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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bam ! Je claque la porte. Une urgence sérieuse. Je descends en quatrième vitesse, les escaliers en bois craquent sous mon poids. Je m'essouffle, mais c'est le lot de toute urgence dans ce métier. le ciel est noir, des tonneaux de nuages prêt à déverser ses hectolitres de pluie glacée. Peu importe, de toute façon, la pluie, une vieille habitude dans ces ruelles de Galway qui sentent aussi bon la pisse que la gerbe de Guinness. Mais je ne suis pas là pour jouer les touristes, je l'ai déjà dit, l'urgence urgente, comme lorsque ta vessie est pleine à craquer et que devant le seul lampadaire de la rue une mémère fait pisser son clébard fripé. Les néons d'un bar ne prennent même plus la peine de clignoter, usés par le temps et le vent. Je m'engouffre, l'imperméable du privé trempé, le regard triste d'un chien mouillé, dans l'antre sombre. Je jette un regard, genre mauvais, au barman, un dénommé Rufus, qui m'apporte avec toute la nonchalance qui sied à un barman, ma pinte de Guinness tapissée de sa mousse crémeuse, et un shot de Jameson, pour réchauffer mes vieux os, fourbus par le temps, mouillé et séculaire. J'allais être en manque, un irlandais sans sa pinte manquerait cruellement de classe. L'urgence s'efface quand je trempe mes lèvres.

Le lieu, sous une pénombre à peine travaillée, devient un bouge de la solitude. Je me sens las, la bière à la main. Une musique au fond. A droite, les toilettes. A une table, le regard perdu, le rimmel coulé, une blonde devant sa bière brune. le pub en milieu de matinée est le repaire des gens perdus. Pas de chaleur humaine, on y va pour sentir la solitude, celle du pauvre type alcoolique ou celle de la femme battue par son mari. le rimmel qui coule n'est que le masque des larmes d'une vie. Je m'avance pour m'asseoir à sa table. Ma route dévie au dernier moment vers la porte de sortie. Pas d'humeur à l'accabler de la tristesse d'un type ruisselant de pluie et de dégoût. Les gens tristes ne se mêlent pas aux autres, la tristesse étant une maladie d'une contagion fulgurante. de toute façon, j'ai une autre affaire. le genre d'affaire qui nécessite de me replonger dans un autre pub, encore plus vieux, encore plus sombre, encore plus triste, le genre à servir de la Guinness sans qu'on ait besoin de demander, parce que le barman connait son métier, ses remèdes contre la mélancolie d'un type comme moi. D'ailleurs, je ne me souviens même plus pourquoi j'ai été engagé. Retrouver un tueur ou une nana, l'assassin d'une nana ou son violeur, ou le mari de cette nana qui la prend pour un punching-ball et à qui je dois lui faire passer un message, du genre coup de batte dans les couilles, si tu me suis… Ou une mère qui pleure le suicide de sa fille qui ne s'est pas noyée « seule ». Sauf que je m'en fous un peu, je traine dans les pubs, toujours plus esseulés. D'ailleurs, je l'ai toujours dit, je ne suis pas Jack Taylor pour ses enquêtes, mais pour ses délires alcoolisés, ses vues solitaires dans les bouges de Galway, ses références littéraires, et surtout ses pintes de Guinness et de Murphy's Draught qui coulent à flot, comme toute bonne littérature irlandaise.

Face au comptoir, il y a ce grand miroir que je ne peux regarder. Voir cette sombre face qui m'anime est d'un dégoût total. Même si par le truchement de ses reflets, je découvre cette brune, aussi brune que les parfums roux de l'Irlande. J'ai préféré fuir. J'ai lu Jack Taylor et je me suis noyé dans l'âme de la Guinness, sombrant dans la poussière de ma putain de vie.
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"En réalité, le temps ne passe pas. C'est nous qui passons. Je ne sais pas pourquoi, mais je crois que c'est une des choses les plus tristes que j'aie jamais apprises. Tout ce que j'ai appris, ça a toujours été à mes dépends."
Du grand Jack Taylor!

