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4,07

sur 4269 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est un livre intemporel que je tiens dans mes mains. Je l'ai lu il y a environ quinze ans, juste après la sortie du film du même nom. Je devais visiter un malade et les librairies du grand hôpital parisien étaient inondées de ce best-seller. C'était une vision assez surréaliste : la jeune fille à la perle en miniature et multipliée par mille ! Comme sur une planche contact.
Quand un grand artiste, un génie, entre dans votre vie, vous êtes happé. Il a pour vous l'autorité d'un roi et la force du destin. C'est une sagesse que de l'aimer, c'est un suicide que de se rebeller. Cette idée, à mon avis, réunit tous les livres écrits sur les peintres et leurs modèles.
Je n'oublierai jamais l'exposition à la Pinacothèque de Paris consacrée à l'âge d'or de la peinture hollandaise. D'ordinaire j'aime la peinture moderne parce que j'aime inventer en regardant tandis que les oeuvres plus anciennes sont « données », il n'y a pas de « participation » des visiteurs, pas autant en tout cas. Mais là j'ai été littéralement bouleversée par les portraits hollandais, la brillance des regards, la lumière dans les natures mortes… On dirait que dans le citron pelé il y avait la même larme que dans les yeux !
Finalement je sens que Vermeer ne me quitte jamais, il y a des signes, des hasards, des clins d'oeil à Vermeer que je rencontre régulièrement. Même Sempé fait une révérence à La Laitière ! Chez moi, sur les pochettes de disques de la musique baroque il y a souvent des reproductions de ses différentes peintures. À mes yeux, il y a encore un atout pour l'histoire de la Jeune fille à la perle : dans le film c'est Colin Firth qui joue Vermeer. C'était déjà mon acteur préféré depuis son rôle de Monsieur Darcy dans la série Orgueil et Préjugés de la BBC en 1995, bien avant de jouer dans la saga Bridget Jones et bien avant de remporter l'Oscar du meilleur acteur et le Golden Globe en 2011 ! Colin Firth donne une fidèle interprétation de Vermeer. En ce qui concerne Scarlett Johansson je trouve qu'elle rend Griet plus sexy qu'elle n'est dans le roman.
La jeune fille à la perle est un roman historique écrit en 1999. L'action se déroule à Delft aux Pays-Bas au XVIIe siècle, et le récit a été inspiré par le tableau homonyme du peintre Johannes Vermeer. Tracy Chevalier a imaginé l'histoire qui a conduit à la création de ce chef-d'oeuvre. L'histoire débute en 1664, à l'époque de l'âge d'or de la peinture hollandaise. le roman est écrit à la première personne. Griet est une jeune fille fine et candide. Sa famille est enfoncée dans la précarité. Son père était faïencier, fabriquant de porcelaine de Delft (faïences blanches à décor bleu), mais il perdit son commerce à cause de l'explosion d'un four, l'accident qui l'a rendu aveugle. La mère de Griet s'inquiète pour la survie de la famille. Elle fait engager Griet comme servante dans la maison de Johannes Vermeer pour faire le ménage dans l'atelier du peintre. Vermeer, appréciant la discrétion et le potentiel artistique de la jeune fille, lui fait découvrir les b.a.-ba de son art. Leur affinité va entraîner de nombreux tiraillements au sein de la maison des Vermeer, ainsi que des bruits qui vont se colporter en ville. Mais que reste-il de Griet du début du livre, de Griet qui idéalise tant Vermeer ? Va-t-elle accepter l'amour de Pieter, fils de boucher, qui immédiatement séduit par sa beauté et son caractère, lui fait la cour pendant de longs mois ? Pieter qui lui propose de l'épouser si elle quitte sa place de servante des Vermeer ?
Johannes Vermeer a 32 ans quand débute l'histoire. Auparavant, il a passé six ans en apprentissage et a été ensuite admis en tant que « maître peintre ». Ensuite Vermeer se convertit au catholicisme en épousant Catharina Bolnes, issue de la bourgeoisie de Delft. Il est installé avec sa femme chez sa belle-mère Maria Thins, une femme perspicace et commerçante, au coin des papistes de Delft. Son tableau La Jeune Fille à la perle est estimé remonter à l'année 1665. van Ruijven est le mécène de Vermeer, riche percepteur de Delft. Il lui commande beaucoup de ses oeuvres. van Ruijven regarde Griet avec concupiscence…
