Allen Choice 1:
Pour rien, ou presque (2001)
Les parents d'Allen Choice étaient coréens. Maman est morte en couches, papa a émigré à San Francisco avec le petit survivant. Dix ans plus tard, papa est victime d'un accident du travail lorsqu'il décharge, seul, un camion pour son peu scrupuleux employeur.
Vingt ans plus tard, Allen (30 ans) travaille dans une boite de protection de VIP (son patron n'aime pas le terme de « garde du corps », trop vulgaire). Allen est un vrai pro. Alors qu'il assure une mission de routine en surveillant les fesses d'un patron scandinave, son équipier Paul Baumgartner est abattu par un homme à moto. Qui était visé ? La personne protégée, ou bien Paul, qui est le seul a avoir essuyé les tirs de l'assaillant ?
Allen commence à mener sa propre enquête, poussé au cul par une journaliste en manque de scoop et qui n'a pas froid aux yeux, la belle et bronzée Linda Maldonado. Leurs investigations vont les rapprocher de l'ancien employeur du papa d'Allen, avant de les plonger dans une mélasse épouvantable.
Le premier chapitre donne le ton : le récit, à la première personne, relève d'une mise en scène très efficace, servie par un style remarquable. Il est tout de suite évident qu'Allen est un type consciencieux, très professionnel. La description de l'agression est frappante et plonge immédiatement le lecteur dans un maelström auquel il n'aura aucune envie de se soustraire. Au delà de l'intrigue plutôt astucieuse mais somme toute assez classique, c'est le personnage d'Allen qui captive : derrière sa physionomie massive mais sportive, l'orphelin coréen rempli d'incertitudes cherche à résoudre son malaise existentiel. Accablé par de multiples échecs relationnels, qu'il s'agisse de sa famille, de ses amis ou des femmes, Allen est touchant dans son intelligente quête de vérité. L'un des détectives les plus touchants de la littérature noire actuelle, qui fait de ce petit pavé de 440 pages un itinéraire toujours prenant. Il y a une suite, ça tombe bien.