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EAN : 9782348079337
128 pages
La Découverte (06/07/2023)
4.12/5   4 notes
Résumé :
Cet ouvrage constitue une introduction à la pensée politique de Raymond Aron (1905-1983).
Après être revenu sur l'itinéraire intellectuel et politique complexe de celui qui se définissait comme un " spectateur engagé ", il présente et analyse ses contributions à différents champs du savoir : la sociologie des sociétés modernes, la théorie des régimes politiques, la philosophie politique, l'étude des relations internationales et la philosophie de l'histoire. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Être normalien et agrégé de philosophie, n'est peut-être pas suffisant pour être reconnu comme l'un des meilleurs observateurs de notre époque, et accéder au statut enviable de père fondateur de la science politique, encore faut-il être à l'écoute de tous les concitoyens.

Raymond Aron l'homme aux "grandes oreilles", avait cette qualité, celle d'élargir sans cesse son champ de la connaissance, de capter avant de juger, de décrire avant d'analyser.

Consacrer son temps universitaire à ce philosophe prolifique, mais peu lu, c'est le chemin suivi par Gwendal Châton, qui loin de voir en lui un journaliste ou un homme du passé, a eu la surprise de déceler chez lui des éléments d'une immense actualité.

Dans ce livre « Introduction à Raymond Aron » publié dans la collection repères, les sciences politiques, Gwendal Châton en maîtres de conférences, nous promène dans cette bibliothèque aronienne, d'une façon didactique, relevant après sa bibliographie, les éléments les plus simples de sa pensée, vers les questions les plus complexes, ainsi comme dans un train omnibus, on peut décrocher à chaque étape.


Pour ma part plutôt que de balayer plus de 50 ouvrages, je vais évoquer trois thèmes qui me sont apparus intéressants pour solliciter votre curiosité.
Contrairement à l'image qu'il a pu donner de lui même en étant notamment directeur du Figaro, Raymond Aron n'apparaît pas comme Gaulliste. Il évoque notamment le glissement du lyrisme du gaullisme vers "une forme de bonapartisme, une centralisation excessive, une bureaucratie à outrance". L'accession du général à la plus haute fonction est montrée du doigt. Il est indigné des conditions du retour au pouvoir du Général de Gaulle. Il y voit en effet un coup d'État légal et dit avoir ressenti un sentiment d'humiliation en assistant la capitulation de l'Assemblée nationale.
De même en 68 il est un observateur clairvoyant des événements donnant par son sens critique l'une des meilleures rétrospectives des événements, en développant les facteurs à l'origine de la crise.



Mais peut-être ce qui m'a le plus intéressé ce sont ses analyses sur le totalitarisme. Ses analyses du phénomène totalitaire est ancien, puisque son point de vue date des années 1930. C'est aussi la raison pour laquelle il a été très tôt lucide sur le stalinisme puis sur la montée du nazisme. Certes ses origines juives l'ont sans doute rapproché d'autres philosophes, comme Elie Halevy, ou Arendt. Il a en effet introduit le concept de religion séculière dans ses écrits des années 1930.
On voit apparaître dans un nouveau contexte de crise, où la religion catholique ou d'autres religions perdent de leur influence philosophique, que certains se glissent assez aisément dans une conception humaniste et totalitaire, où d'une certaine façon la fin justifie les moyens.

De ce point de vue, il a très tôt dénoncé la terreur policière comme la frénésie idéologique, qui balaye toute irruption de la différence.

S'il accorde une finalité plus juste au communisme, il met aussi en avant un communisme en trompe-l'oeil, le soit disant universalisme du communisme, ne résistant pas à l'analyse objective des faits.


Enfin il est devenu un adepte du libéralisme, s'opposant violemment à Jean-Paul Sartre, Il pourfend sans ménagement et violemment les faux idéalistes qui condamnent sans discrimination toutes les politiques parce qu'elles ne sont pas conformes à leur idéal, qui finissent par contribuer consciemment ou non à la destruction de l'ordre existant au profit des révolutionnaires aveugles et des tyrans, ainsi le rappelle page 85, Gwendal Châton.


Cependant le libéralisme du dernier Aron se singularise fortement par son inflexion républicaine. Il insiste sur les devoirs du citoyen, sous l'impérieuse nécessité du respect des lois sur l'importance du partage sinon d'un bien commun moins d'un horizon commun.
Son éloge du pluralisme dans la chose publique est omniprésente, de même il entrevoit le passage d'une société libérale à un modèle de société hédoniste.
C'est dans ce contexte qu'il est vivement préoccupé par le fait que les individus demandent tout en à la société et ne lui donne rien. le sens de l'intérêt général ou citoyen devient central.

Ce point est d'ailleurs particulièrement fort aujourd'hui dans le cadre de la lutte pour une écologie citoyenne qui passe fatalement par la protection de l'environnement et le tri de nos déchets.

C'est un socle solide pour nos réflexions et nos défis européens.
Tout ceci fait de ce livre un condensé de ce que pourrait être une ligne de conduite pour le gouvernement européen de qualité, jouant pleinement la carte de la diversité

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le dernier Raymond Aron apparaît ainsi vivement préoccupé par le fait que les individus demandent tout à la société et ne lui donnent rien.
Rien en tout cas de ce qui pourrait les priver de quelques plaisirs et leur coûter des sacrifices.
R Aron 1977 P 456
page 75 Châton
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