Rosa Luxemburg : L'immortelle

La couverture un peu austère ne captera pas toujours la curiosité des jeunes lecteurs.
C'est la rapide mise en place de l'histoire, habile et tonique, qui captera l'intérêt du lecteur, nous serons sur le plateau d'une radio Junior et scolaire.
Les deux chroniqueurs, deux collégiens, inviteront un journaliste qui s'exprimera sur l'époque et le symbole de Rosa Luxembourg, à l'approche du 11 novembre dans le livre.
Cette ouverture efficace permettra d'emblée d'établir un contexte et de montrer l'intérêt à revenir sur ce sujet pour cet âge.
Le sujet de la Première Guerre Mondiale.
En quelques mots seulement, l'auteure Lucile Chastre remettra le personnage dans une lignée importante ( Louise Michel et le socialisme, presque à la naissance de Rosa) et dans un combat important: elle sera une anti militariste pendant la Première Guerre. Autant dire, que ces personnages seront mal vu à une époque où on jugeait qu'il était de son devoir d'homme, surtout, d'aller donner sa vie pour la patrie.
Comment pourrait-on vivre sans honneur, ceci semblait-il dire.
Rosa était née polonaise pendant l'occupation russe, juive, journaliste et vivait en Allemagne. Qu'est-ce qu'être contre la guerre pendant la Première Guerre et de surcroit en Allemagne?
Pourquoi et de quelles manières Rosa Luxembourg aura su marquer les consciences et des jours de commémoration?

L'interviewé, qui aura bien connu Rosa pour les besoins du roman, reviendra sur le handicap de Rosa, sa vie de juive polonaise à Varsovie, que des catégories discriminatoires pour l'époque et dont les détails ne laisseront pas dicter son destin à Rosa.
On devinera très tôt une forte personnalité.

Félix Brünn le narrateur, ancien journaliste allemand et juif, se fera le porte-parole d'un personnage féminin qui selon lui devrait forcer le respect, l'exemple, amie de longue date, elle sera surtout la représentante d'actions de justice de son temps contre des régimes autoritaires et expéditifs, comme lui qui aura la chance de se trouver devant les deux collégiens pour en parler.
Entre le régime des russes et celui des allemands hitlériens, on ne saura que choisir.
Bien que fictif pour les besoins du roman, la parole de Félix n'en sera pas moins forte et émouvante puisque l'auteure se fondera déja sur de vrais témoignages, écrits, sonores, cinématographiques inspirés de faits véridiques.
Oui, ces gens là auront vécu tout cela, se dira t-on.
Le récit reviendra, toutes raisons gardées et limites conservées, sur une base de lutte sociale qui correspondra à une lutte des classes de l'époque, cela reste intéressant de voir comment les notions de Socialisme et de Capitalisme auront évolué depuis cette ère de colonisation d'un pays sur un autre. Des besoins en libertés individuelles et indépendance identitaire se confondaient sans pour autant être la même chose.
Rosa Luxembourg cherchera les solutions là où elles se cacheront à son époque.
C'est le temps de l'industrialisation, des grandes usines qui doivent fournir du rendement avec des cadences de production presque inhumaine pour peu de repos, peu de reconnaissance et peu de paie.
Voila son combat: pour ne pas mourir trop tôt, à s'être éreinté comme un forcené en faveur de belles choses fabriquées qui ne rendront heureux qu'une catégorie élitiste de citoyens, qui eux vivront longtemps et dans un confort exclusif.
Rosa se dira que le phénomène du capitalisme est mondial et qu'en allant voir en allemagne, elle pourrait aussi glâner des idées ou impulser des révolutions qui feront boule de neige d'un pays à un autre, de l'Allemagne à la Pologne.
Nous n'aurons pas à adhérer aux idées politiques d'un parti, c'est l'empathie qui nous permettra de cerner ses combats pour améliorer le niveau de vie de l'ouvrier lambda avec grande simplicité.

Un parcours pugnace de femme et un destin si funeste( c'est dire si ces luttes des classes peuvent être mortelles, des deux côtés, dès lors que des mentalités révolutionnaires peuvent mettre en danger des formes de profit, d'équité et des fortunes) .

Une question nous taraudera quand à la date de l'interview des collégiens: novembre 1988.
Pourquoi si loin?
Nous avons cherché( évidemment) et nous avons trouvé: c'est l'année d'une élection en France remporté justement par le parti gauche ( sans que cela soit celui des ouvriers). Une année qui pouvait permettre à tous les jeunes auditeurs écoutant l'émission de leurs camarades dans la fiction de mieux s'approprier ses histoires de gauche, de droite et d'intérêt général puisque dans leur actualité.
Intéressante mise en avant de thèmes forts et d'un personnage journaliste qui risque sa vie pour ses idées.

Qui ne connaît pas la révolutionnaire Rosa Luxemburg au moins de nom ? Lucile Chastre nous propose d'en apprendre un peu plus. Elle dresse non seulement le portrait d'une femme libre, d'une militante mais aussi le portrait d'une grande humaniste, amoureuse de la vie, de la nature et qui a oeuvré pour la paix à l'aube de la première guerre mondiale.
La bonne idée, c'est de raconter la vie de Rosa comme une interview radiophonique : deux jeunes collégiens accueillent un journaliste (fictif) de 83 ans ayant connu Rosa. Il raconte la jeunesse, les combats politiques ou syndicaux, les années de prison jusqu'à l'assassinat de la jeune femme.. D'un seul coup, Rosa nous semble proche, humaine, très attachante et donne du peps à cette biographie. Lucile Chastre réhabilite une belle personne.
Merci à Oskar pour cette collection “Elles ont osé” qui fait la part belle aux femmes au destin incroyable. Il était normal que Rosa Luxemburg en fasse partie.