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EAN : 9782080438218
496 pages
Flammarion (27/09/2023)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Samedi 8 février 2020. Première soirée de libre depuis un mois, mon mari et moi allons au cinéma. Appel du PR. Je m'extirpe de mon siège rapidement, dérangeant sans vergogne toute la rangée. C'est la première fois que j'ai l'occasion de lui parler du coronavirus seule à seul. L'unique lieu isolé est un petit escalier qui monte vers les toilettes, sur les marches duquel je me recroqueville. Tout est sombre autour de moi. Je sais ce que je m'apprête à lui dire. Je peu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Profitant de ce que ma cheffe faisait « tourner » le livre pour que l'on lise les pages critiquant l'APHP (où je travaille), j'ai lu le livre en deux jours.

Je l'ai fini il y a quelques jours maintenant, car j'ai souhaité reposer la pâte avant d'émettre une opinion.

Donc tout d'abord dire que ce livre aurait pu recevoir une étoile comme 4 étoiles. Une étoile pour les raisons indiquées après. 4 étoiles car c'est un livre de témoignage sur une période exceptionnelle de notre histoire et à ce titre, si on en a l'occasion, ce serait dommage de passer à côté.

Dire aussi qu'en fait il y a trois livres en un : le premier livre va de la page 1 à la page 265 et nous avons un témoignage tout à fait captivant d'un « dirigeant » juste avant une crise majeure et la représentation d'une tranche de vie d'un ministre qui « vaut » beaucoup de témoignages historiques de grands personnages de l'Etat. le second livre commence après la page 265 : Mme Buzyn, sans poids politique, se retrouve en campagne électorale et son témoignage n'a vraiment que peu d'intérêts…le troisième livre enfin est constitué de toutes les notes de bas de page qui manifestement ont été rédigées par un ghost writer et qui sont passionnantes sur l'organisation de la santé en France et dans le Monde. J'affirme que c'est un ghost writer (malheureusement non crédité) pour trois raisons : d'une part, parce qu'il n'est pas choquant de déléguer cette partie technique à quelqu'un qui connaît vraiment le sujet, les anglo-saxons l'auraient assurément crédité ; d'autre part, parce qu'il y a de nombreuses redites entre les notes de bas de page et le texte principal, ce qui montre bien que l'un et l'autre ne se sont pas suffisamment coordonnés. On imagine bien que le texte principal a été envoyé au fur et à mesure au ghost writer qui devait en faire des notes de bas de page et qu'ensuite, Mme Buzyn reprenait son texte sans se rendre que ce qu'elle disait était déjà dessous…Enfin, sans doute de manière plus cruelle, les notes de bas de page, contrairement au texte (non la loi HPST n'est pas de 2008 mais de 2009), ne comportent pas d'erreurs, en tout cas je ne les ai pas identifiées. J'en profite pour passer un message aux éditeurs en général : ce n'est pas parce qu'un auteur est ancien ministre qu'il faut s'abstenir de relire son texte, surtout quand elle a souhaité l'écrire toute seule…

Quelques mots de critiques sur les « trois » livres, en commençant par le troisième :
- le livre sur les notes de bas de page est précieux pour qui veut connaître le système du point de vue technique et organisationnel, il mériterait même de devenir un « que sais-je ? » sur « l'organisation de la santé en France »
- le 2ème livre sur sa campagne électorale est pathétique à plusieurs titres, d'une part, parce qu'il démontre l'absence de « corps » au sein de son parti et le fait que la légitimité ne s'improvisant pas, tout démontre qu'en fait, le PR ne voulait pas de Paris dans son escarcelle ; d'autre part, parce que sa manière de « petite fille » (il n'y a pas d'autres mots) d'envoyer des SMS, des mails, d'appeler le PR et le PM à tout bout de champ alors qu'elle n'est plus ministre (la scène du cinéma est malaisante) est totalement à côté de la plaque. Cela aurait pu passer pour de la franchise et une mise à nue salutaire, malheureusement Mme Buzyn ne se rend manifestement pas compte du ridicule dans lequel elle se met… Et on sent la « génance » des sus-dits PR et PM dans leurs réponses, comme si on devait répondre à un vieil oncle malade, à moitié bourrée au bout de la table et qu'on doive le raccompagner chez lui…enfin, pathétique en ce qu'il témoigne qu'une fois qu'on est sorti de la fonction, on n'est plus rien, du jour au lendemain…plus précisément, on redevient ce qu'on a été ;
- le 1er livre enfin, sur son expérience de ministre est, comme on l'a dit, le plus intéressant même s'il ne met en valeur ni l'appareil d'Etat, ni la dame Buzyn dans cette histoire…Mme Buzyn travaille en vase clos, uniquement avec le DGS et son conseiller médical. Ça tombe bien, à un moment elle dit que ce sont « les deux meilleurs infectiologues du Pays », faut le lire pour le croire…on sent bien que son dir cab (directeur d'hôpital, ancien DG des Hospices Civils de Lyon, un grand « préfet » sanitaire) gère sa ministre comme il peut et j'avais l'image à la fois du Michel Blanc du film « l'Exercice de l'Etat » (éthique, sérieux, travail) et des Bronzés (« sur un malentendu, ça peut marcher »)…elle ne s'occupe que de la crise sanitaire (toujours dans ses prémisses) à défaut de tout autre sujet, qu'elle ne veut pas connaître, et qu'elle ne gère qu'à son corps défendant (« ah, mais pourquoi le PR va visiter la Pitié-Salpêtrière, fief de contestation ? » Comment rappeler à Mme Buzyn que c'est aussi l'établissement le plus grand du plus grand hôpital d'Europe ?). Son appréciation (toujours négative) des uns et des autres ne vient que de son expérience et si effectivement elle a des mots très durs sur Martin Hirsch, DG de l'AP-HP, et sur Jean-François Delfraissy, on comprend que d'une part, elle fait partie de l'AP-HP et elle doit y revenir un jour (ce qui ne sera pas facile, d'où peut-être son acrimonie) et que, d'autre part, son mari est un grand spécialiste du SIDA et donc un grand concurrent de JF Delfraissy, qui en est le spécialiste français. Tout cela pour dire que ces médecins, censés être biberonnés à l'éthique de la prévention du conflit d'intérêt, n'en ont cure quand il s'agit de tacler les uns et les autres…et là, aucune note de bas de page pour préciser ces conflits d'intérêts…

