Ce tome se déroule après les événements du premier consacré à Adèle, mais les deux histoires peuvent se lire indépendamment l'une de l'autre, comme je l'ai fait. Si je ne doute pas que ce roman puisse plaire aux amateurs de livres feel good avec, en trame de fond, une romance qui prend le temps d'éclore, je me suis hélas ennuyée.
Les débuts et la plume vive et non dénuée d'humour de
Lucie Castel m'avaient pourtant laissé espérer une lecture détente et divertissante, le genre que je lis en une soirée, mais mon intérêt est vite retombé. J'ai trouvé les messages véhiculés importants mais amenés avec lourdeur à travers des dialogues qui m'ont donné l'impression de lire des pages de développement personnel. Je valide donc le fond mais pas la forme qui manque, du moins pour moi, de subtilité et qui mériterait d'être retravaillée pour apporter une authenticité qui fait défaut à certains dialogues.
J'ai néanmoins, au début, apprécié le mystère entourant le château des Deux Sources dont les travaux en vue de son ouverture au public semblent compromis par des incidents étranges, aux allures d'actes de sabotage ! Mais, et peut-être parce que j'aime les thrillers et les romans policiers, j'ai trouvé cette partie bien maigre et diluée dans des considérations qui n'ont guère suscité mon intérêt. Il faut dire que la partie semble quand même jouée d'avance… Ce manque de surprise ne m'a pas dérangée outre mesure, même si j'aurais quand même apprécié de ne pas voir LA révélation du roman arriver des kilomètres à la ronde.
Je n'ai, en outre, pas accroché aux personnages, ayant développé rapidement cette impression tenace que tout était surjoué : leurs paroles, leur comportement, leurs réactions… Sans oublier cette tendance de l'autrice à vouloir nous faire nous apitoyer sur leur sort. À cet égard, et si évidemment, j'ai été touchée par le passé de Valentine et heurtée par son horrible mère, j'ai été gênée qu'on insiste sur ses blessures comme pour expliquer ses problèmes relationnels et le fait qu'ado, elle ait harcelé plusieurs de ses camarades. Je veux bien que cela explique en partie ses agissements, mais en tant qu'ancienne harcelée, j'ai eu beaucoup de mal avec la manière dont son passé est mis en avant comme pour faire accepter d'anciens actes qui ne le sont pas. Et le fait que son meilleur ami soit l'une de ses anciennes victimes m'a semblé malsain. Non, on ne devient pas ami avec son ancien harceleur !
Ce roman m'a donc mise en colère sur la question du harcèlement, étant fatiguée que cette thématique soit si souvent mal abordée, et que les auteurs se montrent bien trop indulgents envers les harceleurs. En revanche, il m'a semblé que
Lucie Castel faisait un meilleur travail sur la thématique de l'anorexie, mais n'étant pas concernée par le sujet, je ne m'avancerai pas plus. Je peux juste dire qu'à titre personnel, j'ai été touchée de voir Valentine lutter contre cette maladie, ce monstre qui guide certaines de ses réactions, tout comme j'ai été peinée de voir le mal que sa mère a pu lui faire et tente encore, par des paroles blessantes et injustes, de lui infliger. Un personnage quelque peu caricatural qui a fait de sa vie un enfer. On comprend alors sans peine que Valentine ait préféré couper les ponts avec celle-ci et décidé de passer de la pâtisserie familiale à la carrière qui l'intéresse elle.
Alors même si son travail pour les Lacombe ne correspond pas vraiment au travail de guide pour lequel elle a été formée, on peut dire qu'elle le fait bien. Elle s'implique même plus que de raison, devant gérer les problèmes retardant le chantier et les relations complexes entre les membres d'une famille d'aristocrates ayant son lot de casseroles, de non-dits et de secrets profondément enfouis ! On découvre ainsi trois générations de Lacombe, et le moins que l'on puisse dire, c'est que la communication semble quelque peu difficile entre le grand-père, le fils et le petit-fils. Quand le grand-père est obsédé par l'idée de sauver son château, le fils prêt à tout pour satisfaire son père, le petit-fils, lui n'a qu'une envie, vendre cette bâtisse de malheur et fuir loin de cette famille contre laquelle il ne ressent que de la rancune.
Si je n'ai pas eu d'avis sur Charles aux abonnés absents ou du moins plus passif qu'actif, j'ai apprécié l'exubérance du grand-père, un homme très théâtral qui a du mal à exprimer ses émotions, mais qui sait se mettre en scène ! Au fil des pages, j'ai fini par le trouver très touchant, et ai compris sans peine l'attachement que Valentine a pu développer pour ce patron peu conventionnel. La personnalité de Gabriel n'est pas assez approfondie pour que je m'attache à lui, mais j'ai apprécié qu'il se dévoile aux lecteurs par petites touches.
Il se révèle finalement assez différent de l'image qu'on peut se faire de lui lors de son arrivée au château, où il ne nous apparaît pas sous un jour très favorable. Et ce n'est pas Valentine qui vous dira le contraire, cette dernière l'ayant pris en grippe, avant de, petit à petit, développer pour lui d'autres sentiments… Mais est-ce bien raisonnable de fricoter avec le petit-fils de son patron et de risquer, au passage, de perdre son coeur, la situation avec Gabriel étant complexe ? Une question qui ne m'a pas tenue en haleine, mais qui pourrait plaire à d'autres lecteurs et leur donner envie de tourner les pages avec avidité. Si je m'étais attachée aux personnages, cela aurait d'ailleurs pu être mon cas.
Mais de manière générale, il m'a manqué un travail de fond sur les protagonistes, dont la psychologie aurait mérité d'être étoffée pour qu'ils nous apparaissent moins caricaturaux. Si vous êtes cependant juste en quête d'une histoire divertissante, ce point pourrait ne pas vous gêner, a fortiori si vous aimez les groupes soudés constitués de personnalités atypiques, Valentine évoluant parmi un groupe d'amis hauts en couleur. Leurs échanges sont d'ailleurs souvent emplis d'humour, de complicité et de cet amour dont la famille de Valentine l'a privée. Sa mère, par égoïsme et égocentrisme, son père par lâcheté… Attendez-vous donc à quelques jolis passages où l'on ressent toute la force de leur amitié ! Il y a aussi quelques beaux instants familiaux d'autant plus appréciés qu'ils sont rares.
En résume, Quand la vie s'en mêle n'a pas réussi à susciter en moi un réel intérêt ou un quelconque attachement envers les personnages, à l'exception d'un châtelain excentrique qui m'a fait sourire et même touchée. Je reconnais néanmoins que le roman possède des qualités qui devraient enchanter d'autres lecteurs, à commencer par la plume fluide et légère de Lucie castel qui lui confère un côté feel good certain. Si vous en êtes d'une histoire rapide à lire avec un peu de mystère, de l'humour, de l'amitié et en trame de fond une romance qui se développe dans un contexte tendu entre démons personnels, problèmes familiaux, sabotage, secrets de famille et rivalité entre châtelains, ce roman pourrait vous plaire.
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