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Josane Charpentier (Autre)
EAN : 9782350687964
224 pages
Cairn (05/09/2019)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Pourquoi décidait-on, autrefois, de véritables chasses aux sorcières ? De quels crimes accusait-on sorciers et sorcières ? Comment reconnaissait-on une sorcière ? Comment était organisé un procès de sorcière : la torture, l’interrogatoire, les aveux, la condamnation, la marche au bûcher... Ce livre répond à toutes ces grandes questions soulevées par la sorcellerie en s’appuyant notamment sur un gros ouvrage écrit par le juge Pierre de Lancre, chargé par le roi en 1... >Voir plus
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"Mais as-tu, comme les catholiques, prisons, potences, bûchers, juges, bourreaux, soldats pour convaincre les gens ?"

Cette citation de l'écrivain Pio Baroja dans son ouvrage La leyenda de jaun de alzate sied à merveille à l'action qui fut entreprise par Pierre de Lancre au début du XVIIème siècle dans cette province du Pays basque, la plus occidentale qu'on appelle le Labourg. (Le pays basque français comporte trois provinces. Les deux autres de l'ouest vers l'est étant la Basse Navarre et La Soule)

Pierre de Lancre fut missionné par le bon roi Henri IV pour rassurer la noblesse locale, laquelle se plaignait de voir le bas peuple échapper à son autorité très religieuse par des rites d'origine païenne. Quand le fauve, fort de ses prérogatives, fut lâché sur la province, un mot d'enfant suffisait à diriger ses crocs et griffes contre un ou une malheureuse, le ou laquelle était tôt convaincu(e) de sorcellerie. Pierre de Lancre s'acquittera de sa mission avec un zèle particulier, au point d'en inquiéter ceux-là mêmes qui au diocèse de Bordeaux l'avait désigné pour satisfaire le souhait d'Henri IV. En quelques mois d'une terreur tout officielle, il conduira au bûcher plusieurs centaines de pauvres bougres, majoritairement des femmes.

Le petit peuple basque avait gardé en tradition quelques festivités d'origine païenne très lointaine dont celle désignée sous le vocable de sabbat. Une fête de réjouissance populaire qui se déroulait de nuit. Il n'en fallut pas plus aux fervents et bons croyants catholiques, défenseurs de la vraie foi, fort de leur monopole de vérité religieuse pour alléguer de manifestations sataniques et qualifier d'hérésie ce que l'église de Rome ne reconnaissait pas comme liturgie officielle. Les extrapolations les plus délirantes étaient nourries par les inquisiteurs quant aux accusations qu'ils proféraient à l'encontre de ces membres du petit peuple festoyant avec la plus parfaite innocence, fiers de perpétuer une tradition ancestrale. C'est donc dans l'incompréhension totale que nombre d'entre eux se retrouvèrent sous les instruments de la torture pour y subir ce qu'on appelait pudiquement la question. On sait ce que ce vocable pouvait comporter de souffrance. Pas étonnant qu'ils en arrivent très tôt à se convaincre de ce dont on les accusait. Même avec la perspective de finir sur le bûcher.

Cet opuscule écrit par Josane Charpentier et publié aux Editions Cairn dresse une étude exhaustive de ces quelques mois de terreurs qui secouèrent le pays basque livré à la vindicte de ce fou sanguinaire, pétri de rancoeur à l'égard de qui ne partageait pas ses opinions et pratiques. Encore cette impression est-elle en partie erronée, puisque ce bon peuple le plus souvent analphabète était croyant et pratiquant, entendons dans la religion catholique, et c'est de leur bonne foi qu'il conservait ce rite païen remontant à des temps immémoriaux, c'est-à-dire avant la christianisation du Pays.

Rarement chasse aux sorcières n'a si bien portée son nom. Rarement elle n'avait été aussi cruelle et systématique. Jamais elle n'avait été aussi infondée. Et au-delà de la relation du fait historique, cet opuscule ouvre la réflexion sur les méfaits dramatiques du monopole que cherche à s'octroyer une religion, quelle qu'elle soit, sur les consciences. Les méfaits des puissants quand ils veulent préserver leurs prérogatives. Page sombre de l'histoire du Pays basque, comme cela a pu se renouveler en d'autres lieux et d'autres temps. Chaque fois que les prérogatives d'une unicité de pensée étaient menacées. On pense aux Vaudois en Luberon, aux Cathares en Occitanie, les exemples ne manquent pas dans l'histoire.

Dès lors que notre culture judéo chrétienne est revenue à des pratiques douces, que convaincre est redevenu chercher l'adhésion par le discours, prenons garde à ce qu'aucun autre monopole de conscience ne cherche à s'imposer par les moyens que l'on sait. L'actualité nous le crie très fort.
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