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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Javier Cercas est sans doute le grand écrivain espagnol de ces dernières années. le voir s'attaquer au polar est forcément très excitant. Et c'est une totale réussite car il est parvenu à manier avec respect les conventions du genre tout en y injectant l'ADN de ses romans précédents, à savoir une réflexion profonde sur l'héritage de l'histoire espagnole ( la guerre civile évidemment et le franquisme ) et comment elle façonne le territoire et les esprits encore aujourd'hui.

Une terre aride, déshéritée et inhospitalière au fin fond de la Catalogne intérieure. Un triple assassinat, un couple de riches nonagénaires et sa domestique. Un carnage, ils ont été atrocement torturés de leur vivant. Un flic. Une enquête tortueuse, laborieuse et au bout la vérité, sale, bien sale. On est bien dans le polar, avec une intrigue très détaillée, des rebondissements, des pièces du puzzle qu'ont pensé fausses pistes et qui se révèlent essentielles pour comprendre les ressorts profonds, cachés du crime. On se sent assurément en terra cognita polardesque …

… mais très vite, on devine que Javier Cercas ne va pas se contenter d'un simple polar, tout réussi qu'il soit. Ce qui l'intéresse, c'est de montrer de quoi sont faits les êtres humains, dans toute leur complexité. Et pour cela, il sert au lecteur un personnage principal absolument extraordinaire : le charismatique flic Melchor Marin. le mystère du roman, c'est autant les raisons du massacre du richissime industriel cacique local ( avec en dommages collatéraux son épouse et sa bonne ), que la personnalité de Melchor, éclairée par des chapitres alternés remontant son passé de malfrat repenti en flic justicier. Je me suis surprise à presque plus attendre ces chapitres-là que ceux de la résolution de l'enquête.

Melchor est un personnage d'autant plus fascinant qu'il s'est approprié Les Misérables de Victor Hugo, découvert en prison, comme « un vade-mecum vital ou philosophique, un livre oracle ou sapiental, un objet de réflexion à explorer tel un kaléidoscope, infiniment intelligent, un miroir et une hache. » Melchor ne lit pour des raisons culturelles, il lit pour des raisons vitales, considérant la littérature comme une manière de vivre plus intensément, plus richement, un moyen de comprendre sa vie.

C'est passionnant de suivre son identité vacillante, de le voir relire les Misérables au diapason de sa propre évolution, s'identifiant d'abord à un Jean Valjean carburant au ressentiment, pour lequel la vie est une guerre, puis à Javert avec sa droiture halluciné au sens de la justice extrême, avec en ligne d'horizon Monsieur Madeleine qui parvient à vivre loin de toute haine. Même si on a n'a pas lu le chef d'oeuvre de Hugo, on comprend parfaitement le parcours qui l'a conduit à ce qu'il est au moment de l'enquête et le conduira à son après.

Terra alta est une réflexion palpitante sur la justice autour de la tension entre justice intime et justice légale. Lorsque deux vérités contradictoires fondés sur des raisonnements justes s'affrontent, quelle justice doit s'imposer ? Ce questionnement est d'autant plus intense que s'y invite l'histoire espagnole : récente ( les attentats de Cambrils en 2017 ) et plus ancienne, toujours cette fichue guerre d'Espagne qui a laissé des traces profondes, c'est dans ce comarque de Terra alta ( province de Tarragone ) qu'a lieu la bataille de l'Ebre, 113 jours de féroces combats qui a précipité la chute de la République espagnole.

« La bataille n'a fait que laisser des blessures invisibles. Les tranchées, les ruines, les collines jonchées d'éclats d'obus, toutes ces choses que les touristes aiment tant. Mais les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que personne ne voit. Celles que les gens conservent secrètement. Ce sont elles qui expliquent tout mais, de celles-ci, personne n'en parle. »

Effectivement, ce sont ces blessures secrètes héritées qui sont la clef du roman, comme si le passé était encore une dimension du présent, Melchor devant trouver sa voie pour essayer de savoir s'il lui est possible de vivre sans haine, d'oublier et de pardonner.