Catharina Bolnes est impulsive, jalouse, idiote, maladroite, elle a détesté Griet depuis le premier jour. Catharina a un jour renversé et cassée la camera obscura, une boîte pourvue d'une lentille, permettant au peintre d'observer sa mise en scène différemment ! Vermeer ne lui demande pas de poser et même lui interdit d'entrer dans son atelier. le jour où rongée de soupçons elle y pénètre c'est pour le salir car, prise de colère, elle accouche sur le plancher !!!
J'adore le trio de l'univers de Griet : cuisine, ménage et peinture. le trio qui n'est pas si étrange que ça. En tout cas, qui ne m'est pas étranger ! Je m'identifiais avec Griet. En commençant déjà par la jolie découpe de légumes au tout début du livre ou par sa perception imagée des voix! J'aime ce livre parce que j'ai l'impression d'y reconnaître des personnes de ma propre vie. J'ai eu l'occasion de relire ce roman plusieurs fois. La restitution de l'époque, du travail quotidien de Vermeer, une parfaite concordance historique, très belles descriptions, tout cela constitue encore une des richesses du livre. Plusieurs quartiers ou monuments de Delft sont évoqués : le coin des papistes ( le quartier catholique où se trouve la maison des Vermeer), la place du Marché ( place principale de Delft, au centre de laquelle les pavés forment une étoile à huit branches, chacune pointant vers un quartier de la ville), le quai le long du canal de Delft, la Nouvelle-Église protestante… Chez Tracy Chevalier, chaque détail est expressif et significatif. Dans ce roman, il y a tant de choses techniques liées à la peinture que je me suis demandée si Tracy Chevalier était elle-même artiste peintre. Mais sa biographie ne mentionne pas d'études d'arts plastiques. J'ai seulement appris qu'elle est fille d'un photographe et elle a dû approcher cette écriture de la lumière qui est la photographie.
J'aime des écrivains qui savent décrire l'invisible. Par exemple, Nabokov en fait partie. Et Tracy Chevalier utilise ce procédé dans La jeune fille à la perle, l'unique oeuvre que j'ai lue d'elle. le lecteur est chauffé à blanc et pourtant il ne se passe presque rien, et c'est beau comme les tableaux de Vermeer eux-mêmes… C'est la résignation… Mais comment vivre comme si de rien n'était alors que Griet traverse des épreuves, tait ses sentiments, étouffe ses dons ?
Et Vermeer, a-t-il aimé notre héroïne ou non ? C'est la question qui obsède le lecteur jusqu'à la fin du livre. Peut-être que la vision idéaliste de son maître cache à Griet la réalité toute plate : qu'il ne pense qu'à lui-même ou à son travail, qu'elle n'est qu'un accessoire qu'il jettera une fois le tableau terminé ? Cette idée se révèle juste puisque Vermeer s'abstient de la défendre devant Catharina, et que, après le départ de la servante, il ne vient jamais vers elle… Mais on a envie comme Griet de croire le contraire ! La réponse est peut-être dans les perles ? le roman de Tracy Chevalier nous laisse beaucoup de pourquoi mais c'est cela qui fait qu'on le relit avec la même fraîcheur de perception et la même curiosité. le destin ne fait pas de cadeaux à Griet et l'auteure ne flatte pas le lecteur qui au fond de lui aimerait que l'amour triomphe si ce n'est dans un lit à baldaquin au moins caché dans un grenier, dans un champ, dans un atelier. (On pourrait écrire un deuxième roman avec le point de vue du peintre. Avec ses sentiments à lui, ses ressentis à lui, ses peines, ses frustrations. Sous le masque d'un personnage froid et peu bavard !) Dans la voie de chacun, il y a des relations qui laissent des questions et on a le reste de notre vie pour y méditer : on pèse et on repèse, et on change la lumière pour mieux voir…
Cependant il ne faut pas oublier qu'au 17 siècle l'homme était lié par le protocole qui organisait toutes ses relations et le goût du scandale n'existait pas, pas encore. La morale, la religion ne nous donnent pas toujours des réponses universelles et nos choix sont pénibles. La liberté n'est pas de ce monde. Ce n'est que l'art qui peut libérer, peut-être… Toute la force du livre est là.
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Une fois n'est pas coutume pour moi de lire les romans demandés par les enseignants de mes enfants… Et franchement qu'est que j'aurais aimé travaillé sur celui-ci au lycée.

