Manco l'inca : Au temps d'Atahualpa et de Pizarro

A force de lutter, la rivière s'était décidée à le recracher.
Manco ne comprend pas le langage du personnage qui le regarde, sans l'aider, échouer sur la rive.
Mais ils reconnaît le ton, dur, il reconnaît les costumes, les armures étincelantes dont avait parlé l'étranger hébergé une nuit au village des montagnes.
Le voyageur racontaient ce qui se passaient dans la vallée, l'arrivée de bateaux et de troupes armées de bâtons qui crachent le feu.
Aussitôt saisi et le front ceint d'un bandeau qui lui servira à tenir la charge qui lui est imposée sur le dos, le petit Manco se remet à peine du plongeon de la passerelle qui lui fit affronter les flots tumultueux de cette rivière qui voyage sur les terres du Pérou
Arrivé à Cajamarca, il se terre dans un recoin avec Jao, un autre porteur inca qui comprend la langue de ces espagnols, attendant le rendez-vous que le conquistador Pizarro a fixé à l'empereur inca Atahualpa au village. Personne n'est venu les accueillir, remarque Manco et Jao semble entendre qu'il ne s'agit pas d'une visite de courtoisie en bons voisins de l'autre côté de l'océan
Atahualpa apparaît dans sa grande majesté, porté sur un trône et accompagné d'une garde, le reste des troupes tout autour du village ne lui fait pas craindre pour sa vie.
Les regards écarquillés de Manco se porte sur l'or du trône, sur les émeraudes des bijoux des indiens en présence. Les regards pleins de convoitise des espagnols aussi.
Un prêtre dominicain s'avance en émissaire vers l'empereur, lui parlant soumission, lui parlant conversion en échange d'une protection qui ne laisse rien aucun doute sur le caractère présomptueux et le sentiment de toute puissance de la troupe espagnole.
Atahualpa jette le livre de prière à terre qui lui offert, cela ne présage rien de bon et aux premiers assauts, Manco et Jao prennent la fuite...

: « Manco l'inca » est un récit d'aventure. Il reprend un pan d'histoire des grandes conquêtes du monde, à l'époque des grandes explorations du XVIème siècle, placé dans la grande Cordillère des Andes, au Pérou
Si tant est qu'il faille saluer le caractère incroyablement capital des grandes explorations maritimes de Christophe Colomb l'italien, de Vasco de Gama et de Fernand de Magellan les portugais, qui permirent d'aller à la rencontre du monde, par voie maritime, du Nouveau Monde à la route des Indes, développant ainsi les cartes, notre connaissance encyclopédique du monde et facilitant ainsi les commerces, on ne peut ignorer que ces projets ne se mettaient pas en place dans un simple projet d'altruisme évidement.
L'auteur et illustrateur Emmanuel Cerisier suggère très clairement que les grandes découvertes qui faisait partir des jours voire des années des soldats loin des familles se monnayaient à coup de fortunes sonnantes et trébuchantes, au péril de leurs vies, tuant sans états d'âmes au besoin.
Dans son récit, deux soldats espagnols s'interrogent quand aux décisions qui seront prises par les généraux, une reddition de l'empereur inca et une fortune promise toute gagnée ou la guerre. Ceci est vu du point de vue espagnol et puis il y a le regard du jeune inca Manco.
Le jeune enfant, tiré de sa vie ordinaire des montagnes par accident, se trouve pris dans une guerre de pouvoir qui se livre entre l'empereur et l'assaillant étranger, il s'agit de politiques pour gagner ou conserver le trône.
L'empereur Atahualpa souhaite briser les alliances faites entre les espagnols et son demi-frère Huascar et Pizarro est venu conquérir une terre pleine d'or pour l'empire de Charles Quint.
Manco se trouve bien loin de sa routine agréable à cultiver le sol pour subvenir aux besoins du village et de la famille, ce ne sont pas les chants traditionnels qui rythment les cadences des champs de pommes de terre qu'il entend mais des cris qui s'élèvent dans la vallée lorsqu'il arrive à se sauver du conflit.
Le récit de l'auteur traduit bien la tension autour du jeune héros et son compagnon, caché des troupes, souffrant de la faim et de la peur par ailleurs. Les illustrations en direction du jeune public et son traitement d'un style proche de la Bande Dessinée permettent de gagner en distance, de s'intéresser avec accessibilité à une page d'Histoire, avec la soif d'en apprendre plus et également la possibilité d'entrer dans la culture du Pérou
Les cultures agricoles diverses, le langage caractéristique et le comptage des ballots cultivés indiqués en italique sont autant de points de curiosité à satisfaire, les jeunes lecteurs pourront poursuivre leur exploration dans le temps et l'espace grâce aux compléments documentaires de fin, propre aux collections Archimède.
La fin du récit se veut léger pour Manco qui réussit à regagner ses montagnes, plus fatale pour Atahualpa, victime de la duplicité de ses assaillants animés par la soif de l'or, une victoire sans honneur, la fin justifiant les moyens.
Cette fiction documentaire intéressante peut être l'occasion de se faire plaisir et de replonger dans la célèbre série des « Cités D'or ».