Remarquable ! Je me suis régalée de bout en bout !
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Melchor Marin vit et travaille en Terra Alta, cette région rurale isolée, située dans les terres de l'Èbre, au sud de la Catalogne.
Ancien délinquant, c'est en prison qu'il a découvert Les Misérables de Victor Hugo et, fasciné par Jean Valjean et Javert, il a repris ses études pour devenir policier afin d'élucider l'assassinat de sa mère, prostituée, battue à mort.
Ayant réussi les concours, il est engagé et devient un héros après avoir abattu quatre terroristes lors des attentats islamistes qui ont ensanglanté Barcelone et Cambrils en août 2017.
Pour retrouver l'anonymat après cet acte de bravoure, sa hiérarchie l'envoie en poste dans ce lieu isolé qu'est la Terra Alta.
Quatre ans après son arrivée sur ces terres catalanes qui portent encore les stigmates de la bataille de l'Èbre, Melchor se sent l'homme le plus chanceux du monde auprès de sa femme Olga et de leur petite Cosette.
C'est alors que dans cette région où il ne se passe jamais rien, aux dires d'un de ses collègues policiers, sont découverts dans leur demeure isolée, les corps torturés et déchiquetés d'un richissime industriel nonagénaire et de sa femme ainsi que le corps de leur domestique roumaine.
Les deux victimes Francisco et Rosa, sont propriétaires et seuls actionnaires de l'entreprise la plus importante de la Terra Alta, les Cartonneries Adell qui emploient la plupart des habitants du coin.
Il va s'avérer qu'ils étaient également tous deux membres de l'Opus Dei.
Tout le village est bien vite au courant : « On n'a pas autant parlé de la Terra Alta depuis la bataille de l'Èbre ».
Melchor, premier enquêteur sur les lieux, vu qu'il était de service cette nuit-là, va devoir avec son équipe retrouver les auteurs de ce crime épouvantable. L'enquête promet d'être ardue, la porte n'a pas été forcée, les caméras ont été débranchées, quasiment aucun indice ni mobile, tout a été fait avec minutie. Ce genre de personnages s'est sans doute attiré des ennemis, mais qui peuvent bien être les auteurs capables de s'acharner ainsi sur des vieillards ou les commanditaires d'un crime aussi horrible ?
Deux énigmes cohabitent dans le roman, à savoir qui est l'assassin et qui est ce « héros de Cambrils », surnom donné par la presse à ce policier.
Javier Cercas nous invite à suivre au plus près et de façon haletante cette enquête à rebondissements et la résolution de ces deux questions en alternant l'histoire personnelle de Melchor et les investigations qu'il mène avec ses compagnons.
Terra Alta est un roman policier intense, extrêmement captivant et d'autant plus intéressant et enrichissant que l'auteur y insère un peu de politique avec les indépendantistes catalans, le franquisme et la guerre d'Espagne qui a tellement bouleversé ce pays. Y est plus particulièrement évoquée la bataille de l'Èbre dont les cicatrices sont encore présentes et si certaines sont visibles, « les vraies blessures, ce ne sont pas celles-là. Ce sont celles que les gens conservent secrètement ». Ces paroles prononcées par Olga, l'épouse de Melchor préfigurent quasiment le dénouement.
Javier Cercas maîtrise avec finesse la psychologie de ses personnages, dévoilant peu à peu leur véritable personnalité.
Terra Alta est un profond hommage à la littérature et à la lecture avec pour fil rouge Les Misérables de Victor Hugo, véritable bouée de sauvetage pour Melchor. Javier Cercas a une maîtrise absolue pour planter un décor et traduire une atmosphère, et il m'est apparu, tel un peintre, jouant magnifiquement avec la lumière, réussissant à créer des ambiances aussi bien lumineuses que très sombres.
Difficile de ne pas être en empathie avec ce héros, ce personnage complexe tellement attachant, dont la vie est semée de drames, cet homme assoiffé de justice qui, même lorsque les autorités décident de clore l'enquête, faute de résultats, s'obstine à continuer.
J'ai trouvé Terra Alta, ce polar sur fond social, politique et historique, fabuleux et absolument passionnant de bout en bout.

