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EAN : 9782877063036
237 pages
Editions de Fallois (31/07/1997)
3.8/5   5 notes
Résumé :
Ebranler l'ordre établi, c'est le thème de La Rumeur. Nous sommes au milieu des années soixante. René Catrijsse, d'une vingtaine d'années, retourne au Congo belge. Il a servi dans l'armée coloniale puis a déserté. Exténué, gravement blessé au dos, il revient dans son village natal Alegem, dans l'ouest de la Flandre.Personne ne se réjouit du retour de l'enfant prodigue. Alegem est un village replié sur lui-même, à l'atmosphère étouffante, où la corruption et les prat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Bousekerke, village de Flandre Occidentale profonde, vers la fin des années 60.

On dit que René, le fils Catrysse, est revenu du Congo. Il aurait déserté l'armée ex-coloniale pour se faire mercenaire. Il aurait vu et commis des choses barbares. Il paraît qu'il est salement amoché et malade.

Pas étonnant qu'il ait mal tourné, le gamin, avec une famille pareille. Un père qui aurait collaboré, une mère qui aurait fricoté avec l'Allemand, un frère un peu benêt depuis une chute à vélo...

D'ailleurs, d'après Monsieur le Curé, il est pas sur la voie de la rédemption, le René. Il paraît qu'il est toujours en contact avec ses potes déserteurs, et qu'ils complotent pour un attentat ou un trafic de diamants... A moins que la Julia, elle le fasse rentrer dans le droit chemin (celui qui conduit entre ses cuisses ha ha ha), pour lui calmer ses ardeurs. Elle est pas farouche, la petite. Sa soeur non plus, paraît-il. Pourtant on dit que le facteur ne la trouve pas à son goût, elle serait déjà trop vieille pour ce polisson...

Voilà le genre de conversations dont on se repaît et se délecte au Pot-aux-Roses, le bistrot de Bousekerke, quartier général de la Rumeur. On y prêche le vrai et le faux sans se préoccuper d'authenticité, puis on répand et on colporte à travers villes et campagnes.

Et quand une épidémie étrange et inexpliquée s'abat sur la bourgade, envoyant des dizaines d'habitants goûter les pissenlits par leurs racines, au Pot-aux-Roses on s'interroge, on constate, on conjecture, on suppute, on déduit, on raisonne, on suggère, on affirme, on proclame : « c'est forcément la faute au René ! »

Et puis ?

Et puis voilà, René ne sera pas pour autant lynché par la populace, mais l'épidémie s'éteindra quand même avec la disparition du bouc émissaire, mais à la suite d'autres troubles événements.

Mais alors quoi, cette Rumeur ? Alors oui, elle tient un rôle, mais sans grands tambours ni trompettes, ni grandes conséquences, et le roman porte mal son titre. Je n'ai pas compris l'importance de cette Rumeur, alors que le titre laissait supposer qu'elle jouerait un rôle central, accusateur, étouffant, écrasant, destructeur, sur sa victime, laquelle s'en fiche éperdument.

Elle est plutôt le prétexte pour l'auteur de tirer le portrait d'une certaine Flandre, en forçant sur le trait et les stéréotypes. Si c'est de l'ironie, alors la plume d'Hugo Claus est grinçante et dézingue tous azimuts la bêtise humaine, la collaboration, les ploucs « civilisés » passés du côté de la « sauvagerie ». Peinture sociale, « La Rumeur » est un roman féroce, gaillard, paillard, leste et glauque, qui parle sans complaisance des travers humains : la peur, la jalousie, la convoitise, la mesquinerie, la violence, le mensonge. Une lecture peu agréable et pas inoubliable.
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Ici, à Bousekerke, ça fleure le lisier, et les fumiers s'expriment en toute liberté plus bêtes et méchants que le célèbre journal Hara-Kiri. Quelle truculence dans la veulerie drapée de son bon droit !

Ici, ça boit, ça bouffe, ça rote, ça baise, la main est leste, la bière est légère, et les cuisses des filles hospitalières ! Donc cela se savoure comme un sachet de frites-mayonnaise à s'en lécher les doigts bien avant de s'en laver les mains. Entre deux tournées, les habitués du café du coin commentent les morts mystérieuses et plurielles. C'est terrible. Remets nous une rafale, Gérard ! "... et que nous soyons ou non prédestinés, qu'il existe ou non un être suprême, Gérard a du mal à suivre avec le débouchage des bouteilles." p.40 C'est humain. Un sordide sublime !