Délirium tremens : la première enquête de Jack Taylor:

Un scénario simple mais efficace :

Jack Taylor, la cinquantaine bien sonnée, ancien Guarda (flic) irlandais de Galway au caractère bien trempé, viré pour alcoolisme et voit de fait, s'est reconverti en détective privé. A la demande d' une mère qui ne croie pas au sucide de sa fille de seize ans, retrouvée noyée, il rouvre l'enquête. Ce qui ne plait pas au surintendant Clancy et d'anciens flics qui lui en font voir de toutes les couleurs . Aidé de ses proches, Catherine B, une chanteuse gothique, Sutton, un artiste schizo, Pradaig le chef des clodos et de Sean le Barman , Jack soupçonne un certain Planter, un riche salopard...

Un personnage à la personnalité complexe :
Jack Taylor est un détective privé à la fois alcoolique, sombre, cynique et un bibliophile amoureux des livres et des bons mots d'esprit. L'homme est robuste mais également fragile. Des fêlures dues à son enfance. Il déteste sa mère, spécialiste en démolition, qui est à l'origine de son manque de confiance "tu n'arrivera jamais à rien, comme ton père". En revanche, Il adulait son père qui lui a donné le gout des livres. Ce dernier finit sa vie misérablement comme un sans abri. Jake déteste plus que tout l'injustice et l'arrogance de cette société irlandaise qui dénigre les plus faibles . Il a de l'empathie et de la sympathie pour les laissés-pour- compte de la société.

Un livre nostalgique sur le temps qui passe...
Le Galway d'avant n'existe plus, hormis un bar qui reste suspendu dans le temps mais même le barman, père par substitution, va finir par disparaitre (de mort brutale). Il se prends des "revers" avec les jeunes femmes qui le traitent de "vieux". Il se remémore la période passée qui était une époque simple, moins compliquée ( pas de téléphones portables). Jack encaisse mais traine son mal être de bar en bar à écumer des guiness plus ou moins crémeuses et son mal de vivre. Il se trouve face à la spirale infernale de son existence : problème d'alcool, addiction, fixation sur la mort depuis la mort de son père.

Un livre truffé de listes à la façon de Nick Hornby :
Les auteurs favoris : Goodis, Robin Cook II, Walter Mosley, Newton Thornburg, Elmore LEonard ), les films fétiches (Paris Texas, Sunset boulevard, Assurance sur la mort, cutter's way, les guerriers de l'enfer) les références musicales (Joy Division, Specials...).

Un récit écrit à la première personne

Un style incisif, des répliques acerbes, des citations à la pelle, des chapitres et des phrases courtes donnent du rythme au roman qui se descend à la vitesse d'un geyser de guiness

Un très bon roman noir et amer, critique sans concession de cette Irlande en crise morale, qui étanche notre soif de lecteurs

Et la première apparition de Jake Taylor, privé irlandais atypique et addictif qu'il ne faut pas pousser dans les orties!
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Bon, je n'avais pas lu vos critiques sur ce livre et du coup, ça a été une très bonne surprise. Oui, je sais, vous avez la susceptibilité qui vous irrite mais c'est juste que je m'attendais à un polar un poil plus classique, froid comme la poignée de main d'un prêtre octogénaire, glauque comme un dimanche soir dans une rue populeuse mais désertée de Cork, battue par une pluie glacée. Dès la première page, j'ai trouvé « Delirium tremens »
Désopilant,
Touchant,
Enivrant.

Là, c'est le moment où je tente de vous parler du roman avec ma maladresse habituelle alors que tant de choses justes ont déjà été écrites et publiées. Mais bon, c'est ce je fais toujours et avec l'aide de mes chères amies, votre précipitation ou votre distraction, vous ne vous rendrez compte de rien.

Pour commencer, je dirais que j'éprouve de la sympathie pour Jack Taylor. J'avoue avoir de l'affection pour les Irlandais et les alcooliques. Il faut dire qu'il y en a plein dans ma famille. Des alcooliques, pas des Irlandais. Nous avons déjà notre croix à porter… Une branche bretonne… Vous vous demandez si nos alcooliques ne seraient pas tous les fruits trop verts et trop mûrs de cette même branche ? Eh bien, vous n'êtes pas loin de la vérité.