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Prenant, angoissant, émouvant, révoltant, touchant au plus profond de l'âme humaine et de ses contradictions, Terra Alta, de Javier Cercas, m'a fait vivre d'intenses moments sur les pas de Melchor Marín, un garçon pas épargné du tout par la vie.
Bien que sa mère qui se prostitue à Barcelone, l'ait mis en garde, ait fait le maximum pour qu'il soit éduqué de la meilleure des façons, Melchor n'en fait qu'à sa tête. Rapidement, il plonge dans le trafic de drogue, apprend à tirer, se brouille avec les Colombiens et finit en prison.
C'est là qu'il fait connaissance avec Domingo Vivales, un avocat payé par sa mère, Rosario. S'il joue au dur après sa condamnation à quatre ans, c'est à la bibliothèque qu'il se lie d'amitié avec un Français, Gilles. Celui-ci lui fait découvrir et lire Les Misérables. Jean Valjean, Monsieur Madeleine, Javert reviendront souvent dans Terra Alta, ne quittant jamais vraiment l'esprit de Melchor.
Quand sa mère est assassinée, Melchor décide d'entrer dans la police pour retrouver le ou les meurtriers et Vivales lui apporte une aide précieuse.
Justement, Terra Alta avait débuté dans cette comarque, un district catalan dont le chef-lieu est Gandesa. La Terra Alta est bordée par l'Èbre ce qui me fait penser aussitôt à la terrible bataille qui s'y déroula durant la guerre civile espagnole (1936 – 1939).
Dans mes lectures récentes, je n'oublie pas l'excellent roman de Laurine Roux, L'autre moitié du monde (Prix Orange 2022). L'action se déroulait dans les rizières du delta de l'Èbre, ce fleuve espagnol de près de mille kilomètres. Ici, comme le titre l'indique, Javier Cercas m'emmène sur les hauteurs, sur des terres plus arides, bien moins peuplées.
L'histoire débute fort avec une scène horrible, au mas des Adell. le patron des Cartonneries Adell et son épouse, deux personnes âgées, ont été torturées et massacrées. Avec leurs usines, les Adell sont les plus fortunés de la région, donnant du travail à beaucoup de monde. La police déploie donc les grands moyens pour tenter de résoudre ce triple crime puisqu'une employée a été retrouvée abattue d'une balle dans sa chambre.
Bien sûr, Melchor est au coeur de l'action, lui qui vit heureux à Gandesa avec Olga, son épouse, et Cosette, leur fille.
Après cette entrée en matière ultra-violente, Javier Cercas me fait connaître l'histoire de Melchor, une histoire dont j'ai donné les premiers éléments. Entre les retours en arrière et le déroulement de l'enquête, je suis littéralement happé par le récit dans lequel je retrouve les soucis d'indépendance de la Catalogne et surtout les drames ineffaçables de la guerre civile.
Le passé de Melchor est captivant mais ce garçon me fait trembler chaque fois qu'il agit. C'est d'ailleurs une de ses interventions spectaculaires qui lui a valu son affectation en Terra Alta, loin de Barcelone où il exerçait normalement.
Jalousies, suspicions, compromissions entre policiers, drames ayant divisé la population frappée très durement par l'affrontement sans merci entre anarchistes et franquistes, Javier Cercas mène remarquablement son thriller, tout en s'appuyant sur les leçons données par Victor Hugo dans Les Misérables. Melchor sera-t-il Jean Valjean ou Javert ?
À vous de le découvrir en lisant Terra Alta !