Une peinture sociale digne du jardin des délices de Jérome Bosch ou des kermesses de Pieter Brueghel ou Paul Rubens, pour laquelle j'ai pris le temps de m'attarder sur chaque personnage afin d'en saisir la profondeur psychologique. Quelle causticité : il faut appeler un chat, un chat - et lui faire la fête du haut du beffroi à Ypres ! Beaucoup d'ironie aussi, malgré tous les efforts de René Catrysse et ses copains barbouzes, force est de constater que tout cela ne nous rendra pas le Congo. Non, ma brave Dame, c'est cela qu'est triste et quelques diamants volés ne pèsent pas bien lourds à l'heure du règlement des comptes.


Qu'est-ce qu'une rumeur, si ce n'est un bruit qui court et enfle à force d'être répété par des mécaniques de peur, d'envie ou de jalousie ; de faits point n'est nécessaire, les opinions se suffisent à l'alimenter, jusqu'à ce qu'elle se répande comme une épidémie impossible à contrôler, au point de devenir pour beaucoup, accréditant la répétition sans examen des preuves éventuelles, vérité passivement assimilée leur épargnant ainsi la difficile confrontation à une réalité plus complexe.


Voyez-vous la rumeur actuelle est qu'un petit virus serait une catastrophe planétaire, elle se répand et enfle pour devenir un éléphant que nul n'ose arrêter, répétée inlassablement en boucle dans les médias en un lavage de cerveaux qui n'en fait pas pour autant la réalité. Pfff, si seulement nous étions libres d'aller en terrasse, écluser quelques faits ...


Ici, milieu des années soixante à Bousekerke, on n'est pas à l'après de lancer un pavé dans la mare. Déjà le père et la mère Catrysse sont connus comme collabos, le sujet qui fâche ; vlà t'y pas qu'le René, il n'en peut pus d'zigouiller des Noirs au Congo (parfois des Blancs, mais là c'est une bavure) et le vlà qu'y s'ramène à Bousekerke, en déserteur. Sûr, ça fait jaser, ça fait mousser et ça va éclabousser. Sûr, ça part en sucette dans tous les sens le Dimanche après la messe tout en s'enfilant des Genièvres ou une bonne dizaine de demis entre amis.

J'ai ouïs dire qu'à l'époque, mises en bière et veillées mortuaires n'étaient pas tristes. Ah ça change de la lisse mascarade d'une pensée compassée et composée, s'insinuant sans cesse dans ce siècle-ci empesé de consensus sirupeux et poisseux, si soucieux d'illusoire et imbécile immortalité ! Ici les vivants croquent la vie à pleines dents à les en faire grincer et côtoyent la mort, ricanent de celles des autres, s'en tamponnent gaillardement, font pisser Popol et referment leur braguette en rotant.


Bref, une jouissance roborative que cette peinture au vitriol, véritable bol d'air. C'est humour là, c'est du chocolat Côte d'or noir de noir, bio à 85% de cacao : hautement recommandé pour le moral. Il paraitrait selon une récente rumeur qu'une critique pourrait se revendiquer subjective.
Et donc : Lis c'est du belge ! (je paraphrase par retenue)


https://www.monde-diplomatique.fr/1997/12/GOVAERT/5109
https://www.youtube.com/watch?v=dHFBw00HoHY
https://www.lexpress.fr/culture/livre/la-rumeur_800819.html
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Fin des années soixante, un village flamand est la cible d'une mystérieuse maladie que la rumeur estime rapportée par un mercenaire revenu d'Afrique. Un tableau où tous les clichés se retrouvent. Je préfère Armel Job !

Hugo Claus est un monument en Belgique néerlandophone. Membre éphémère de CoBrA, pressenti pour le Nobel, compagnon de Sylvia Kristel, il est connu pour son « Chagrin des Belges » et pour avoir obtenu l'euthanasie pour se préserver des souffrances de la maladie d'Alseimer. Il s'est lui-même qualifié de « flamingant francophile ».

Dans « La rumeur », tous les clichés sont là : le bistrot du village, le curé, la bonne famille bourgeoise, le fils un peu attardé, la femme qui a frayé avec l'Occupant pendant la Seconde guerre, ... le trait est forcé. Peut-être n'ai-je pas abordé le texte dans un bon état d'esprit. Un collègue flamand me dit qu'il faut y voir de l'ironie. Mais j'avoue n'avoir trouvé dans le texte aucune indication, ne fût-ce que dans le ton, qui m'aurait incité à penser que telle était l'intention de l'auteur. Je n'exclus pas que la version original sonne différemment de la traduction que j'ai lue.