L'écriture de l'auteur est très agréable et très descriptive. D'ailleurs grâce a ses descriptions détaillées j'ai pu reconnaître certains tableau. Il faut que j'avoue qu'en art je suis zéro. Je connais Dali, quelques Picasso, et puis ces tout. J'ai donc été très surprise de voir que c'était Vermeer qui avait peint la célèbre crémière égérie d'une certaine marque de produit laitier. (Bhen oui , du coup j'ai un peu lu avec accès direct a internet).

Mais en dehors de ça c'est aussi toute la passion que peu vouer une jeune femme a un maître qu'elle admire plus que tout.
Ce roman est tellement riche, et pourtant si simple a lire. le caractère de cette jeune fille pleine d'illusion, . Cette opposition entre catholique et protestant, la lutte des classes, l'opportunisme aussi par certains côté,..

Un roman simple mais si riche en émotions.
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La Jeune fille à la perle où l'insouciance de l'enfance s'est envolée !

Tracy Chevalier a eu la belle idée de tirer une histoire totalement romanesque qu'elle entend rendre crédible en multipliant les détails, non sur les personnages mais sur leur environnement et d'une façon presque documentaire sur l'époque et les lieux.

Ce roman nous introduit au coeur de la vie des Hollandais au XVIIème siècle. Protestant et ne rechignant pas au travail pour les familles modestes, la rencontre avec Vermeer est un véritable choc culturel pour Griet. Car Griet, la jeune fille à la perle, est bel et bien une enfant propulsée dans un univers agressif, ballotée entre son travail harassant de bonne au service des Vermeer, l'intérêt ambigu du peintre envers elle, la jalousie de sa femme ou encore la possible menace représentée par le mécène du peintre. le roman dépeint magistralement la situation d'une jeune fille enfermée dans un monde aux règles cruelles et aux conventions étouffantes... Car s'il décrit le parcours de Griet chez les Vermeer, il donne également un aperçu réaliste de la Société Hollandaise du XVIIe siècle (à travers une famille paralysée par les codes sociaux et l'emprise du riche mécène de Vermeer). On s'émerveille devant l'énorme travail esthétique qui semble avoir été fait et qui plonge presque le lecteur dans un tableau de Vermeer.

« La jeune fille à la perle » est donc un roman à la fois doux et dur. L'éveil d'un esprit courbé par la corvée s'éjecte miraculeusement des lessives éreintantes dans un temps où l'on ne fait que servir du matin au soir en admirant à la dérobée les contenus amorphes d'une maison terne cernée par les grands froids. Griet, beauté naturelle éteinte mais non consumée s'anime soudainement devant ces ocres et ces bleus qu'un peintre en manque d'inspiration dévoile devant ses yeux jeunes avides de découverte. A travers la peinture deux êtres en sommeil communiquent, ressentent, quittent un monde triste où il ne faut que se reproduire ou frotter les sols en laissant derrière soi une mère délaissée rongée par le rictus et une progéniture abandonnée jalouse livrée à elle-même. Les doigts s'effleurent et les visages se décrispent. Deux personnages isolés par la condition et le désoeuvrement offrent à la postérité une oeuvre contemplative traversant des siècles de lumières et de cendres en alternance. le visage de Griet éblouissant de pâleur se teinte d'une rosée admirablement reconnaissante envers un nouveau monde synonyme de conscience. « La jeune fille à la perle » est en priorité la propagation d'une émotion intense dans une demeure dominée par le silence et l'ennui.

