Le quatrième mur est un roman qui entrelace deux thèmes: la guerre et le théâtre, et quelle pièce symbolise mieux cet ensemble que la si célèbre
Antigone d'
Anouilh ? C'est celle-ci qu'un metteur en scène grec se met en tête de jouer dans un Liban en guerre, en prenant un acteur dans chaque camp, pour les arracher quelques heures, le temps d'une représentation, aux horreurs. Les aléas de la maladie l'obligent à renoncer et c'est le narrateur, un ami anarchiste français, qui prendra sa place dans ce projet fou.
Le quatrième mur avait fait beaucoup de bruits à sa sortie, il n'y a qu'à voir le nombre de critiques sur Babelio, et j'avais depuis envie de l'ajouter à mes lectures.
Et alors, bien ou pas bien, raison ou pas raison toutes ces critiques dithyrambiques?
Partiellement raison, dirons-nous. La première partie, la mise en place, la rencontre du narrateur Goerge, avec le metteur en scène grec Samuel,tout cela, je l'ai trouvé un peu long. Je n'avais franchement rien à faire des amours de George et d'Auror, j'ai trouvé ce personnage plutôt antipathique, avec ces certitudes, sa violence, et un certain manque d'empathie assez étonnant. Il veut bien se battre pour les victimes, mais il les choisit, merci bien, il faut entrer dans certains critères et faire partie du groupe pour lequel il prend position, et si vous êtes un enfant juif, par exemple, peu importe votre mort.
Sympathique jeune homme, non?
La seconde partie, au Liban, a su par contre me passionner. J'aime la façon dont le livre met en valeur la complexité du pays et du conflit qui l'a agité, la multiplicité des protagonistes et les horreurs de la guerre...tout en faisant aussi ressentir, pour ceux qui viendraient, comme moi, vers ce livre attiré par le théâtre, le caractère unique de la pièce d'
Anouilh.
Cela ne m'étonne pas que ce roman ait eu les honneurs du Goncourt des lycéens: George a parfois des travers d'un adolescent, naïf, terriblement, et profondément révolté à la fois, mais cela n'en reste pas moins un roman imposant, marquant. Je regrette parfois un peu le style trop travaillé: lorsque George découvre le massacre dans les camps, par exemple, la trop grande perfection du style est presque dérangeante face à l'horreur.
Ce n'est pas un roman parfait, mais c'est un très bon roman tout de même, que je suis contente d'avoir lu et que je recommande, tout en prévenant qu'il est dur, et parfois compliqué à encaisser!