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War and Dreams tome 1 sur 4
EAN : 9782203015876
47 pages
Casterman (17/03/2008)
3.96/5   47 notes
Résumé :
Cap Gris-Nez, sur les côtes françaises, face à l’Angleterre. Accompagné de sa nièce, un homme d’âge mûr revient sur ce littoral qu’il a bien connu jadis. Il est allemand, et recherche une femme qu’il a rencontrée autrefois, une Française. En 1942, il tenait une batterie d’observation, elle ramassait des coquillages sur la plage. Ensemble, ils ont fait le serment de se retrouver plus tard, sur les lieux même de leur rencontre. L’amour plus fort que la guerre, encore ... >Voir plus
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À présent, quand on se rencontrait, on se souriait.
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Ce tome est le premier d'une tétralogie indépendante de toute autre. L'édition originale date de 2007. Il a été réalisé par Maryse Charles pour le scénario, et par Jean-François Charles pour les dessins et la couleur. Il compte quarante-six pages de bande dessinée.

Julien déclare à Laure que c'est au moins le dixième véhicule allemand de ce type qu'il voit ce week-end : un combi VW. Marian demande à son oncle Erwin qui conduit ledit véhicule, s'il est bien sûr, s'ils ne sont pas trompés. Il lui assure que rien n'a changé : il reconnaît la petite église. Les voilà arrivés à Cap Gris-Nez dans le Cotentin. Erwin stationne son véhicule à proximité de plusieurs tombes, en sort avec sa nièce, et il regarde la mer : c'est ici qu'il a échangé ses serments avec Opale, avant d'être séparés. Oncle et nièce montent la tente, et installent une table de camping avec des chaises. Il va inspecter les tombes du cimetière, et il revient rassuré : le nom de son amour ne figure pas dessus. Marian lui fait observer qu'il y a d'autres cimetières, ici ou ailleurs. Qu'on peut déménager plusieurs fois dans sa vie. Il évoque la promesse qu'ils s'étaient faites de se retrouver ici, quoi qu'il arrive. Elle se montre critique : des promesses ! Il y a ceux qui les font sans les croire, et les imbéciles comme eux qui s'y laissent prendre et qui finissent par se retrouver seuls.

Erwin raconte ses souvenirs. C'était l'été, le plein été, et pourtant on aurait dit la fin du monde. La troupe d'Allemands dont il faisait partie tirait sur l'Angleterre et eux venaient les bombarder. 1942, le terre entre les deux caps. La mer était comme aujourd'hui, de ce beau bleu intense qui aurait pu leur faire croire qu'ils se trouvaient en Méditerranée. Et qui faisait dire à Max, son sergent : La guerre, c'est une saloperie. Ça salit tout, les hommes et même la mer. Ils étaient aux premières loges dans leurs ringstands. Les Britanniques volaient haut, très haut et leur puissance de frappe était impressionnante ! C'était la première fois qu'il voyait de tels avions. Il a appris plus tard que c'étaient des Boston III, des bombardiers américains. Même les Français était furieux car ils ciblaient beaucoup trop large et faisaient de très nombreuses victimes chez les civils. Max et lui se relayait dans ce poste d'observation qui était équipé d'une mitrailleuse lourde M.G. 34. Il y avait une dizaine de petits blockhaus pareils à celui-ci, placés comme des satellites autour du Cap Gris-Nez, d'où depuis près d'un an, la batterie Todt martelait les côtes anglaises et l'arrière-pays, de ses obus d'une portée de 60 kms. Les Allemands avaient d'abord voulu envahir l'Angleterre. Alors, dès juin 1940, ils avaient commencé à fortifier ces plages pour couvrir leur débarquement. Mais la résistance anglaise était si forte qu'il avait fallu y renoncer, et d'assaillants, ils étaient devenus défenseurs. C'est ce jour-là, après l'attaque des Boston III, qu'il l'a aperçue pour la première fois. Il venait d'allumer une cigarette. Max était là. Ils discutaient de ce qui s'était passé et ils s'estimaient heureux de s'en être sortis sans la moindre égratignure, quand il vit sur la plage une fille serrant un châle contre elle, les cheveux cuivrés au vent. C'était tellement insolite, tellement incroyable… Cette fille qui marchait sereinement dans ce paysage tourmenté comme si la folie des hommes n'avait pu l'atteindre.