Le roman comporte peu de rebondissements mais une intensité unique, palpable. Il peut rendre plus sensible à l'univers du peintre, car il permet d'aborder la peinture selon un nouveau point de vue qui reflète toute la profondeur de ses toiles. Les non-dits et les actes manqués se succèdent et finissent par tisser la toile qui enserre les personnages. Cette toile, c'est bien sûr, le carcan social d'une Hollande où les moeurs sont strictement contrôlées et où il est impossible d'échapper à sa condition.

Il s'agit réellement d'un roman d'une inégalable pureté, qui nous transporte dans un rêve artistique.
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Prendre des oeuvres célèbres et peindre autour de celles-ci, autour de l'univers temporel de l'artiste, une vie qui aurait pu être, une adaptation de leur histoire éventuelle.
La jeune fille à la perle du peintre Johannes Vermeer, et d'autres oeuvres du même artiste, sont ici au centre de l'histoire, autant que peuvent l'être les personnages. L'univers de Delft au 17ème siècle en est le décor.
L'histoire de Tracy Chevalier est un tableau, certes fictif, mais tellement réaliste. L'auteur dépeind cette histoire avec un talent d'écriture envoutant.
A chaque roman de cette auteur, je plonge dans un autre univers, calme, serein. Pas besoin d'actions, de rebondissements pour être happée et charmée.
Quelle belle lecture.
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un aussi bon roman. Je n'ai d'ailleurs pas souvenir d'une telle révélation littéraire depuis La confusion des sentiments de Stefan Zweig, mon livre fétiche (je dis toujours que j'en ai plusieurs mais si je devais n'en choisir qu'un, ce serait celui-ci !). Avec La jeune fille à la perle, Tracy Chevalier nous propose de pénétrer l'intimité du peintre Johannes Vermeer, né dans les années 1630 aux Pays-Bas. Cet artiste est une énigme qui continue encore de fasciner les historiens puisqu'on dispose de très peu de traces de son quotidien. On lui attribue à peine une quarantaine de tableaux mettant le plus souvent en scène un ou plusieurs personnages en intérieur (probablement son atelier). A son époque, Vermeer n'était pas un de ces génies méconnus ; on sait qu'il bénéficiait d'un certain prestige puisqu'en 1653, la guilde de Saint-Luc l'accepte comme maître-peintre. C'est également l'année de son mariage avec Catharina Bolnes dont il aura quinze enfants (!). Vermeer peignait principalement sur commande (son père fut son premier mécène) mais son rythme très lent ne lui permettaient pas de subvenir aux besoins de sa trop nombreuse famille. Vermeer décède à l'âge de 43 ans, laissant sa femme et ses enfants criblés de dettes. Oublié pendant près d'un siècle, le peintre fut redécouvert grâce à la critique d'art et connu un succès fulgurant. Ses tableaux les plus célèbres tels que "La Laitière", "La jeune fille à la perle" ou la "Vue de Delft" ont inspiré bon nombre d'écrivains et d'artistes. La peinture de Johannes Vermeer est considérée par les critiques comme un miracle de lumière, d'harmonie et de subtilité dans les tons et la composition.

Bien que le roman de Tracy Chevalier soit entièrement fictif, il s'appuie très soigneusement sur les détails que nous connaissons de la vie du peintre. Je nourrissais déjà une fascination et un attachement particulier pour le tableau "La jeune fille à la Perle", couramment surnommée "la Joconde du Nord". J'ai eu l'occasion de l'étudier en cours d'histoire de l'art à de multiples reprises mais je suis toujours aussi séduite par le mystère et la délicatesse qui s'en dégagent. le roman est à l'image du tableau : tout en douceur, en subtilité, plein de pudeur et de retenue. Plus troublant encore, il agit sur moi de la même manière que le chef-d'oeuvre du peintre, en s'imposant subrepticement, presque en me hantant. le plaisir de la lecture n'est pas spectaculaire mais n'en est pas moins saisissant. Tout l'ouvrage est dominé par les sensations, les émotions. La beauté, la tristesse et le pureté se cristallisent au fil des pages pour former une oeuvre pleine de poésie et de raffinement.