.µ => ça ne veut rien dire, c'est simplement le chat qui vient de marcher sur le clavier. le voilà devant l'écran, il masque la moitié de la page de mon traitement de texte. Je décline donc d'avance toute responsabilité pour les propos, fautes ou incohérences qui suivront.)

Revenons-en à nos moutons, euh à nos… Bretons… Que diable viennent-ils faire ici ? Pourquoi s'immiscent-ils dans cette discussion entre littérateurs. Ah oui, ça me revient, mon copain Jack et ses bouteilles.

Jack est un détective approximatif qui reçoit ses clients au fond d'un pub éclectique. On y sert du café « avec une dose de brandy dedans, pour tuer l'amertume. » et bien sûr, de la Guinness. Oui, je sais, la Guiness. Les pauvres, ils ne boivent pas de bières belges. Alors que nous, maudits Français, on ne sait pas la produire, mais on sait l'apprécier. Nous sommes prêts à traverser Quiévrain, ou pire, l'Ardenne, pour remplir nos coffres de bons produits. Pourquoi Dieu a-t-il tout offert aux Belges (sans rien laisser aux Bretons) ? Et pourquoi a-t-il fait les chats si opaques ?

Ô vous qui êtes si pertinents, vous aurez compris que je cherche à vous parler de tout sauf du livre. J'ai pris mon plaisir, j'ai fait en sorte de ne pas gâcher le vôtre. C'est ce que je sors habituellement aux femmes… Enfin, je l'ai plus pensé que dit, j'étais surtout gêné…

Et dire que demain après-midi je serai dans le Morbihan. Heureusement que les Bretons n'utilisent leurs rares moments de sobriété à lire, sans quoi je serais mal….

Si vous avez aimé le ton de cette critique, si vous n'avez pas déjà cliqué avec acharnement sur « signaler ce contenu », je vous conseille de lire les aventures de Jack Taylor et de boire de la bière (belge, cela va de soit).
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Gros coup de coeur pour ce polar en forme d'ovni littéraire. Enquête reléguée au second plan, style télégraphique, énumérations à la pelle, exergues en bataille, répliques acerbes et portrait féroce des autorités irlandaises...Amis de la bienséance passez votre chemin!
Jack Taylor n'a rien du héros ordinaire. Ancien flic viré pour cause d'alcoolisme il rend service entre deux verres, dans le pub qui lui tient lieu de bureau. Un ersatz de privé aux manières particulières et parfois douteuses, à qui une femme demande d'enquêter sur le suicide de sa fille.
Impossible de ne pas craquer pour ce personnage cynique et bourru, aux prises avec son addiction et le monde en général.
Outre Jack le privé borderline, le roman vaut aussi le détour pour son ambiance : paysages, climat. pubs, état d'esprit, l'irlande comme si vous y étiez!
Un livre qui sent bon le houblon et la pluie, les proverbes ancestraux et la révolte quotidienne.
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Waow ! Quelle claque ! Ce n'est pas souvent que je suis totalement conquise par un roman policier. Totalement addictif, mais principalement pour le style...

Rare
Drôle
Cynique

A lire en écoutant de la musique en arrière fond, celle de Joy Division, proposée par l'auteur, ou celle que vous aimez, pourvu qu'elle soit un soupçon rocailleuse, et encore, faites vous plaisir avant tout et commencez par acheter le bouquin !

Pour ce qui est du côté bar, là je vous laisse voir, mais pas sûr que vous arriverez vite au bout de l'histoire si vous consommez autant que Jack Taylor, le héros détective.

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Un roman de Jack Taylor, on ne le lit pas, on ne le dévore pas : on le boit. Cul-sec ! Avec un peu d'eau à la rigueur, mais sans glaçons.

Jack Taylor, ancien de la Garda Síochána (Gardiens de la paix, en Irlande), a réussi à se faire licencier de cette institution (un véritable exploit) et depuis, il est devenu un espèce de détective privé imbibé d'alcool.

Ok, pour ce qui est de l'alcool, non, non, rien n'à changé ! Il se pochetronnait déjà sévère du temps qu'il était à la Garda.