Bref, pour synthétiser, un livre de coulisse passionnant sur le fond qui confirme de manière étonnante ce que tout le monde pense : Mme Buzyn était, comme le Huron au Palais Royal, clairement une erreur de casting, rapidement corrigé quand tout cela est devenu sérieux…
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La presse a globalement éreinté Agnès Buzyn. Ce livre apporte une juste mesure pour sortir du café du commerce médiatique, pour mieux apprécier le rôle d'AB, de l'administration, du PR et du PM dans ce moment unique de l'histoire sanitaire mondiale. Ce livre est technique, précis, mais peut être trop centré sur AB, son quotidien et donne insuffisamment une vision panoramique des événements de cette période.

Ce livre est salutaire d'abord parce qu'il montre concrètement les actions conduites par le ministère de la Santé tout au long des 3 mois (décembre-février). Et surtout parce qu'il donne à voir la ligne de crête sur laquelle ont circulé nos dirigeants, entre ignorance de l'ampleur potentielle de l'épidémie qui couve, peur d'effrayer le grand public, attente des directives de l'OMS (jugés souvent mal calibrées par AB voire complètement à côté de la plaque), débat médiatique laissant place aux charlatans de tout poil. Au milieu de tout cela, il ne reste qu'une très faible marge de manoeuvre pour nos dirigeants même animés de la meilleure volonté du monde.

Oui c'est le récit sincere et lucide d'une forme d'impuissance par rapport à la vague invisible qui déferle.
Qu'aurait pu faire AB ? Pas grand chose de plus que ce qui a été fait. Vu le niveau de contagiosité du virus, on voit mal ce qui aurait permis de ralentir ou limiter sa survenue en France.

Mais ce qui apparaît de façon criante, c'est la naïveté politique d'AB. Il aurait fallu qu'elle alerte ses chefs de façon plus formelle que par quelques SMS et coups de téléphone. Si la vague doit déferler et que rien ne peut y faire, autant le dire formellement par des notes officielles adressées PR/PM. Elles auraient entraîné une prise de conscience plus forte et éventuellement des actions de prévention un peu plus fortes. Car par l'écrit officiel, la responsabilité est engagée. En outre, cela aurait été une trace pour l'histoire, pour les commentateurs bien confortablement installés sur leur canapé et pour les juges de la CJR.

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Agnès Buzyn était Ministre de la Santé et des Solidarités lorsqu'arrivèrent de Chine les premiers échos d'une nouvelle infection respiratoire. On avait déjà connu le SRAS, la grippe H1N1.

La réforme des retraites allait être votée par le Parlement, les élections municipales approchaient et Benjamin Griveault était le candidat de la majorité contre la maire socialiste de Paris.

Au fil des jours et des semaines, les informations de Wuhan devenaient plus inquiétantes, mais la maladie semblait contenue au vu des informations officielles. Benjamin Griveault se faisait rattraper par une sex-tape.

La loi sur les retraites était votée. le Président demandait à Agnès Buzyn de prendre le relai de Benjamin Griveault comme tête de liste. Wuhan était confinée. Les fêtes du nouvel an allaient commencer en Asie Un premier cas de cette maladie chinoise apparaissait à Paris : un touriste chinois. La ministre et un proche conseiller continuaient la veille, recensaient masques et équipements de protection.

Elle ne put dire non au Président, quitta le gouvernement, perdit les élections mais continua sa veille malgré ses détracteurs  ...

Un témoignage poignant de celle qui a eu raison avant les autres, de celle dont on n'entend plus parler ...

Un document qui nous replonge dans les premiers jours de 2020, quand on ne savait pas encore ce qui allait arriver, puis quand tout changea, où on découvrit où était Wuhan, où les experts sans expertises de tous poils étalaient leurs certitudes, et où les courbes des cas, des morts, des entrées en réanimation faisaient la Une de tous les journaux en ligne.

Un document très bien écrit, qui remet la chronologie en place, et qui montre, s'il en était besoin, que c'est souvent celui qui fait le plus de bruit qui est le mieux entendu quelle que soit la vérité de ce qu'il proclame.
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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