La méconnaissance de la vie du peintre a permis une très grande liberté d'imagination à l'auteure mais j'ai l'impression qu'elle a réussi à être fidèle à l'esprit du tableau. Elle propose en tout cas une plongée minutieuse dans le processus créatif et sa sensibilité exacerbée permet de retranscrire toute la magie de la naissance d'un chef-d'oeuvre. Dès les premières lignes, j'ai été saisie par l'urgence d'observer le tableau en même temps que la lecture. Je suis sortie de ce roman émerveillée, un peu étourdie, avec l'envie dévorante de percer à mon tour les secrets de Vermeer... et de lire d'autres romans de Tracy Chevalier.
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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En 1664, Griet âgée de seize entre au service de la famille du peintre Vermeer pour devenir servante. Nous suivons son parcours au sein de cette nouvelle famille. Intégration pas simple avec Catharina, l'épouse de Vermeer qui la prend en grippe d'entrée de jeu, avec la sournoise Cornélia, fille de Vermeer, avec Tanneke, l'autre servante ayant ses humeurs et aveuglée par sa jalousie. Heureusement, il y a Maria Thins, mère de Catharina, qui se montre sévère mais reste juste, pince-sans-rire et peut devenir une alliée incontournable. Et enfin, Vermeer, le peintre, le maître adulé (à tort?) par Griet.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman pour diverses raisons. Tout d'abord, le milieu de la peinture dans lequel évolue Griet est fascinant: on voit Griet et Vermeer préparer la peinture, mettre en place les éléments d'un futur tableau, on entend les silences entre Vermeer et son modèle, on ressent très bien le respect des personnages à l'égard du peintre,...
Ensuite, il y a l'époque dans laquelle on lessive à la main, on fait connaissance avec l'apothicaire, on redécouvre le marché, on subit la peste, on doit endurer en tant que servante les avances d'un nanti aux mains baladeuses,...
Et pour finir, les personnages sonnent juste. On n'est pas dans la caricature. Certes, Griet est servante mais elle ne se laisse pas faire et sait quelle attitude adopter dans telle situation et avec telle personne. Elle a des ressources et se montre maligne sauf face à Vermeer. Avec lui, elle est décontenancée et fait tout pour lui plaire et surtout ne pas le décevoir. On découvre un Vermeer vivant dans une sorte de monde parallèle. Il parle peu, préfère être seul, loin de l'agitation familiale pour préparer méticuleusement sa future peinture. Il a le souci du détail. Peindre un tableau, lui prend plusieurs mois. D'ailleurs, l'ensemble de son oeuvre est constitué d'environ 35 tableaux. Il vit pour sa peinture et l'auteure nous dépeint un personnage peu charismatique. Tout le contraire de Griet.
L'écriture fluide, les personnages, le milieu de la peinture, l'histoire d'amour au second plan,.... bref, tout m'a plu dans ce roman. de plus, tellement enthousiasmée par cette lecture, je l'ai prolongée par une redécouverte (ou découverte avec un nouveau regard) de l'ensemble de l'oeuvre de Vermeer. Quelle belle lumière!
Alors belle lecture!!
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Comment une tombola organisée par des lycéens pour financer un voyage peut-elle être l'occasion d'une rencontre inoubliable ? C'est ce qui m'est arrivé en gagnant ce livre magnifique, qui m'a totalement sortie de ma zone de confort et que je n'aurais sans doute jamais lu sans le hasard qui m'a fait gagner ce lot. Et c'eût été vraiment dommage...

