Qui a entendu parler du royaume de Nakasum ? Quand vous interrogez Google, il reste coi, et « chat gpt » peine à balbutier trois mots cohérents sur le sujet... C'est vous dire si le secret est bien gardé.
À vrai dire, cette civilisation antique s'est perdue dans la mémoire des hommes, et les preuves de son existence se comptent sur les doigts d'une main : de vagues mentions dans des codex antédiluviens, d'absconses épopées parvenues jusqu'à nous par voie orale, un artefact que personne n'est capable de traduire, et une légendaire couronne dissimulée quelque part dans un coin de la planète Terre.
En résumé, les plus éminents spécialistes mettent en doute l'existence même de cette civilisation et parlent, non sans une certaine fatuité, de vaste fumisterie.
Oui, mais ! Une bande de pieds nickelés est persuadée du contraire. Ils disposent même d'indices sérieux sur le probable emplacement de cette fameuse couronne, et sont bien décidés à mettre la main dessus. Heureusement que Max, reine des monte-en-l'air, princesse des grandes embrouilles, assistera dans leur quête nos binoclards de salon, nos aventuriers de bistrot, car ils sont du genre à se perdre irrémédiablement une fois le périphérique passé…
Une autre bande, toute aussi vaseuse que celle de nos lunetteux, mais en plus méchant, s'évertuera par tous les moyens (y compris les plus illégaux) à les empêcher d'atteindre leur but. Car la couronne en question qui confère à son détenteur de grands pouvoirs suscite les convoitises les plus éhontées…
Il s'ensuit entre les deux bandes d'infernales courses-poursuites, d'effrénées parties de cache-cache, d'improbables tentatives de meurtres, une foultitude de trahison, de spectaculaires retournements de vestes, de l'amour, encore de l'amour, et l'irruption soudaine dans le récit d'un chat roux…
Un roman qui se veut burlesque, croustilleux même, décalé au possible, qui doit faire rire….
Mais je n'ai pas beaucoup ri. Quant au côté grand-guignol de l'histoire, il finit très vite par s'emmêler les pinceaux. Il y a quand même dans le premier tiers du récit des scènes désopilantes qui valent le détour. C'est après que ça se gâte : l'auteur en fait de trop dans les afféteries, les simagrées. C'est dommage.
Je remercie Masse Critique de Babélio et la maison « PVH EDITIONS » que je découvre de m'avoir offert quelques bons éclats de rire.
Et, par les tristes temps qui courent, c'est déjà beaucoup.
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J'ai laissé tomber la lecture à peu près à la moitié, découragé après avoir pu enchainer la première partie du livre en une seule fois. Ça peut paraître d'autant plus curieux que j'ai lu la première partie avec quelques éclats de rire dans des tournures de phrases. le hic, c'est que ces tournures sont parfois trop présentes dans la lecture et qu'elles ralentissent progressivement ce que je lisais. J'en ai été plusieurs fois heurté au cours des pages, ce qui n'est pas bon signe.
L'autre gros point noir, et que j'ai découvert en lisant le livre, c'est que l'auteur l'a écrit sous forme de feuilleton sur internet. Ce n'est pas grave, et même plutôt intéressant, mais malheureusement ça se sent. Et même beaucoup, je devrais dire. Il s'agit de soucis qui sont intrinsèques à l'histoire : la fragmentation en divers arcs narratifs qui se rejoignent, le cadre fantastique, les protagonistes ... J'ai senti, vers le tiers de ma lecture, que le fouillis du début s'organisait progressivement, et ça n'allait pas vers un arrangement. Les protagonistes creusent un peu plus leurs personnalités mais en allant vers quelque chose de très classique. L'histoire ressort du fantastique assez gros et dans lequel je n'ai pas cru un instant (une ville de la taille de Cologne dévastée par des animaux, je ne pense pas ça possible). Et surtout, les retournements de situations divers m'ont très vite lassés. Il y a des liens entre divers personnages qui s'ajoutent, créant non seulement une confusion dans ma tête entre qui est qui et lié à qui, mais surtout ça donne un côté très artificiel et microcosme de l'ensemble, alors même que le récit se déroule dans plusieurs pays. C'est un procédé qui est très efficace lorsqu'il est bien utilisé, là il m'a semblé totalement factice.