Un récit qui se situe à la grande époque du Combi Volkswagen, soit dans les années 1960 ou 1970. Des personnes ayant atteint la quarantaine ou la cinquantaine regardent en arrière, à l‘époque de la seconde guerre mondiale. Cela produit un effet assez étrange, une forme de nostalgie pour la seconde guerre mondiale. Qui plus est, l'écriture de la scénariste charrie une forme de romantisme parfois déconcertant : l'admiration de l'Allemand Erwin pour les bombardiers Boston III, la camaraderie entre compagnons d'arme (Erwin & Max), le soldat avec son chevalet en train de peindre sur la plage, la belle jeune femme rousse silencieuse, un feu d'artifice, le respect de la jeune génération pour les anciens combattants, Miss Sahara magnifique dans sa robe à motif imprimé et admirable en tant que résistante, sans oublier le décor splendide des pyramides du plateau de Gizeh ou les belles rues du Caire. Les dessins participent de cette sensation de nostalgie avec une forte proportion de couleur directe de type aquarelle : la douceur du ciel gris, les grandes étendues d'herbe jaunie, la tranquillité de la plage et de la mer, l'aquarelle qui atténue la froideur de l'acier et la violence des explosions pour le dessins en pleine page de la planche quatre alors que la division allemande tire avec des canons antiaériens sur des avions qui attaquent, la beauté irréelle de la chevelure rousse au vent sur la plage, l'étendue de sable immuable du désert de Lybie, les dessins faits de galets disposés sur la page, les masses tranquilles des pyramides égyptiennes et du sphinx.

Pour autant, l'artiste réalise une reconstitution historique détaillée, que ce soit sur le front du Cotentin, sur celui de la Libye, au Caire ou dans les années 1960/70. le lecteur peut prendre le temps de détailler la batterie Todt en action, les bombardiers Boston III, les uniformes militaires allemands, la mitrailleuse lourde M.G. 34, les uniformes militaires britanniques, les chars anglais, les uniformes militaires allemands pour les opérations dans le désert, les autochenilles, et même un biplan au-dessus du Caire. Il relève des détails qui nourrissent la narration visuelle : les formes de stèle dans le cimetière, l'authenticité des maisons dans le Cotentin, les pièces exposées dans le musée de la seconde guerre mondiale, la forme des tables du restaurant, une arme à feu de service dans son étui accroché à la ceinture, des vaches, un panier en osier, une enseigne au Caire, un tracteur tirant un canot sur une remorque pour le remonter de la plage, un modèle de poste de TSF, etc. Les dessins peuvent sembler doux et peut-être même parfois vaporeux, alors qu'ils contiennent un bon niveau de détails concrets, constituant des descriptions factuelles et précises.

Le regard perdu dans le lointain, d'Opale sur la couverture, annonce le romantisme et l'histoire d'amour. le lecteur observe les protagonistes : Erwin, Allemand bien conservé et bien fait de sa personne et Marian sa jeune nièce svelte et très jolie dans son short et son débardeur (dont elle change à chaque nouvelle scène), Joe l'Américain à la silhouette plus carrée et au regard plus perdu, avec son jeune petit-fils Frankie à la casquette avec la visière vers l'arrière, Archie Wyeth l'Anglais plus âgé très distingué dans sa veste de tweed avec sa canne pour l'aider à marcher, et son épouse Kate. Les scènes de guerre se déroulent entre hommes, avec une forme d'organisation compétente pour les soldats, et une touche d'amitié dans certaines postures. Dans les scènes civiles, le lecteur peut voir la tension qui existe entre Erwin et Marian, même si elle n'est pas explicitée dans leurs propos. Il voit la confiance et la curiosité de Frankie envers son grand-père Joe. Il se retrouve à envier la sollicitude dont Kate fait preuve pour son mari perdu dans ses souvenirs douloureux de temps de guerre, sans avoir conscience du vent annonciateur de pluie. Bien évidemment, dès qu'Opale figure dans une scène, l'attention du lecteur se focalise sur elle. Une belle jeune femme rousse, d'abord aperçue de loin en train de ramasser des coquillages sur la plage, dans une petite case, en bas à droite d'une page de droite, la planche sept.

Le lecteur tourne la page en attente de mieux la voir, mais la narration revient au temps présent des personnages, sur Archie Wyeth et Kate, ainsi que la maison de Jules qu'ils viennent de louer. Il faut patienter jusqu'à la planche treize, pour qu'Opale et sa petite soeur Anne se dirigent vers Erwin, et donc vers le lecteur, pieds nus sur la plage. Une beauté naturelle qui fait immédiatement chavirer le coeur d'Erwin, sauvage et mutique. Il se rend compte qu'il adopte la même attitude qu'Erwin : une observation discrète de la jeune femme pour ne pas l'effaroucher, un comportement attentiste pour ne pas la faire fuir. Dans la mesure où Opale figure sur la couverture, il ne fait pas de doute qu'elle est au centre du récit, mais ce premier tome n'en dévoile pas beaucoup, si ce n'est qu'elle a des parents chez qui elle habite avec sa petite soeur. Les frémissements de relation romantique entre elle et Erwin colore les autres relations entre homme et femme : le comportement suicidaire de Marian et son sauvetage par Julien (tout comme Erwin a sauvé Anne des années auparavant), la rencontre entre Archie Wyeth et Miss Sahara au Caire, même si la possibilité d'une relation amoureuse semble incongrue et improbable au vu des circonstances.

