Puisse l'homme retrouver les deux dimensions de sa vie, sinon il retournera au chaos : ceci vaut pour chaque homme comme pour l'humanité. Puisse-t-il s'accepter, même s'il découvre que cette réalité humaine fondamentale est celle d'un flot insaisissable : que l'effort le plus désespéré de la conscience ne saurait suspendre l'instant, et que la seule patrie durable est un cimetière. Puissions-nous accepter notre vie, soutenus par la nostalgie d'un autre règne, où l'espace et le temps, l'homme, ne seraient pas abolis mais accomplis. Où la moindre poussière et la plus humble seconde seraient recueillies dans le triomphe d'un amour infini.
Le monde actuel s'attaque à l'homme par deux voies apparemment contradictoires : d'une part, en l'attachant à une action et à des biens purement matériels ; de l'autre, en privant ce corps sans âme de toute relation profonde avec la réalité. Répudiant ce matérialisme et cet idéalisme, un homme réel, mais libre, cherchera d'abord à s'enraciner en un lieu. Il acceptera l'immobilité — cet autre silence — afin de pénétrer ce lieu en profondeur plutôt que de se disperser en surface.
Car le temps est fini d'explorer cette sphère qui nous ramenait un jour où l'autre à notre départ. Notre faim d'espace nous conduire peut-être à la quitter en nous lançant dans le vide interstellaire, mais cette liberté n'appartiendra pas à un individu, tout au plus à un Empire. Il ne reste plus aux individus qu'un espace où se perdre : celui d'un vide intérieur où tourbillonnent des mondes imaginaires. À l'individu isolé les errances du Bateau ivre, et aux ingénieurs et aux militaires disciplinés les fusées ; à force d'aller de l'avant, nous avons débouché dans l'Espace absolu. Mais l'Infini appartient-il à Dieu ou à l'homme ?
Mais, avec les années, l'individu réalise que, non seulement le temps s'enfuit, mais qu'il s'enfuit d'un mouvement accéléré. La nuit d'amour dont l'aube semblait ne jamais devoir se lever n'est plus qu'un bref instant de rêve entre le jour et le jour ; du printemps au printemps, les saisons sont plus courtes que ne l'étaient les heures. Vient même un âge qui réalise la disparition du présent, qui ne peut plus dire : je vis, mais : j'ai vécu ; où rien n'est sûr, sinon que tout est déjà fini.
Ayant accepté d'être un homme, il me faut bien vivre dans le temps. Et vivre ne se réduit pas à l'automatisme d'une formule, c'est un art de dominer les contraires : à la fois libre à l'instant, et délivré de lui. Il me faut le temps d'être un homme ; le civilisé qui traque les secondes ne l'est pas plus que le primitif somnolent dans la stagnation des siècles. Demain, il sera trop tard, chaque seconde m'est comptée, et pourtant je ne peux cueillir ce fruit hors de saison.
Daniel Cérézuelle vous présente son ouvrage "La technique et la chair" et "La nature du combat : pour une révolution écologique" écrit par Bernard Charbonneau et Jacques Ellul aux éditions l'Echappée. Entretien avec Lucas Chaintrier.
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