Pourquoi faire de sérieuses et ingrates études quand on peut, à moindre frais, par la seule supposition de l'intuition et par l'autorité de sources nouvellement découvertes, auxquelles ont fait dire à peu près ce que l'on veut, se laisser aller aux délices du complotisme le plus délié, le plus raisonnablement déraisonné ?
Au milieu du complot historique, la figure de
Louis XVI, séduit par une protestante perfide, mais délicieuse, et qui n'a pour projet que celui de renverser la monarchie sur laquelle il est assis : transformer l'État de la France en République.
Contre lui : le parti autrichien de
Marie-Antoinette, une femme froide et qu'il ne désire pas (la légende du phimosis est ainsi démentie).
Ce géniteur inconnu et injustement décrié de la République, dont le programme serait plus tard repris par
Bonaparte, appelait cette biographie intrigante, mais agréablement composée.
Aurore Chéry transcende les sources. Elle lit les Liaisons dangereuses comme dans le marc de café, et nous entraîne dans des rebondissements dont l'extraordinaire tient quelque peu de l'extravagance.
Comme toujours, le genre mystico-historique accouche de quelque chose de vrai, malgré le décor délirant dans lequel il débite ses révélations : il fait apercevoir le mystérieux fil d'or qui unit l'ancien au nouveau, par une espèce de résurrection glorieuse, de renaissance d'Osiris, allant du roi à l'empereur, comme on saute du kaiser au führer pour rejouer le drame d'une guerre, et où s'exprime la monstrueuse et meurtrière dilatation du sentiment national.
Le libertinage intellectuel d'
Aurore Chéry a tout le charme des romans.
Un roman, bien écrit et plaisant à lire d'ailleurs.
Restera au Larhra, le laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes, à se demander s'il peut encore, sans risque pour la réputation de son sérieux, associer son nom à celui d'
Aurore Chéry.