Encore un livre dont je m'étonne qu'il ne soit pas plus lu, noté et commenté.
Philippe Buonarroti propose une lecture de la Révolution française du point de vue des Égaux dont on peut dire qu'ils représentaient le courant "le plus à gauche" (pour parler comme aujourd'hui). Moi qui accroche rarement avec le style des auteurs du début du XIXe siècle, j'ai trouvé la relation qui est faite des événements très vivante. Car
Philippe Buonarroti fait oeuvre ici d'historien (parce que son document devient historique) mais surtout aussi d'acteur direct des événements (j'ai beaucoup pensé à
Prosper-Olivier Lissagaray et son Histoire de la Commune). C'est donc avant tout un témoignage. Il défend, face à l'histoire et à ses retournements (le livre sort trente ans après les faits), l'idéal des Égaux, les premiers communistes. Il est en particulier très sévère avec la réaction thermidorienne qui achève de faire de la Révolution française, une révolution bourgeoise, en renonçant en particulier à la Constitution de l'an I. La Conjuration des Égaux est finalement trahie par un de ses membres et beaucoup de ses membres, dont
Gracchus Babeuf, sont guillotinés sur ordre du Directoire.
Ce livre nous rappelle que des citoyens se sont battus et sont morts pour une révolution bien plus profonde que celle qui a, momentanément, triomphé ne sachant que donner naissance à l'Empire. A recommander aux amateurs de récits au coeur de l'Histoire, toute fraîche, et forcément un peu subjective.