Un premier tome bien sympathique, empreint de nostalgie tout en diffusant une douleur sourde, les plaies de la guerre continuant de lanciner les personnages qui l'ont vécu. La narration visuelle allie la douceur prévenante de l'aquarelle avec la solidité de la reconstitution historique, et le romantisme de beaux jeunes gens subissant les épreuves et les tourments d'une humanité en guerre. le lecteur a bien conscience qu'il s'agit d'un premier chapitre qui doit être envisagé comme la partie d'un tout, d'une histoire complète, et pas uniquement pour lui-même. Il prend le temps de faire connaissance avec les anciens soldats, un membre de leur famille, quelques souvenirs de guerre toujours douloureux, et des relations personnelles non résolues.
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Erwin revient pour la première fois sur la coté d'Opale. C'est là-bas qu'en tant que militaire allemand il était cantonné. C'est là qu'il a fait la rencontre avec une jeune fille qu'il a aimé et qu'il aime encore bien des années après.
Comme lui, Archie l'anglais et Jo l'américain viennent en pèlerinage sur ses lieux de mémoire si riche en souvenirs, trop souvent douloureux.

A travers ses trois hommes nous allons donc découvrir la deuxième guerre mondiale sur ses plages qui sont les plus proches de l'Angleterre. Mais il n'y a pas que des souvenirs tristes. Parmi le fracas des bombes et des horreurs commises au nom de la guerre, l'amour apparait parfois. C'est donc pas qu'un récit sur la guerre mais une jolie romance improbable.
Cette bande dessinée est magnifiquement servie par les dessins M.Charles, sensibles et sensuels.
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Premier opus d'une saga qui va nous plonger au coeur de la seconde guerre mondiale, de sa violence, de ses hasards. Que l'on soit Allemand, Anglais ou Français, ces derniers toucheront tout le monde.
Dans ce T1 nous faisons la connaissance avec 4 hommes qui ont décidé de revenir sur la cote d'opale plusieurs dizaines d'années après la fin de la guerre. Ils sont chacun accompagnés d'enfant et vont revivre chacun à leur manière leur drôle de guerre!
Très bel album qui nous pousse vers le T2 et le secret du code Enigma, élément clé dans l'evolution de cette période de notre Histoire.
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La guerre, c'est celle de 1939-1945, les rêves ce sont ceux de Julien, réquisitionné pour le STO avant d'entrer dans la résistance, d'Archie, soldat anglais se battant en Afrique du Nord, d'Erwin, jeune soldat allemand artiste peintre dans le civil en poste sur les plages du nord de la France, et enfin d'un américain tête brûlée qui s'engage après l'attaque de Pearl Harbor.