Je connaissais bien sûr le tableau, même si je n'ai encore jamais eu l'occasion de le voir "en vrai", à La Haye où il est exposé depuis environ cent vingt ans. Il a d'ailleurs fait l'objet d'un acte de vandalisme il y a quelques mois, comme d'autres oeuvres célèbres visées par des extrémistes écologistes. Heureusement "Griet" n'en a pas souffert, protégée derrière son verre. Je dis Griet, parce que c'est le nom qu'a imaginé pour son modèle Tracy Chevalier, fascinée depuis l'adolescence par le regard et l'attitude de cette jeune fille dont on ne sait rien, et que l'auteure a souhaité concrétiser.

Griet a seize ans, son père est artisan céramiste, il peint les célèbres carreaux de Delft. Enfin il les peignait, jusqu'à ce qu'un accident le rende aveugle et le contraigne à l'inactivité. Pour arrondir un peu les fins de mois de la famille, Griet est placée comme servante auprès de la famille Vermeer. Pas facile pour la jeune protestante de trouver sa place dans cette famille catholique, d'autant plus que la mère, Catharina, ainsi que la gouvernante Tanneke et une des filles, Cornélia, lui sont d'emblée hostiles. le labeur est dur, il lui faut prendre en charge la lessive de la maisonnée qui compte déjà cinq enfant, un sixième naîtra bientôt, elle doit également aider à la cuisine, faire les courses au marché, et supporter les tracasseries de Cornélia. Heureusement, Maria Thins, la mère du peintre, va peu à peu lui manifester un peu de bienveillance, et notamment lui confier le ménage de l'atelier du peintre, un lieu où très peu de personnes sont admises, même Catharina doit rester sur le seuil ! Vermeer, qui a su reconnaître le sens artistique de Griet, lui confiera rapidement la tâche de préparer ses couleurs et se laissera même "conseiller" quelques aménagements de décor pour ses futures oeuvres.
Le peintre est un homme taiseux, lent et un brin maniaque. Il n'est pas très productif (on ne lui connait que 36 toiles), et peint surtout à la commande pour son mécène, van Ruijven. Celui-ci ne perd pas une occasion d'essayer de peloter la jeune servante, c'est un personnage libidineux et odieux. C'est lui qui va suggérer à Vermeer de faire le portrait de Griet.

Ce roman est totalement immersif, on est à Delft au dix-septième siècle, on parcourt les marchés en compagnie de Griet, on vit le quotidien de la famille Vermeer, le week-end on retrouve la jeune fille chez ses parents, on appréhende le sombre nuage de la peste qui va faucher de nombreuses vies. Et on ressent les émois de la modeste servante chaque fois qu'elle se retrouve en compagnie du Maître, qu'elle vénère en secret, alors qu'elle est courtisée par un jeune boucher qui lui promet une vie sans servitude...
Je n'étais plus dans mon TER entre boulot et maison, mais complètement transportée en un autre lieu, une autre époque, une autre peau. Certes, si j'avais été Griet, je n'aurais peut-être pas toujours fait les mêmes choix qu'elle, mais sa narration fluide m'a mis dans une bulle dont il m'était à chaque fois difficile de ressortir pour me confronter à ma réalité. La lumière de Delft et de l'atelier du peintre me semblaient tellement plus belles que celles de la gare et du lycée !
Tracy Chevalier a réussi à me faire croire à son histoire de bout en bout et pour moi La jeune fille à la perle portera définitivement le prénom Griet.
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Griet a 16 ans, elle vit dans la ville de Delft aux Pays-Bas au 17ème siècle.
Elle vit dans une famille aimante, pauvre car le père est devenu aveugle.
Griet doit entrer comme servante au service de la famille du peintre Johannes Vermeer.
Elle travaille durement, s'abîme les mains à faire la lessive.
Au marché, en achetant la viande pour la famille Vermeer, elle fait la connaissance de Pieter, le fils du boucher.
Griet fait aussi le ménage dans l'atelier du peintre et petit à petit, prépare ses peintures.
Elle doit composer avec la jalousie de l'épouse, de la fille aînée et de la belle-mère. La vie n'est pas simple.
Griet ressent beaucoup d'admiration et de trouble devant le peintre.
Celui-ci se met en tête de faire son portrait et lui perce l'oreille afin qu'elle porte une boucle d'oreille de son épouse afin de mieux refléter la lumière.
Cela vaudra des ennuis à Griet.
Elle reste au service de la famille jusqu'à la mort du peintre et sera étonnée du petit héritage délicat qu'il avait prévu pour elle.
C'est le deuxième roman de Tracy Chevalier et le premier pour moi qui l'ai lu à sa parution en 2000.
L'auteure a pu laisser courir son imagination car on sait très peu de choses au sujet du peintre qui était loin d'être prolifique. Elle sait retranscrire à merveille l'ambiance des scènes quand Griet évolue dans les rues, au marché, dans son travail. L'intensité du courant qui passe entre le peintre et son modèle est vraiment palpable.
Un roman magnifique !
Je suis impardonnable de ne pas avoir rédigé la critique plus tôt mais Babelio n'existait pas encore quand j'ai lu cette belle histoire.
J'ai vu le film quelques années plus tard mais il ne valait pas ce que j'avais ressenti en lisant le livre.