Jack Taylor n'a rien d'un Sherlock Holmes – loin de là – et pourtant, je l'aime bien. Limite un anti-héros vu le nombre de pages où il est dans le cirage le plus total. Même une éponge est moins imbibée que lui, c'est dire.

Jack Taylor est un détective atypique, comme il n'en existe pas deux dans la littérature, un privé bordeline toujours en pleine révolte sur tout le monde (sa mère notamment) et en train de regretter son père qui lui offrit sa première carte de bibliothèque. Sa seule constante dans son alcoolémie furent les livres.

Sa vie est une véritable soulographie, il se détruit à petit feu – et ça fait mal de voir qu'un alcoolo ne retient jamais les leçons du passé – et malgré tout, j'adore suivre ses enquêtes.

Jack Taylor résoudre une enquête ?? Oui, il y arrivera, avec un peu de chance et avec l'aide d'autres personnes (mais pas avec celle de la dive bouteille).

Ici, c'est une mère qui ne croit pas au suicide de sa fille de seize ans (retrouvée noyée) qui l'engage, alors qu'il est assis à sa table de pub préféré. Alors, notre Jack va réouvrir l'enquête et on dirait que ça ne plait pas à tout le monde…

Durant ses « enquêtes », Jack nous raconte ses souvenirs, son enfance, son Irlande, sa ville de Galway, son pub préféré, celui tenu par le vieux grincheux de Sean.

On peut critiquer Jack et son alcoolisme galopant, mais contrairement à ses compatriotes sobres lui au moins a de l'empathie et de la sympathie pour les clochards de tout poil qui vivent en marge de la société, exclus qu'ils sont.

Par contre, des amis, il n'en a pas beaucoup et certains ont même tendance à le tirer vers le bas…

L'écriture de Bruen, c'est de la poésie cynique, noire, vacharde. Et j'en redemande. Lire Bruen, c'est lire de l'Irlande et la respirer à plein poumons.

Je ne sais s'il trempe sa plume dans de l'alcool à 90° ou dans un encrier rempli d'amertume, mais il nous brosse un portrait de son pays peu flatteur, mais l'ambiance est là.

À sa manière de planter des mots comme ça, l'un en dessous de l'autre, ça me fait penser à celle de Michael Mention, comme si Mention s'en était inspirée.

Un roman noir qui se boit plus vite qu'une Guiness… C'est drôle, incisif, bourré de répliques acerbes, des citations comme s'il en pleuvait, des références aux grands noms du Roman Noir, de la chanson, le tout mitonné aux petits oignons dans des chapitres et des phrases courtes qui donnent du rythme au roman.

(4,5/5)

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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The Guards
Traduction : Jean Esch

Il m'a fallu pas mal de temps pour m'habituer aux chapitres très brefs, aux citations en exergue et, plus encore, au style de l'auteur : un style qui semble sautiller à la limite du coq à l'âne et qui privilégie les phrases courtes. Mais la férocité des répliques m'a fascinée dès la première que j'ai lue et m'a, je suppose, maintenue sur le chemin de la lecture.

"Delirium Tremens", premier opus de la série des enquêtes de Jack Taylor, est en effet avant tout ce que je nommerai un polar d'ambiance. L'intrigue policière constitue ici un fil rouge bien ténu dont, parfois, on a l'impression de perdre carrément la trace, ce qui ne peut que frustrer un lecteur déjà rendu perplexe par le style. Néanmoins je ne saurais trop recommander au néophyte de s'accrocher car, au fur et à mesure qu'on avance, non seulement le fil rouge devient plus évident en prenant carrément une direction à laquelle on ne s'attendait pas, mais le caractère du héros se précise à son avantage tandis que ceux qui gravitent autour de lui, eux aussi, prennent corps et relief.

Au départ, une mère dont la fille s'est officiellement suicidée s'en vient demander l'aide de Jack Taylor. Pour elle, la jeune fille a été assassinée. Mais pour rouvrir l'enquête, il faut bien entendu rassembler des preuves suffisantes pour convaincre la police. Entre deux répliques acérées et quatre gorgées de whisky, Taylor accepte la mission, plus par pitié que par réel enthousiasme.