En soi je ne peux pas le reprocher au livre, qui annonce rapidement une histoire très fantaisiste et grand spectacle, mais pour autant j'ai à lui reprocher une certaine nonchalance et un effet de spectacle dans les chapitres, sans doute dû au processus créatif découpé en jours. On est sur des suspenses artificiels, à mon gout, des retournements trop gros et surtout des facilités qui me dérangent à la lecture. L'ensemble manque clairement de maitrise, de corps. C'est une lecture décevante en ce qui me concerne. J'en attendais peut-être un peu trop, mais pour ma part je n'ai pas eu envie de finir le livre. J'avais essayé de me plonger dedans pour avancer sur la première partie, mais les retournements successifs m'ont poussés à abandonner ma lecture lorsque je m'y suis replongé le lendemain. J'ai finalement laissé tomber, et franchement je ne peux pas le recommander à tous.
Je remercie les éditions PVH pour l'envoi de ce livre dans le cadre du challenge Masse critique !
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Servi à la fois avec un scénario bien ficelé, riche en rebondissements et des personnages joliment écrits, La Couronne boréale allie à merveille humour fin et extravagance pour nous offrir un récit digne des ténors du genre.
Lire la critique sur le site : Syfantasy
Ariane retira ostensiblement son loden. Elle portait un simple ticheurte noir marqué d'une spirale. Et rien dessous, semblait-il. Elle commanda un café et du lait ; la serveuse donna un coup à la table, remit en place la carte, la bougie, le flacon de verre dans lequel une fleur séchée n'attendait plus rien, répéta le même manège aux tables voisines, demanda à Fritz s'il voulait autre chose, sourit à sa dénégation maussade, embarqua la tasse vide, sourit, salua, ramassa une petite cuillère tombée dans un coin, épousseta son genou, fit une révérence, changea trois ampoules, rempailla une chaise, passa l'aspirateur, complimenta Ariane sur sa frange, fredonna les dix-huit premières strophes d'une quelconque rengaine, consulta son calepin, dit un café avec du lait et rien pour monsieur, sourit et descendit l'escalier.
Selon les oreilles bien avisées et battant pavillon fouineur, ça ne fait pas que regarder les informations télévisées : ça cause passablement, ça rit sporadiquement, ça gueule fort, ça soupire à pleins poumons, ça lève bruyamment les yeux au ciel, ça pleure plus souvent qu'à son tour, ça complote-chuchote (mais jamais assez doucement pour les oreilles épieuses, jamais), ça chante sous la douche et la tuyauterie diffuse, ça se tait en ruminant, ça baise allègrement (toujours trop fort pour les oreilles épieuses, toujours), bref c'est une maison comme vous et moi.
Tout commencerait dans un immeuble de la rue des Lauriers, au numéro 19 si l’on veut, mais peut-être au 7, ou au 44b, allez savoir. C’est celui devant lequel ce chat miaule à chaque aube, le roux aux yeux pers, celui qui avait collé une portée de douze à la persane aux yeux orange du troisième—ils avaient uni plus que leurs couleurs d’yeux—, et il s’en passe de jolies, dans cette bicoque, probablement, entre le vieil alcoolo qui se fait appeler le Consul, Monsieur Martin qui cause tout seul dans les corridors, les Peltzer qui élèvent tant bien que mal un nombre indéterminé de rejetons incontrôlables, l’un peu camée môme du huitième (c’est un grand immeuble), et tous les autres, et même cette femme qui monte l’escalier en consultant son smartphone, comptant les locataires, les likes ou ses pas. Selon les oreilles bien avisées et battant pavillon fouineur, ça ne fait pas que regarder les informations télévisées : ça cause passablement, ça rit sporadiquement, ça gueule fort, ça soupire à pleins poumons, ça lève bruyamment les yeux au ciel, ça pleure plus souvent qu’à son tour, ça complote-chuchote (mais jamais assez doucement pour les oreilles épieuses, jamais), ça chante sous la douche et la tuyauterie diffuse, ça se tait en ruminant, ça baise allégrement (toujours trop fort pour les oreilles é-pieuses, toujours), bref c’est une maison comme vous et moi.
C'était l'automne, un automne où il faisait beau, et les peupliers lâchaient par poignées leurs virevoltes d'or. Sans déférence excessive pour la poésie de la nature déliquescente, la gamine shootait dans les feuilles.
Ça commencerait comme ça: le soir vient de tomber sur le dimanche et la ville, il y a des fenêtres qui se sont allumées de jaune, à d’autres le bleu cligne blafardement, tous les locataires sont chez eux, la nuit frappe les trois coups sur le tambourin lunaire, le décor est en place, les personnages sont là, qui attendent leur rôle. Humez-moi cette vapeur qui flotte, ce bon vieil effluve de mystère et d’intrigue, est-ce le meurtre? l’aventure? la vengeance? est-ce une histoire où rôdent les coups bas et fourrés, les coups en douce et en traître, les coups de feu et de foudre? Qu’on me lève le rideau, qu’on m’abatte cette façade, on veut que ça sorte, on est friands de voir.