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Que dire si ce n'est qu'encore une fois et dans un genre revisité et présenté sous forme de polar , Javier Cercas s'est montré absolument remarquable .
Quelle bonne idée de partir d'un crime atroce et d'en confier l'enquête à un homme dont le moins que l'on puisse dire est qu'il va catalyser sur lui toutes nos attentions tant son personnage est fort , incroyablement juste ,calquant son attitude sur les personnages d'un livre qui l'a marqué au fer rouge , tant par son contenu que par les circonstances de sa découverte .Du grand art pour un personnage dont la route aurait pu s'avérer bien différente , ce dont nous serons des témoins privilégiés .
Deux histoires parallèles , un hymne à la justice , celle des hommes ou celle de l'homme ? Un hymne à la culture par la lecture , un hymne à l'amour aussi et là , au centre , un homme qui recherche une vérité pour assouvir son besoin de trouver le repos .Le personnage de Melchor est gravé en moi , La fin du roman est éblouissante et si Javier Carces bâtit le présent en s'appuyant sur un passé encore frais , en choisissant ses lieux et ses évènements avec tact , et c'est notre intelligence , notre moi profond qui , au final , devront décider si l'on aurait voulu ou non suivre le même chemin que le héros .
Je crois que ce roman aura une " suite " ? Vite , vite , vite !!!!
Bonne soirée chers et chères amis et amies . Là , je me suis choisi une lecture pas mal du tout mais plus ...légère . Je reviens bientôt vous en dire ...deux mots ...pas plus .
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J'avais tant aimé tous les autres Cercas que j'attendais beaucoup de Terra Alta, sa (première ?) tentative de polar, qui plus est sous l'égide magistrale des Misérables, mon classique "chouchou", lu et relu !

Comme le marque ce début (un poil) réservé, mes attentes ont été (un poil) déçues.

Melchor Marin est devenu flic comme Jean Valjean est devenu M. Madeleine, par la grâce non d'un évêque mais d'un avocat, qui a offert sa chance à ce "fils de pute" (littéralement) que la misère et l'assassinat de sa mère avaient transformé en racaille, en assassin, et finalement en taulard. Un Misérable des temps modernes.

Pour venger sa mère et châtier ses assassins, Melchor Marin est devenu flic et justicier comme Javert, son improbable héros dans les Miserables. Comme lui, il se fait de la justice une idée si haute qu'elle le tire hors de son humanité jusqu'à frôler l'injustice absolue d'un règlement de compte dont il se fait un devoir.

Melchor Marin est devenu flic et héros en "neutralisant"-radicalement-quatre terroristes islamiques. On l'exfiltre en Terra Alta, sur les terres de la bataille de l'Ebre (ay Carmela, ay Carmela... boum bala boum balaboum bamba). Terre où il s'est passé tant d'horreurs pendant la guerre civile qu'elle est devenue un coin perdu où il ne se passe (plus) jamais rien.

Comme Valjean tiré par les émeutes de 1832 de la sécurité tranquille et un peu soporifique du couvent de Picpus, Melchor est tiré du coin de paradis où il vit avec sa femme (une bibliothécaire qui lui fait découvrir d'autres livres que Les Misérables) et leur fille, Cosette, (évidemment !) et jeté dans la tourmente que déclenche un effroyable meurtre.

Jusqu'ici, dirais-je, tout va bien. C'est un peu long, un peu lent, un peu pas très bien écrit-ou traduit ?- mais le portrait de Melchor tient la route, et la relecture des Misérables aussi, même si le surlignage est un peu appuyé.

La suite s'emballe dans des coups de théâtre invraisemblables et des explications successives tout aussi peu crédibles mais qui font intervenir politique et histoire, deux thématiques étroitement liées à toute l'oeuvre de Cercas et qui piaffaient derrière la porte...

N'est pas Victor Hugo qui veut. Un polar revisité par les Misérables, je veux bien, mais une irruption brusque de la guerre civile dans ce contexte, il fallait la travailler davantage. L'amener imperceptiblement, comme Almodovar dans Madres paralelas, où la recherche sur la filiation épouse et rejoint avec brio celle d'un passé à vif, sinon vivant, enfoui dans les fosses franquistes.. .

Qui aime bien, châtie bien. Je sais, je suis sévère, mais moi qui suis vraiment une grande fan de Cercas, j'ai même trouvé au style des maladresses inhabituelles. En particulier dans les discours rapportés qui m'ont paru de laborieux exercices pour varier les verbes déclaratifs !