A travers cette galerie de personnages venant d'univers différents, Maryse et Jean-François Charles tissent une histoire entre passé et présent, où les cicatrices se referment doucement et où le bonheur peut enfin se construire.
Erwin a mis plus de quarante ans avant de pouvoir revenir à l'Ouest, particulièrement en France sur la Côte d'Opale pour y retrouver la femme de sa vie. Il est accompagné de sa jeune nièce, Marian, une jeune femme désabusée : "Des promesses ! Il y a ceux qui les font sans y croire et puis, les connards comme nous qui s'y laissent prendre et finissent par se retrouver seuls.", souffrant d'une blessure passée qui la laisse à vif dans ses émotions et ses sentiments : "Toute vie est précieuse, Marian. Il ne faut ni la galvauder, ni la refuser.".
Avec elle, il parcourt les lieux de sa jeunesse, il lui raconte son histoire, ses sentiments de soldat qui ne sait pas trop ce qu'il vient faire dans cette guerre ni pourquoi il faut se battre, jusqu'à son coup de foudre pour une magnifique et sauvage jeune fille française rousse, Opale : "Max était là. On discutait de ce qui s'était passé et on s'estimait heureux de s'en être sortis sans la moindre égratignure quand je vis sur la plage une fille serrant un châle contre elle, les cheveux cuivrés au vent. C'était tellement insolite, tellement incroyable … cette fille qui marchait sereinement dans ce paysage tourmenté comme si la folie des hommes n'avait pu l'atteindre.".
Mais Opale n'est pas une jeune fille ordinaire, elle ne parle pas mais n'est pas pour autant simple d'esprit.
C'est sans doute cette très belle histoire d'amour qui m'a le plus séduite dans cette bande dessinée.
Elle est non seulement hautement romantique mais elle revêt une forme de beauté qui s'accorde bien aux paysages des plages du Nord de la France, outre le fait qu'elle symbolise l'entente franco-allemande en plein conflit mondial.
A côté, il y a un narrateur qui s'adresse à une Laure sans que l'on sache de qui il s'agit, un anglais qui vient d'acheter une maison avec sa femme pour y passer leurs vieux jours et un américain accompagné de son petit-fils pour lui transmettre son histoire.
Le scénario signé Maryse Charles est loin de ne contenir que des regrets et de l'amertume ressentis par certains des personnages : "Souvent, j'imagine qu'on pourrait tout recommencer … autrement … sans cette putain de guerre qui nous a laissé à tous des cicatrices.", il y a aussi beaucoup d'espoir et surtout de l'amour.
Le scénario est bien construit, oscillant entre passé et présent, et le cadre du Nord de la France outre qu'il soit original est plaisant à lire et à voir.
Quant aux dessins et aux couleurs ils sont de Jean-François Charles et sont une autre des raisons pour lesquelles j'ai apprécié cette bande dessinée.
Ils tiennent plus de l'aquarelle que du dessin, les couleurs sont diluées dans des tons pastelle, c'est visuellement très beau et agréable à regarder.

"La terre entre les deux caps" est une entrée en matière réussie pour cette série "War and Dreams" qui semble prometteuse, fortement poétique et porteuse d'un message d'espoir et d'amour universel.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Bel ouvrage. Les dessins sont très réussis, comme toujours avec cet auteur. On retrouve l'aspect aquarelle que les amateurs de Dreams apprécient tant.

Charles nous parle de la guerre sans entrer dans un vision manichéenne des choses. La scénariste a en effet imaginé une histoire d'amour naissante entre un soldat allemand et une jeune femme mystérieuse originaire de la côte d'Opale. On appréciera rour particulièrement le décalage dans le temps entre les deux époques de narration qui permettent aux personnages de prendre du recul par rapport aux évènement et d'instaurer un climat de (n'hésitons pas à le dire) nostalgie...

Les flash back sont très bien utilisés, notamment pour l'histoire du jeune soldat allemand et pour cet autre vétérand britannique qui s'est battu en Afrique du Nord contre les troupes de Rommel.

