C'est l'histoire d'un mec… un mec pas… heu… enfin quoi… heu, un mec normal, quoi…
L'image d'Epinal du « marginal », à la fin du 20ème siècle, trentenaire désabusé et parisien…
Celui qui pense tout haut ce que les normes « bourgeoises » s'interdisent. le looser décomplexé, habité d'une forme d'idéal diogénien. L'auteur tient même à ce qu'on l'identifie au narrateur…Guillaume.
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On suit donc Guillaume, dans ses fêtes et ses doutes, dans ses rêves et ses défaites. Terrain re-labouré, mais agréable pour ceux qui aimeraient se remémorer l'époque pré-tout-numérique, avec cette forme de bon sens naïf et punk-fainéant, ses petites lâchetés et grossièretés, ces dîners où fumer et se servir de l'assiette comme cendrier n'avait rien d'original.
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On peut alors lire ce livre comme un document d'époque, et imaginer son pendant contemporain, dont il émergerait sans doute beaucoup plus de malheurs et de frustrations, de la part d'un mec sorti à coup de slogan-pied de son idéal bon enfant, pas vraiment méchant, juste un peu égoïste et cultivé, et qui veut simplement baiser.
Voilà pour le cliché. Vous en ferez ce que vous voudrez… On peut aussi simplement en rire…
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Et puis, un jour, on a tous mis la tête dans la tapette à rats. Comment met-on la tête dans la tapette à rats ? C'est très simple et très banal à la fois. Une vieille rengaine qui existait déjà avant J.-C., il suffit juste de rajouter des fax, des bagnoles et des digicodes, c'est la première à droite en sortant de vos vingt ans, vous pouvez pas vous tromper. Alors voilà : vous trouvez un matin dans votre salle de bain une brosse à dents qui n'est pas la vôtre. Puis vous donnez les clefs de chez vous à celle qui vous a choisi. Vous comprendrez d'ailleurs assez vite qu'on ne dit plus "chez vous", mais "chez nous". Le processus d'aliénation se poursuit en général par l'achat d'un animal domestique, un chat si possible, le chat étant une métaphore rassurante de la liberté qu'on vous laisse : la liberté contrainte par les murs. Vous pourrez toujours vous réfugier pour lire aux chiottes, la nouvelle Zone NoNo.
Je me contente de m'adonner à la solitude et à la paresse, cette forme aristocratique de la dépression pratiquée par tous ceux qui ont la pudeur de leurs sentiments. J'essaie seulement d'échapper à mes mauvais souvenirs et de tuer l'ennui avec des bouteilles de scotch et des filles mal faites. Ma vie se décline au conditionnel : j'aimerais, je voudrais, je serais. Je ne fais rien. Je n'attends rien. Je n'espère rien. Je ne vous demande rien. Je vous regarde et je veux toujours croire que je vous emmerde.