Restent une meditation sur la justice parfois un peu brouillonne ou plutôt brouillée. Et dans ma tête le chant del Paso del Ebro - balaboum balaboum balaboum bamba! qui me file toujours la chair de poule quand j'y pense.

Ay Carmella, ay Carmella...
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Terra Alta est une terre inhospitalière de la Catalogne, tristement célèbre pour sa bataille de l'Èbre.
Melchor dont l'enfance et l'adolescence sont marquées par la précarité,la honte et la violence trouvera une autre issue à son destin grâce à la lecture des Misérables alors qu'il est incarcéré.
Devenu policier et héros malgré lui,il est mis à l'écart dans le petit commissariat de Terra Alta pour le protéger. Son futur collègue l'accueille en le prévenant que dans ce trou il ne se passe jamais rien... Pourtant le crime effrayant d'un couple d'octogenaires vient démentir cette affirmation.
L'intrigue et son déroulement pourraient peut-être paraître fades aux spécialistes du genre car il n'y a pas de rebondissements incessants ni d'ambiance glaciale mais en ce qui me concerne j'ai été une fois de plus charmée par l'écriture de Javier Cercas. Car Melchor, l'homme et sa quête de vérité et de justice est bien plus important que le policier.
La structure du roman construite autour des Misérables et la dualité entre Je.Valjean et Javert permet à l'auteur de questionner avec pertinence la notion même de justice. Bien sûr le désir de vengeance et la haine vont de paire avec cette question sur la justice. Celle de Dieu et celle des hommes, l'intime et la publique. Et puis, ce roman ne serait pas de J. Cercas si l'Espagne franquiste n'était pas présente comme une lame de fond...
Enfin, Melchor est un personnage très attachant tout comme Vivales ou Olga.
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Cet auteur espagnol délaisse l'histoire tragique au XXième de son pays,( qoique que) et s'investit dans un polar éminemment littéraire. Et la littérature espagnole est rarement concise. J'aurais pourtant aimé lire cet Actes Sud d'une traite.
L'intrigue se passe de nos jours au sud de la Catalogne, une région pauvre, aride, mais où sont plantées à perte de vue des éoliennes.
Melchor, un "flic" venu de Barcelone pour des raisons obscures arrive à Terra Alta alors que vient de se produire un triple assassinat; un couple de nonagénaires très riches et une employée.
Ces gens , les Adell, des artisans importants font travailler beaucoup de monde, ils sont respectés, aimés c'est autre chose.
L'histoire se déploie donc , avec des retours sur la vie de Melchor.
La guerre d'Espagne est présente dans le lointain.
Un roman superbe qui pourrait donner lieu à une trilogie.
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Un polar de Javier Cercas... Voilà qui a piqué ma curiosité. de cet auteur, je n'avais lu que des livres qui, dans mon souvenir, tenaient plus de l'historiographie que du gang de la clé à molette. Je me souviens notamment des Soldats de Salamine ou de l'Imposteur qui signaient l'oeuvre d'un grand auteur fortement marqué par l'histoire tumultueuse de son pays.
Un polar, donc. Un vrai. Meurtres atroces et flic au psychisme ravagé, tout y est.
Avec, en plus, cette aura littéraire de grande classe. Un polar de luxe qui explore littérature, histoire, politique, théologie.

