T.S. Eliot a dédié le plus célèbre de ses poèmes, "La Terre Vaine" (The Waste Land), à Ezra Pound : 'il miglior fabbro". On sait que ces trois mots italiens sont empruntés au vers célèbre par lequel Dante désigne le troubadour Arnaut Daniel, aimé de Pound.
Cette dédicace renfermait alors une signification très précise : Eliot voulait rendre hommage à la maîtrise technique et à la capacité critique de son ami, capacité qui a fait beaucoup "pour transformer un méli-mélo de bons et de mauvais passages en un poème." En outre, Ezra Pound avait, le premier, attiré l'attention d'Eliot sur La Divine Comédie ; enfin, Ezra Pound était précisément un spécialiste de cette poésie provençale à laquelle Dante doit tant et à laquelle il rend hommage en évoquant Arnaut Daniel et quelques autres troubadours. Cependant, on a pu dire qu'Eliot se montre ici, comme ailleurs, trop modeste. Pound a amélioré l'agencement du poème : "The Waste Land" ; il l'a resserré, en faisant brutalement supprimer des passages explicatifs. Il s'agit là, évidemment, d'une action directe sur le poème, d'une critique, et non pas d'une influence proprement dite. La conception et la versification du poème sont entièrement d'Eliot.
C'est également Ezra Pound qui suggéra à T. S. Eliot le titre de son premier recueil de poèmes : "Prufrock and Other Observations". Et, dès 1920, Pound pouvait écrire, dans ses "Investigations", qu'Eliot "est un des rares qui aient créé un rythme personnel, une qualité reconnaissable de sonorité aussi bien que de style."
Georges Cattaui, p. 467
Chez lui (Pound), comme chez eux (les beatniks), on rencontre, jusqu'à satiété, le refus d'une époque et d'une suite d'événements lourds d'historicité incongrue. Les beatniks en accusent la Bombe, leur pays, et s'exilent hors de l'exil même. Pour Pound, cracher sur son temps, c'est s'enfermer dans les dictionnaires et dans les lexiques. Il divorce du siècle en homme conscient du passé : le provençal, le grec, le chinois, par dérision, deviennent des patries à l'heure où l'on ne peut accepter la sienne.
Alain Bosquet, p. 581. Et l'auteur de proposer de lire d'autres poètes américains bien plus intéressants que Pound.
Etienne Klein est physicien et philosophe. Il signe dans le "Cahier de l'Herne", consacré à André Comte-Sponville, un texte sur le temps et notre rapport à l'ennui, qui a toujours "une mauvaise réputation", mais qui peut aussi avoir des ressources, être un facteur créatif. le scientifique revient sur les définitions du vide et du néant, deux concepts bien différents qui intéressent les physiciens. Nous ne sommes pas égaux face à l'ennui, face au vide.
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous :
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