C'est un très beau roman graphique, vraiment très touchant qui s'intéresse à divers sujets : l'exil dans un pays inconnu, la tentative de construction d'une vie nouvelle, la transmission, l'héritage culturel mais aussi l'héritage des peurs des parents, l'incompréhension aussi parfois, le lourd poids de l'Histoire.
Thi Bui nous offre l'histoire de sa famille, des Vietnamiens qui ont fuit leur pays, nous montrant ainsi tous les éléments qui l'ont façonné, elle, en tant qu'adulte. L'auteure a attendu de nombreuses années avant de se pencher sur cette histoire familiale douloureuse, mais ce fût un peu comme un catharsis et cela lui a permis de mieux comprendre l'attitude de ses parents, notamment celle de son père qu'elle a toujours eu des difficultés à appréhender.
J'ai vraiment beaucoup aimé les sentiments exprimés ici, les messages également, l'exhortation à mieux écouter les autres pour les comprendre, à savoir que notre passé, notre histoire, nos petits bonheurs et nos malheurs sont partie intégrante de nous et forgent notre caractère et notre façon d'être.
J'ai également beaucoup aimé les couleurs utilisées par l'auteur : du noir, des couleurs orangées et elle a joué avec le blanc, cela donne un rendu très agréable et harmonieux.
Vous l'avez deviné, je recommande vivement cette lecture !
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En découvrant la maternité, Thi nous relate l'histoire de sa famille d'émigrés vietnamiens aux États-unis, les boat people, son enfance, celles de ses parents... Comment influence-t-elle sa propre vie et celle de son bébé? Une bande dessinée autobiographique, émouvante, touchante et belle sur fond ocre et noir.
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Dans un noir et blanc rehaussé d'ocres orangés, en 300 pages, elle nous raconte tout ce qu'elle sait, simplement, sans oublier de noter les événements historiques qui ont directement touché les siens ; événements qu'on reconnaît parfois et qui achèvent de donner à cette histoire de boat people le côté universel qu'il revêt.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Nommé aux Eisner Awards 2018 dans la catégorie Best Reality-Based Work, « Nous avons fait de notre mieux » mêle avec humanité le destin d’une famille vietnamienne contrainte à l’exode avec une vision plus intimiste de la responsabilité parentale.
Lire la critique sur le site : BDZoom
Le résultat est aussi imposant que convaincant. Car l’auteure parvient à entremêler tous les points de vue – géopolitique, social et personnel – sans lourdeur ni pathos.
Lire la critique sur le site : BoDoi
J'ai toujours l'échiquier que mon père a fabriqué quand j'étais enfant, et les pièces en bois avec lesquelles on jouait. En me replongeant dans ce jeu de guerre et de stratégie, je repense à ce reportage et au fait qu'aucun des Vietnamiens filmés n'avait de nom ni de voix. Mes grands-parents, mes parents, mes soeurs et moi... nous n'étions aucune de ces pièces sur l'échiquier. Nos étions plutôt comme des fourmis essayant de nous protéger des géants et de s'enfuir assez loin du danger pour pouvoir reprendre une vie normale.
Ce qui m'inquiétait depuis que j'avais un enfant à moi...
.. était de savoir si je lui avais transmis le gène de la mélancolie...
Ou si j'allais inconsciemment lui causer des dommages irréversibles.
Mais quand je regarde mon fils de dix ans maintenant...
...Je ne vois en lui ni guerre ni deuil...
Ni même Travis ou moi.
Je vois une vie toute neuve liée à la mienne comme par accident...
... et je crois qu'il a de bonnes chances de la vivre libre.
Effrayée par mon père et ayant besoin de sécurité et de confort...
... je ne me rendais pas compte que la terreur qui m'habitait n'était que l'ombre de la sienne.
Dans une guerre, chaque victime est la grand-mère, le grand-père, la mère le père, le frère, la sœur ou l'amour de quelqu'un.
Le trait caractéristique de la culture vietnamienne est mon héritage. Ce besoin inexplicable et cette capacité extraordinaire à fuir quand il se passe quelque chose de grave. Mon réflexe de réfugiée.