Bienvenue en Terra Alta qui effleure l'Ebre pour ne jamais oublier qu'elle fût le théâtre de la sanglante bataille homonyme.
Terre âpre, brûlée, sauvage, où tous se connaissent et où la criminalité frôle le zéro absolu.
C'est là que le barcelonais Melchor arrive après un haut fait héroïque qui fait de lui une cible potentielle. Hormis sa fascination pour Les Misérables d'Hugo, (et plus largement les romans du XIXe), et une colère obstinée ravalée à coups d'alcool, Melchor ne possède rien de plus.
Ce lieu sera celui de son salut. Il y rencontre l'amour, la paternité et l'amitié de ses collègues.
Jusqu'au double meurtre atroce d'un couple de vieillards richissimes...
Melchor fait une entrée fracassante dans l'univers de mes personnages littéraires favoris. Probablement un effet des neurosciences. Faire d'Hugo un maître sapiential ne pouvait que titiller ma propre épigénétique...
Quand à Cercas, son incursion dans le noir est brillante. Il nous offre ici un autre grand livre qui rappelle encore et toujours qu'en Terra Alta comme partout, c'est l'histoire qui fait les hommes et rarement le contraire.
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Je recommande la lecture de Javier Cercas tant il sait raconter les histoires. Dans ce livre il s'essaie au roman policier ce qui est inédit mais on retrouve ses talents de conteur hors pair dans la veine hyperréaliste, le cadre géographique de la Catalogne et on revient quoi qu'il en soit au thème qu'il a le plus abordé dans son oeuvre, la guerre d'Espagne (1936-1939).
Il est question de faux gentils et de faux méchants. Il le fait d'ailleurs dire par son protagoniste principal, un certain Melchior Marin qui en est en quelque sorte une illustration.
Comme dans ses romans, il est aussi question de littérature et d'hommage à ses pairs. Ici, l'oeuvre citée tout du long est "Les misérables" de Victor Hugo qui sert de vade mecum à Melchior notamment dans sa transition de méchant en gentil. Sans l'avoir personnellement lue je pense l'avoir connue grâce à ce livre. J'ai pensé à un film extraordinaire récemment vu et adoré "Les misérables" de Hadj Ali qui a obtenu le Grand Prix du Jury au festival de Cannes en 2019. L'approche se résumait alors par la citation "il n'y a pas de mauvaises terres il y a des mauvais cultivateurs" me semble la même.
Un deuxième emprunt/hommage rendu, cette fois sans qu'il soit cité, me paraît être "Le dahlia noir" de James Ellroy avec le crime irrésolu d'une mère prostituée qui hante Melchior, sans peut être le caractère autobiographique.
Enfin, l'auteur s'éloigne du coeur de sa Catalogne natale et de ses grandes villes pour se perdre dans une commune périphérique, dépeuplée, une campagne pauvre, à l'extrémité sud-ouest de la communauté. J'ai d'abord cru à un lieu imaginaire de par le nom commun "terre haute" mais il s'agit bien d'une région (comarque en Espagne) de 12 000 habitants (Wikipédia) où pas grand chose apparaît dans la notice, aux confins de l'Ebre (la Bataille de l'Ebre qui serait l'une des plus meurtrières y est citée) et de l'Aragon.
Bref, un excellent roman lu d'une traite qui a ravi l'amateur de Cercas et de romans policiers que je suis.
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CERCAS se réinvente en auteur de roman policier...

Un roman policier espagnol contemporain (lu en VO) qui ne vous laisse pas indifférent. On suit le personnage principal -Melchor MARÍN- à travers une enquête très prenante, jusqu'à la fin on reste intrigué et surpris. L'auteur sait nous tenir en alerte et il dévoile son intrigue au compte-goutte.

L'auteur nous promène dans les différentes étapes de la vie de Melchor qui ont fait de lui, l'homme et l'inspecteur de police qu'il est devenu. Il est partagé entre la violence qui l'habite depuis toujours et son respect pour la loi qu'il représente. On découvre des informations sur son enfance, sa vie en prison, le décès de sa mère et l'enquête qu'il mène pour essayer de trouver les assassins, son arrivée à Terra Alta, la rencontre avec Olga qui deviendra sa femme... Tout en parallèle de l'enquête qu'il mène afin de trouver les assassins qui ont commis un crime des plus horrible dans cette ville où rien ne se passe jamais. Melchor étant passionné de lecture et surtout des Misérables de Victor Hugo, on rencontre souvent des allusions à l'oeuvre, il se compare souvent lui-même à deux des personnages, l'inspecteur JAVERT et son ennemi Jean VALJEAN.
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