J'ai continué à découvrir l'oeuvre de Mme Choiseul-Meuse, qui écrit au début de l'Empire, mais on croirait lire un texte libertin de la fin de l'Ancien Régime. Julie, l'héroïne, peut faire penser à la Julie de la Nouvelle Héloïse au début, pour sa naïveté, sa pudeur, son amour platonique. Elle écrit une lettre - une seule lettre en vérité, ce n'est pas un roman épistolaire mais une confession ; ce ne sont donc pas les Liaisons dangereuses, même si on retrouve un milieu d'hommes et de femmes nobles et aisés. Et Julie fait vite penser à Justine, la Justine de
Sade. Mais Julie n'expérimente pas les "malheurs de la vertu", plutôt les joies du plaisir...
Son premier amant, son premier amour, lui donne des conseils de prudence, et de vertu. Pour vraiment séduire un homme, elle devra toujours lui faire croire qu'il est le premier à lui plaire, elle devra céder à ses caresses, prendre du plaisir, mais sans aller jusqu'au bout. Il ne faudra pas qu'elle livre sa rose, c'est-à-dire sa virginité. Julie ne comprend rien, étant complètement innocente, mais, bien vite, elle comprendra ce qu'elle peut accepter, et ce qu'elle doit refuser. Baiser les mains, les lèvres, caresser les seins, les jambes... Mais elle ne doit rien accorder de plus à son amant - mais plus à son amante...
Le récit devient donc celui des relations successives de Julie et ses amants - et ses amies ; un homme lui plaît, elle le séduit, accepte certaines pratiques, et refuse la dernière. Cela est d'abord plaisant, avec de la légèreté et de l'humour. le texte se moque des hommes : un est impuissant, un autre castré, un autre trop naïf et sensible... Cela devient répétitif et bien long. Julie n'inspire pas d'empathie, elle est séductrice, manipulatrice... une Mme de Merteuil, qui saurait tout, dominerait tout, mais qui serait restée vierge.