La machine à trier : Comment la France divise sa jeunesse

Soyons bref. La Machine à trier repose sur le constat que la jeunesse se divise et que la cause de cette division, c'est le diplôme.

Selon les auteurs, "nulle part ailleurs qu'en France" le diplôme ne revêtirait pareil rôle. Et ils mesurent d'abord les impacts, les manifestations de cette importance, en terme d'inégalités, d'insertion, de participation à la vie civile ou politique... Ensuite, ils passent en revue le poids de la famille. Celui-ci est énorme et renforce les inégalités des chances. Toutes les familles ne sont pas identiques. Les moyens, intellectuels, financiers ou en temps, ne sont pas les mêmes.

Evidemment, l'école est un point central dans le renforcement des inégalités. Ce qui est paradoxal. Mais contrairement à ce que disent les auteurs (et c'est très français), la France n'est pas le seul pays à le dire... En Belgique, on se lamente d'être "le pire pays qui...", idem quand on écoute les médias allemands, hollandais...

De l'école, on passe au marché du travail et à l'aide publique, notamment via la protection sociale. Au final, on a un paysage assez désespérant, qui montre à quel point de nombreux mécanismes jouent et renforcent les inégalités qui sont déjà visibles dès la petite enfance.

Soyons clair, on ne cherche pas l'égalité des personnes. Mais bien celle des chances.

Néanmoins, j'ai deux critiques assez fondamentales. D'une part, et les auteurs n'en peuvent pas grand-chose, le livre (revu) date de 2013, et il en est passé de l'eau sous les pieds du Zouave depuis lors. L'immigration dont les auteurs ne parlent pas est maintenant très présente, et les chiffres concernant le racisme et l'intolérance dont ils font mention doivent maintenant être bien plus haut (idem pour ce qui est du rejet de l'état de droit). D'autre part, le livre reste parfois à un niveau de banalité asseaz affligeant. On ne creuse pas énormément. le leitmotiv est "La France est moins bien que les autres", et c'est lassant. Pas (ou peu) de propositions concrètes et chiffrées pour changer. de ce que je peux en juger, les idées de Macron doivent avoir été pas mal appréciées par les auteurs. Je ne prends pas position. Un chapitre parle des cumuls de mandats et de l'âge canonique des élus... cela a donc déjà bien bougé.

Il reste que changer de moèle prend du temps, changer les mentalités, briser les moules... cela demande aussi du courage et l'opportunité de mener à bien des réformes, afin que l'on puisse en voir les effets... mais si les effets sont négatifs, c'est trop tard. L'économie ne se met pas en éprouvette pour être testée en laboratoire.