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Tracy Chevalier a imaginé l'histoire du fameux tableau de Vermeer "la jeune fille à la perle" qui est celui que je préfère du peintre.

La jeune fille à la perle c'est Griet, une jeune hollandaise de 16 ans issue d'une famille de protestants. Ses parents rencontrent de grosses difficultés financières suite au terrible accident du travail du père. Jan était faïencier. Mais suite à l'explosion d'un four, il perd la vue. Frans le grand frère est placé en apprentissage, la petite Agnès n'a que 10 ans. Griet rentrera donc comme servante dans une famille catholique, celle du peintre Vermeer.

Les journées sont harassantes et interminables. Griet usa ses mains à laver et repasser, frotter les dalles du sol. A cela s'ajoutent les mesquineries des unes et des autres. Cornelia l'une des filles de Vermeer est impitoyable de méchanceté. Tanneke une autre servante ne ménage pas Griet qu'elle voit comme une rivale. Mais surtout Catharina la femme de Vermeer déteste Griet.

En effet, seule la jeune fille est autorisée à rentrer dans l'atelier du peintre pour y faire le ménage. Ce sont là des heures exquises pour la jeune fille qui découvre la beauté à travers les toiles du peintre. Elle est minutieuse dans son travail allant jusqu'à se servir de son corps comme étalon pour remettre chaque objet figurant dans le tableau à sa place. La jeune fille est intuitive, intelligente., observatrice. Bientôt le peintre remarque ses qualités et lui apprend à fabriquer les couleurs. Il écoute aussi son avis à plusieurs reprises.

Il se tisse des liens entre le maître et la servante.
Malheureusement le danger rôde: le mécène du peintre van Ruyven tourne autour de Griet. Catharina se méfie, Cornelia fouine.

J'ai adoré ce roman. J'ai aimé suivre la réalisation des tableaux et des couleurs. J'ai trouvé Griet très émouvante dans son attachement à son maître.
Très belle histoire qui laisse des pistes ouvertes aux questions que le lecteur peut se poser. Vermeer a -t-il aimé Griet?
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C'est une merveilleuse idée qu'a eu Tracy Chevalier de partir de ce tableau de Vermeer, La jeune fille à la Perle, et d'imaginer l'histoire de son modèle.

Elle réussit à mêler habilement réalité et fiction. le récit est tout en nuances et clair-obscur, comme les tableaux du célèbre peintre, comme la vie en général, c'est ce qu'apprendra Griet, la jeune servante qui sert de modèle.

Dans une langue retenue, Tracy Chevalier décrit les émois de cette jeune fille aux couleurs des pigments qu'elle apprend à broyer pour son maître.
Rouge pour la passion et le désir, Blanc pour la pureté, Noir pour la jalousie, Outremer pour le rêve, Jaune pour la lumière...

Un livre qui dépeint également la jolie ville de Delft, la condition difficile d'une jeune servante au XVIIe siècle.
Une très très belle découverte.
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