Il est vrai que la langue de cette traduction ne m'a pas non plus séduit. Chaque chapitre donne le point de vue d'un personnage ou d'un groupe de personnages («  nous » pour les habitués du café du village). Cette construction est classique mais j'ai plusieurs fois été perturbé par des chapitres où se mélangent la première et la troisième personne.

J'ai également été déçu par la faiblesse de la rumeur. Il y a beaucoup de petits tableaux, dans ce livre. Les habitués du café parlent souvent du mercenaire rentré au bercail, parce qu'ils sont intrigués de le voir se cacher et se demande ce qu'il fricote. Mais ils parlent fort peu de sa possible implication dans la mystérieuse maladie de certains habitants du village. Je me suis d'ailleurs plusieurs fois demandé quelle était cette rumeur qui avait donné son titre au récit. Je m'attendais à une rumeur bien présente, oppressante, réellement au centre du récit.

Bref, cette lecture ne m'aura pas marqué même si les clichés que je mentionnais plus haut constituent effectivement des caricatures résultant de fines observations. Mais dans ce genre de tableaux de villages belges, j'ai nettement préféré ceux qu'Armel Job a brossés pour des villages ardennais.

Je lirai probablement « Chagrin des Belges », pour ma culture générale. Mon collègue me conseille également les poésies d'Hugo Claus, mais je crains que la traduction les dévalorise.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Madame, a fait le type après un moment, j’ai vu beaucoup de choses dans ma vie, mais jamais une gueule prétentieuse comme la vôtre.
- Monsieur, a fait ma mère lentement.
- Oui ? Dites.
Ma mère balançait sur ses genoux le petit René, tout étonné. « Vous, monsieur, vous avez une tête à trier la merde. »
L’homme a secoué la tête. Longuement. La gare de Termonde est progressivement apparue à la fenêtre [du train].
« C’est bizarre, a fait l’homme, on me l’avait déjà dit. »
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J'ai réfléchi à ça. Parce que j'ai reçu son appareil photo. En fait, c'est sa femme qui y a droit. Mais comment on va expliquer ça ? Madame, votre jules a été aplati par un éléphant. Je ne vais pas pouvoir me retenir de rire. Toi non plus.
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Chaque mort doit avoir une raison sérieuse, au contraire de la naissance, pour laquelle personne ne peut donner une raison valable.
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- Des puces blessées qui niquent encore, dit quelqu'un d'un ton rêveur.
- Mieux vaut la puce qui nique que l'anus qui pique, fit un spirituel.
- Ca nous fait combien de victimes maintenant ? demanda un anxieux.
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Sa femme n’avait rien préparé de spécial à manger. Un bifteck et des frites. Peut-être la mayonnaise ? La Devos-Lemmens, mondialement connue dans tout le pays ?
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Videos de Hugo Claus (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hugo Claus
10 mars 2010 :
Mot de l'éditeur : Philippe Dutilleul trouve autant de raison daimer la Belgique que de motifs de la détester. le délitement du pays le désole. Il livre ici un portrait acide de ce pays où rien ne va tout à fait comme cela devrait, où lon sest habitué à vivre de petits arrangements. Un pays miné non seulement par les tensions nationales et les querelles communautaires, mais par un passé chargé daffairisme, de fraudes, de scandales jamais vraiment élucidés, comme laffaire Dutroux ou celle des tueurs du Brabant-Wallon
Le réalisateur du tonitruant « Tout ça ne nous rendra pas la Belgique » stigmatise une opinion publique amorphe, manipulées par les ambitions politiciennes des uns, assommée par la médiocrité des autres. Il renvoie dos à dos les autruches wallones et les incendiaires flamands. Il sinsurge contre un pays qui senferme peu à peu dans une logique dapartheid. Il peste contre un roi à la petite semaine qui na ni la carrure de son père ni celle dun Juan Carlos en Espagne.
Pourtant, assure-t-il, le Royaume de Belgique pourrait être formidable. le pays de Rubens, Ensor et Magritte, de Brel et dHugo Claus, des frères Dardennes et Jacko van Dormel, de Frankin et Geluck ne manque ni de talents ni dhumour. La Belgique, écrit Dutilleul, cest aussi un art de vivre, une bonhomie, une forme de simplicité, voire un goût du burlesque qui se moque du complexe de supériorité du voisin français
Lauteur Philippe Dutilleul, journaliste à la RTBF, est lun des réalisateurs du fameux magazine « Strip Tease » devenu aujourdhui « Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) ». Il sinscrit dans une tradition du journalisme social, insolent, dérangeant. le 13 décembre 2006, il stupéfiait la Belgique avec un reportage fiction annonçant la scission du pays.
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