Ce tome comprend les épisodes 1 à 10 de la série débutée en 2003.
Michael Lark a illustré tous les épisodes. Ce tome comprend 3 histoires.
Épisodes 1 & 2 (scénario d'
Ed Brubaker et
Greg Rucka) - Marcus Driver et Charlie Field (2 inspecteurs de Police de Gotham) enquêtent sur le kidnapping de Bonnie Lewis. Un informateur leur suggère une adresse dans un appartement. le contrôle de ce logement les met nez à nez avec Mister Freeze (Victor Fries), un vrai supercriminel qui tue froidement Field sous les yeux de son partenaire. Tout le commissariat se met sur l'enquête pour essayer de retrouver Freeze et l'empêcher de nuire. Driver doit présenter le cadavre morcelé à la veuve. Les policiers souhaitent coffrer Freeze eux-mêmes, sans que Batman n'interfère, pour leur honneur.
Épisodes 3 à 5 (scénario d'
Ed Brubaker) - Marcus Driver souhaite continuer de travailler, et en particulier résoudre l'enlèvement de Bonnie Lewis. Il fait équipe avec Romy Chandler. Ensemble ils sont bons pour revoir les comptes-rendus d'interrogatoire, réinterroger certaines personnes et faire le tour de tous les débuts de piste possibles et imaginables. Pendant ce temps là, Firebug se lance dans une nouvelle série d'incendies criminels qui met le reste de l'équipe policière sur les dents.
Épisodes 6 à 10 (scénario de
Greg Rucka) - Il y a des jours comme ça. Alors que Renee Montoya effectue son jogging matinal, un individu vint lui remettre un avis indiquant que Marty Lipari lui réclame 10 millions de dommages et intérêts. Il s'agit d'un criminel qu'elle avait failli envoyer en prison (si les preuves n'avaient pas malencontreusement disparu). le même jour, 2 inspecteurs des affaires internes viennent lui poser des questions assez orientées. Enfin, un petit malin révèle son homosexualité à ses équipiers et ses parents.
Ce n'est pas la première fois que DC Comics essaye de capitaliser sur les personnages secondaires de la police de Gotham, mais c'était la première qu'ils le faisaient aussi bien. Après une première histoire installant les personnages et leur relation conflictuelle avec Batman,
Ed Brubaker s'occupe des détectives qui travaillent de nuit, et
Greg Rucka de ceux qui travaillent de jour.
La dynamique de la première histoire repose sur une impressionnante tension du début jusqu'à la fin. le lecteur découvre petit à petit les règles du jeu de cette série, dans une ambiance de série policière réaliste impressionnante. Batman ne sera au plus qu'une vague présence, faisant de très brèves apparitions, voire étant une simple allusion de temps en temps. La deuxième histoire impressionne par la capacité de Brubaker à rendre compte de l'opiniâtreté nécessaire à Driver et Chandler pour dénicher une piste viable. Il propose une galerie de personnages qui vont des parents aisés qui employaient Bonnie Lewis comme baby-sitter, jusqu'au clodo du coin, un peu allumé. Les dialogues transmettent habilement les sentiments profonds des enquêteurs, ainsi que leurs doutes face à chaque déclaration, leur découragement et leur entêtement. La force de Brubaker est de savoir varier les endroits pour donner une dimension visuelle à ce qui s'apparente essentiellement à une suite de dialogues. Il garde à l'esprit qu'il écrit pour un medium visuel et il aide l'illustrateur pour une mise en scène visuelle et variée.
Avec la troisième histoire,
Greg Rucka prouve qu'il sait écrire un personnage féminin de manière crédible. Quelqu'un réussit à faire accuser Renee Montoya d'un crime qu'elle n'a pas commis. Crispus Allen (son coéquipier) ne sait pas sur quel pied danser. Les enquêteurs des affaires internes avancent en prenant toutes les précautions possibles et Renee Montoya refuse le rôle de victime du début jusqu'à la fin.
Rucka met en lumière la difficulté des interrogatoires, alors que Montoya est rompue à cet exercice. Sa force de caractère et ses émotions impliquent le lecteur de manière admirable dans ses épreuves. Seul petit reproche,
Greg Rucka n'arrive pas à gérer le volume de dialogues aussi bien que Brubaker et 2 ou 3 scènes manquent de variété visuelle.
La qualité de ces épisodes provient également pour beaucoup de
Michael Lark, l'illustrateur. Les pages en fin de volume montrent qu'il a conceptualisé la salle de travail du commissariat avant de dessiner la série. Effectivement au bout d'une ou deux scènes dans cette pièce, elle apparaît familière et cohérente d'un plan à l'autre ce qui fait beaucoup pour le réalisme de la série. Lark dessine d'une manière réaliste avec un encrage un peu soutenu qui renforce l'aspect sombre de la série. Il dépense beaucoup d'énergie pour que chaque endroit soit spécifique, ordinaire et crédible. le lecteur se promène d'un endroit à l'autre de Gotham, dans un milieu très urbain, mais pas exagérément décrépit, délabré ou saccagé. Il s'agit d'une grande ville crédible. Chaque individu dispose d'une tenue vestimentaire spécifique et crédible. Chaque scène de dialogue bénéficie d'une mise en scène étudiée qui évite des pages et des pages de cases uniquement composées de têtes en train de parler. Cela semble un minimum, mais dans les faits c'est un vrai défi pour un illustrateur de rendre ce genre narration intéressante visuellement. Lark déploie des trésors d'inventivité pour le déplacement des personnages et les mouvements de caméras, afin que chaque scène soit vivante quelle que soit sa durée ou sa densité de dialogues. La réussite de ces histoires doit beaucoup à la rigueur et la mise en scène de
Michael Lark.
Il n'est pas possible de lâcher l'une des histoires en cours de route tellement les personnages sont attachants et les intrigues pleines de suspense. Ce n'est que rarement que les dialogues deviennent un peu trop apparents. Les policiers de Gotham Central continuent leur lutte quotidienne contre le crime dans Jokers and Madmen (épisodes 11 à 22).