Je lirai le tome 2 avec granbd plaisir.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
Libye, avril 1941. La guerre dans le désert obéit à des règles bien particulières. Le vainqueur avance, gagne du terrain mais finit par tomber à court de carburant, ce qui donne à son adversaire l’occasion de lancer une contre-offensive, de courte durée, elle aussi, puisqu’à son tour, il s’éloigne de son poste de ravitaillement. De façon inexplicable, si ce n’est par son audace et sa bonne étoile, Rommel venait de contourner ces lois et de se rendre maître du désert. Depuis deux mois qu’il était arrivé en Cyrénaïque, suivi de l’Afrikakorps, il nous harcelait sans relâche par des mouvements de troupes éclair et imprévisibles. Persuadé que nous n’avions aucun plan d’attaque, il avait d’abord occupé sans difficulté El Agheila, puis Mersa-Brega. Il ne faisait aucun doute que Tobrouk était le but final de cette expédition car c’était, entre Tunis et Alexandrie, le seul mouillage de la côte accessible aux grands navires. Et la route pour Tobrouk passait obligatoirement par Benghazi, un petit port de la côte où nous étions cantonnés. Sans tactique valable pour faire face au Renard du désert, nous n’avions pas d’autre alternative que d’évacuer la ville. La deuxième division blindée, enfin ce qu’il en restait, avait reçu l’ordre de se replier sur Mechili, un fortin situé en plein désert occidental vers où convergeait le plus gros de nos forces. Entassés dans des camions, épuisés, privés de sommeil et rationnés d’eau, nous n’étions pas beaux à voir.
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C’était l’été, le plein été, et pourtant on aurait dit la fin du monde. On tirait sur l’Angleterre et eux venaient nous bombarder. 1942, le terre entre les deux caps. La mer était comme aujourd’hui, de ce beau bleu intense qui aurait pu nous faire croire qu’on se trouvait en Méditerranée. Et qui faisait dire à Max, mon sergent : La guerre, c’est une saloperie. Ça salit tout, les hommes et même la mer. Nous étions aux premières loges dans nos ringstands. Ils volaient haut, très haut et leur puissance de frappe était impressionnante ! C’était la première fois que je voyais de tels avions. J’ai appris plus tard que c’étaient des Boston III, des bombardiers américains. Même les Français était furieux car ils ciblaient beaucoup trop large et faisaient de très nombreuses victimes chez les civils. Max et moi, on se relayait dans ce poste d’observation qui était équipé d’une mitrailleuse lourde M.G. 34. Il y avait une dizaine de petits blockhaus pareils à celui-ci, placés comme des satellites autour du Cap Gris-Nez, d’où depuis près d’un an, la batterie Todt martelait les côtes anglaises et l’arrière-pays, de ses obus d’une portée de 60 kms. On avait d’abord voulu envahir l’Angleterre. Alors, dès juin 1940, nous avions commencé à fortifier ces plages pour couvrir notre débarquement. Mais la résistance anglaise était si forte qu’il avait fallu y renoncer, et d’assaillants, on était devenus défenseurs. […] C’est ce jour-là, après l’attaque des Boston III, que je l’aie aperçu pour la première fois. Je venais d’allumer une cigarette. Max était là. On discutait de ce qui s’était passé et on s’estimait heureux de s’en être sortis sans la moindre égratignure, quand je vis sur la plage une fille serrant un châle contre elle, les cheveux cuivrés au vent. C’était tellement insolite, tellement incroyable… Cette fille qui marchait sereinement dans ce paysage tourmenté comme si la folie des hommes n’avait pu l’attendre. Max me dit qu’il l’avait déjà vue, qu’elle n’était pas normale, et qu’il croyait que les simples d’esprit pouvaient apporter une certaine protection à ceux qui les respectaient. Elle ramassait des coquillages.
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Enigma. C’est comme une petite machine à écrire. Les Allemands l’ont inventée pour coder et décoder leurs messages. À la suite d’indiscrétions et d’une trahison, les Anglais ont pu avec l’aide de quatre grands mathématiciens, découvrir la clef du système. Mais les codes de l’Axe changent chaque semaine. Mon père, docteur en mathématiques, assure en Égypte le décryptage des messages interceptés. Nous sommes ainsi au courant de leurs intentions stratégiques. C’est vital pour nous. Il ne faut pas que Rommel atteigne le Caire.
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J’avais été, comme tous les artistes, réquisitionné pour réaliser le camouflage des batteries côtières. On peignait sur les fortifications, on y dessinait des fenêtres, des maisons en espérant tromper les bombardiers alliés. C’est à cause de ce travail que je n’ai pas revu la jeune fille rousse pendant un bon bout de temps. À cette même période, mon ami Max a disparu. Il a été retrouvé égorgé dans les dunes. Nous, on savait que ce n’était pas l’œuvre d’un résistant, que Max payait pour ses idées trop pacifistes. Mais notre commandant a quand même exigé des représailles. On a ainsi fusillé douze hommes que l’on soupçonnait d’être communistes. Je suis ensuite retourné à mon ringstand, mais sans Max ce n’était pas pareil.
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Souvent j’imagine qu’on pourrait tout recommencer… Autrement. Sans cette putain de guerre qui nous a laissé à tous des cicatrices. Mais tu sais comme moi que ce n’est pas possible, Laure, que les erreurs du passé, même si elles nous instruisent, ne s’oublient jamais.
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Vidéo de Maryse Charles
Dans le 152e épisode du podcast Le bulleur, on vous présente La sage-femme du roi, album que l'on doit au scénario d'Adeline Laffitte, au dessin d'Hervé Duphot et c'est édité chez Delcourt dans la collection Mirages. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec : - La sortie de l’album Deviens quelqu’un ! Que l’on doit à Daniel Blancou et aux éditions Sarbacane - La sortie de l’album Dehors ! que l’on doit au scénario de Ludovic Piétu, au dessin de Jika et c’est sorti aux éditions Rouquemoute - La sortie du cinquième tome de la série Stern que l’on doit au scénario de Frédéric Maffre, au dessin de son frère Julien Maffre, un cinquième tome baptisé Une simple formalité qu’édite la maison Dargaud - La sortie de l’album L’animateur que l’on doit à Juanungo et aux éditions Delcourt dans la collection Shampooing - La sortie de L’incroyable histoire de la bière que l’on doit au scénario de Benoist Simmat, au dessin de Lucas Landais et c’est sortie aux Arènes BD - La sortie de l’intégrale de War ans dreams que l’on doit au scénario conjoint de Maryse et Jean-François Charles dont ce dernier en signe aussi le dessin, une intégrale sortie chez Casterman.
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