Cette mission va l'entraîner aux quatre coins de Galway - l'action se situe dans la ville natale de l'auteur, pourquoi se compliquer la vie ? - et lui faire croiser toute une foule de gens dont certains n'ont pas vraiment de rapport avec son enquête. du coup, pièce par pièce, voire par fragment de pièce, on commence à en apprendre pas mal sur Taylor lui-même - en particulier sur son amour des livres qui lui vient droit de son père et de son enfance. Comme toile de fond, une République d'Irlande où la frénésie affairiste des années quatre-vingt-dix ne parvient pas à dissimuler les laissés-pour-compte de la société. Toujours là, éternellement là, est-on tenté d'écrire, l'église catholique, idole à la fois adorée et vouée aux gémonies.

Autre constante du roman : l'obstination purement celtique avec laquelle notre privé irlandais essaie de tenir l'alcool à distance.

Au beau milieu de tout ça, mine de rien, Bruen nous assène quelques réflexions pas piquées des hannetons sur le sens de l'existence, une existence qu'il voit résolument vouée à la violence et à l'iniquité. C'est sans doute pour cela qu'il a créé Jack Taylor, pour rétablir un peu, de temps à autre, l'équilibre de la balance. Certains apprécieront, les pros de l'angélisme et de la bien-pensance crieront au scandale - vous verrez qu'un jour, si on les laisse faire, ils essaieront d'interdire le roman noir !

En tous cas, personnellement, j'ai beaucoup aimé. D'autant que Bruen a bien réfléchi à son sujet et qu'il ne fait pas l'impasse sur la possibilité du "justicier" se réduisant en fait à un assassin sadique comme les autres.

Bref, vous l'aurez compris, je lirai d'autres Ken Bruen, c'est certain. Et vous devriez faire comme moi. ;o)
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Un polar coup de coeur !

On peut être désarmé à la lecture de cet ovni. La forme déjà : des chapitres courts, des citations, des énumérations / listes, … le style ensuite, corrosif, percutant, cynique souvent, critique parfois. Et l'histoire, celle de Jack, qui a réussi à se faire virer de la Garda Siochana, ce qui est quasiment impossible. Un Irlandais pur souche, qui picole, qui parle le plus souvent sans y mettre de forme et qui a une drôle de façon d'enquêter, sans intervenir dans les affaires des autres, sans réelle investigation. de ce mélange, il ressort un très bon polar, un portrait de privé, noir jusqu'à la scène finale. Une lecture plus qu'agréable, une excellente découverte, je ne voulais tellement pas quitter cette lecture particulière que j'ai fait durer le plaisir alors que ça se lit vite !

Comme je le dis un peu plus haut, on a ici un véritable portrait, l'enquête policière n'est qu'un prétexte pour découvrir Jack, sa façon d'être, sa vision du monde, son entourage, ses problèmes, ses petites joies,… Et quel personnage ! J'ai vraiment beaucoup aimé Jack Taylor, il a un véritable problème avec l'alcool certes, mais c'est également un homme de bon sens quand il est à jeun. Il a une capacité d'écoute et un sens du tact assez particuliers. Et puis, il a une histoire. On découvre une grosse partie de son enfance, ses parents, puis la raison de son entrée dans la police irlandaise, pourquoi il s'est mis à boire et a continué. On apprend aussi à apprécier ses défauts parce qu'on entre-aperçoit de belles qualités. En plus, il aime lire et à un amour tout particulier pour la lecture et les livres. Mais il peut aussi se voiler la face, se mettre des oeillères et jouer au con. Il est cynique et parfois drôle, il est coriace mais fragile. Vraiment Jack est touchant. C'est un authentique.

Le récit est essentiellement à la première personne, c'est encore une façon de plus de se rapprocher, de s'attacher à Jack. Parfois, il nous perd un peu dans son cerveau embrumé par les vapeurs d'alcool. Et d'autres moments où on aurait bien envie de descendre quelles pintes de Guinness avec lui !

