson constate qu'une petite fille est entrée dans sa maison, a mangé son porridge et s'est assise dans son fauteuil. Qui est-elle ? D'où vient-elle ? Au fil des pages jaillissent les questions qui aiguisent le regard et affûtent l'émotion. Une autre histoire s'écrit. Elle parle de solitude, d'exclusion et interroge l'enfant sur sa relation au monde. Cette histoire-là est universelle.

Sur la page de gauche, une histoire sans parole, en format BD, où le noir et blanc domine. Une petite fille qui part faire des courses avec sa maman, mais se perd et entre dans une maison qui n'est pas la sienne, où elle va tester divers objets. Sur la page de droite, une histoire en couleur et pleine page avec une phrase simple sous chacune d'elle. Une famille de trois ours qui part se balader pendant que son repas refroidit, mais ne sont pas très très contents de découvrir qu'un intru s'est introduit chez eux pendant leur absence et a touché à leurs affaires. Jusqu'à ce que les trois ours rencontrent l'intru, qui n'est autre que la petite fille de la page de gauche.

Comme d'habitude, Anthony Browne fournit là un travail exceptionnel en finesse. A travers ce conte de Boucle d'or et les trois ours revisité, il nous parle de solitude, d'exclusion et interroge l'enfant sur sa relation au monde. La page de droite reste toujours identique dans sa conception, tandis que celle de gauche se transforme au fil de l'histoire. le style BD s'estompe pour se rapprocher de l'album comme sur la page de droite, le noir et blanc laisse entrer quelques couleurs… Jusqu'à ce que la petite fille doive s'enfuir de chez les trois ours, et retrouve son monde brutalement.

Pour découvrir la critique d'autres adaptations de contes, rendez-vous sur notre site !
Lien : http://lebazarlitteraire.fr/..

Ici Anthony Browne confronte le point de vue de deux des protagonistes : Boucle d'or et Petit Ours. Ils les opposent physiquement en les mettant face à face mais aussi graphiquement en optant pour des palettes graphiques différentes. Ainsi, le point de vue à la fois de Boucle d'or prend la page de gauche, sans texte, avec peu de couleurs : noir, blanc et jaune ; et celui de Petit Ours s'étale sur la page de droite, en couleurs et est raconté à la première personne du singulier...

Une construction inédite lors de sa sortie en 2009 qui a surement fait l'objet d'une analyse beaucoup plus poussée comme un mémoire. Je vous laisse donc le loisir de vous faire votre propre avis sur cet album d'un intérêt toujours grandissant à force de le lire.

Un album exceptionnel pour un auteur de talent.
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