C'est un gros lecteur et il aime le cinéma et la musique. Régulièrement dans le livre, on retrouve des extraits de films, des références livresques et cinématographiques, des extraits, des poèmes, des références musicales aussi. Ces intermèdes rythment le récit et donnent envie de découvrir plein de choses différentes (bon à la fin, je me suis rendu compte que je ne connaissais pas grand chose…). Encore de bonnes raisons pour s'attacher à lui !

Ce sont les relations entre Jack et les personnages qui font l'histoire, découvrir ses amis et leurs particularités, le livre est rempli de dialogues truculents, bourrés de sarcasmes et d'humour. On oscille sur une palette d'émotions : tendresse, violence, oubli, dégout, rage, … Jack va ouvrir les yeux sur certains éléments de sa vie et ça va faire mal.

L'action se déroule à Galway, on en apprend beaucoup sur la ville, sur la manière de vivre d'une partie des Irlandais, l'opposition avec les anglais, les traditions, et surtout sur la façon d'être, de penser, de réagir d'un peuple à la fois fier et réservé. La société, les personnages, oscille entre optimisme et pessimisme. Ken Bruen nous jette à la figure une Irlande sombre et quelque peu corrompue, où la police ne fait pas vraiment bien son travail. Un point de vue différent de ce que j'ai pu déjà lire sur ce pays. Tout n'est pas tout rose… ou tout vert, comme partout il y a des zones d'ombres.

J'en profite pour vous conseiller un excellent film avec un policier irlandais : L'irlandais de John Michael McDonagh, avec beaucoup d'humour noir. ça n'est pas le même personnage, ni la même histoire (ici c'est le choc des cultures Irlande / USA) mais dans le style et le ton, on retrouve de Delirium Tremens, alors si vous avez aimé ce livre, vous aimerez peut-être ce film atypique, que j'ai vu il y a presque un an au cinéma.

Une première aventure de Jack Taylor qui pose d'une façon brillante le personnage, moi je l'ai adoré, peut être que d'autres ne le supporteront pas, mais moi, c'est le genre d'anti héros que j'adore ! Je pense que je craquerais bientôt sur le second Toxic blues. Essentiellement pour replonger dans un humour pinçant et grinçant, un personnage atypique. Pour connaitre l'avenir de Jack, retrouver la verte Erin, ses traditions et ses côtés sombres.
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Après avoir lu 4 polars de Ken BRUEN en 2011, et les avoir beaucoup appréciés, je ne sais pas pourquoi je me suis éloigné de cet auteur au style épatant, à l'humour corrosif et aux références littéraires et musicales intéressantes.
Je suis tombé par hasard, il y a un mois, sur un roman écrit par lui et un autre auteur (Jason STARR) "Sombres desseins", qui m'a donné envie de me replonger dans son univers irlandais si particulier, car, contrairement à d'autres auteurs irlandais (Adrian MC KINTY, Sam MILLAR, Eoin COLFER, Stuart NEVILLE), il ne fait pas référence aux problèmes politiques passés ou présents de cette île.
Je suis donc parti sur le premier de la série "Jack TAYLOR" (dont j'ai lu les tomes 5 et 6 dans le temps), dans lequel on fait ample connaissance avec ce personnage très singulier, ex-flic qui a osé levé le poing sur un ministre, (bon il faut dire qu'il était bien imbibé) et ça vaut vraiment le coup.
L'intrigue n'est pas ce qu'il y a de plus important ici, l'auteur nous fait découvrir son personnage principal avec son passé, et toutes ses failles, ainsi que l'ambiance à Galway, et j'ai dévoré ce livre en trois heures car il m'a vraiment plu à tous points de vue.
Je continuerai de suivre les aventures de ce détective, et je relirai aussi les deux tomes lus il y a plus de 10 ans.
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Quel régal ! C'est mon quatrième roman de cet auteur, et je pense qu'il faut d'abord bien intégrer son style d'écriture pour l'apprécier réellement. L'apprivoiser en quelques sortes ou bien l'inverse se laisser apprivoiser. Et alors, quel pied! chaque réplique pourrait figurer dans un recueil de citations. Quel humour, quel cynisme! C'est très noir et on lit avec le sourire aux lèvres. J'en redemande.
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