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sur 1243 notes
2010-2018. Huit ans dans la vie de la famille Trotter, huit ans qui ont bouleversé la vie de leur pays. Nationalisme, mauvaise foi et violence politique s'insinuent au coeur des couples et des relations humaines, menant à des dissensions, ruptures ou belles rencontres. Un roman on ne peut plus contemporain qui relate avec réalisme et un humour ”so British” les années qui ont vu David Cameron, les Jeux Olympiques et... le Brexit.
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« Elle savait aussi qu'elle lisait elle-même trop pour sa santé, accordait trop d'importance à la lecture, affligée d'une sorte de névrose obsessionnelle vis-à-vis de la littérature et de ses bienfaits moraux supposés. »
Bien sûr, il est préférable de lire cette trilogie dans l'ordre, en commençant par « Bienvenue au club », en poursuivant par « le cercle fermé » puis en se plongeant enfin dans ce « Coeur de l'Angleterre ». Mais à découvrir les Trotter (ou ce qu'il en reste…) directement par ce dernier roman formidable (j'insiste : FOR-MI-DABLE) on n'est assurément pas perdant, ni perdu. On y suit une famille aux prises avec son époque, de 2010 à nos jours. Il y a Colin, le père, qui vient d'enterrer son épouse après cinquante-cinq ans de vie commune et qui y laisse sa vitalité. Benjamin, la cinquantaine et sa soeur Lois sont très proches, incluant Sophie, la fille de Lois, mais surtout pas Paul, leur frère à qui ils ne parlent plus (il vit à Tokyo). C'est un peu Doug qui le remplace, vieil ami de Benjamin, journaliste politique. Et c'est parti pour une presque décennie où l'Angleterre va vaciller sur ses bases…
Un roman formidable, donc, qui distille une mélancolie délicieusement douloureuse et qui pétille de cet humour si typiquement anglais. Les dialogues entre Doug et le jeune sous-directeur de la communication de Cameron sont des pépites du genre et les personnages annexes qui viennent se greffer au fil des pages sont tout immensément réussis. Pas un seul passage en-dessous des autres, les pages consacrées à la cérémonie d'ouverture des JO de 2012 sont superbes et donnent à ressentir cette fierté patriotique qui va ensuite purement et simplement s'évaporer dans les affres du Brexit. Benjamin évidemment représente, à mes yeux en tous les cas, l'Anglais avec un grand A et à ce titre a recueilli toute mon attention et ma tendresse. Un roman que l'on referme en laissant longuement la main posée sur sa couverture, certain qu'il sera relu.
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Jonathan Coe nous parle de l'Angleterre des années Brexit, d'une décennie qui a crispé le pays. Il nous parle d'une société partagée (et là ce n'est pas que la société anglaise) entre mondialisation et attachement à une âme fondatrice. Il nous parle de la famille Trotter, confrontée à tout ce qui fait une vie, ses joies, ses espoirs, ses peines, ses frustrations, ses amours, ses succès, ses échecs.
Tout est dit avec beaucoup de vérité, beaucoup d'humour également (on sourit bien souvent). Les Trotter dans leurs différences sont attachants.
Un grand roman d'aujourd'hui.
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Autant j'étais entré avec difficulté dans Bienvenue au club (voir ma chronique), autant le Coeur de l'Angleterre m'a enthousiasmé. La galaxie de personnages que Jonathan Coe fait évoluer depuis de nombreuses années dans ses romans se révèle cette fois attachante, crédible et somme toute émouvante.
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Et l'une des qualités majeures de ce roman est de pouvoir être lu à plusieurs niveaux, d'abord et avant tout la saga d'une famille britannique au fil des ans, mais aussi la chronique d'une décennie troublée qui allait conduire au Brexit.
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En ce sens, j'établis un parallèle qui pourra vous faire sourire : Jonathan Coe ressemble à un Houellebecq anglais, dans un style et un ton bien différents toutefois. Il inscrit le destin de ses personnages dans la réalité politique et sociale, nous proposant des interprétations et des enseignements précieux. À l'heure ou j'écris ces lignes, la France est à moins de deux mois du premier tour de l'élection présidentielle. La tournure que prend la campagne présente des analogies avec ce que le Royaume-Uni a connu durant la décennie 2010… Prenons garde à ce que les outrances des uns et des autres ne se coagulent en des oppositions radicales, populistes, déconnectées des enjeux réels et pernicieuses. En Grande-Bretagne, elles ont entraîné le référendum sur le Brexit dans une spirale de mensonges et de réactions épidermiques qui ont conduit à ce que l'on sait. Jonathan Coe démonte le processus à partir de l'étude de destins concrets, crédibles, beaucoup plus convaincants que les considérations plus théoriques de tel ou tel essai politique.
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Oui, cette lecture m'a passionné à tous égards, je ne saurais donc trop vous la recommander.
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Première lecture du #trophéefolioelle et ça aura été une bonne découverte.

Aux premiers abords, le roman ne m'attirait pas du tout pour plusieurs raisons. Son sujet sans aucune "fantasy", dans les bottes d'un groupe de personnes lambdas en Angleterre et très orienté sur la politique. Et enfin son format: un beau pavé de 600 pages.

Cependant, une fois le premier tiers terminé ma lecture s'est faite très vite. Je n'irai pas dire que j'ai adoré le roman mais il s'est lu avec une grande facilité. La qualité de l'écriture est indéniable ce qui rend le tout très agréable.

Malgré le sujet qui donc ne m'interessait pas, je me suis beaucoup accrochée aux personnages. Notamment à Sophie et à Doug.

Dans l'ensemble ce fut donc une bonne découverte et une bonne lecture
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Oh la la, ce que j'ai ri en lisant ce livre. Ca faisait longtemps qu'un livre ne m'avait pas tant mise en joie.
Il est donc présenté comme le roman du Brexit. Je suis d'accord, mais avant tout, c'est un roman, avec une belle brochette de personnages (jamais caricaturaux, alors qu'il aurait été facile d'en faire des archétypes) et de situations extrêmement réalistes. Je n'ai pas lu les deux premiers romans mettant en scène ces personnages, donc je ne peux pas juger de la continuité (mais je vais me rattraper dès que possible). Ce que je sais, c'est que c'est superbement bien observé et (d)écrit. L'histoire commence en 2010 pour s'achever en 2019 et traverse donc toutes les péripéties liées au vote sur la sortie de l'Union européenne. Mention spéciale pour le personnage de Nigel, porte-parole adjoint des gouvernements britanniques, qui manie la langue de bois comme personne et retourne son interlocuteur comme une crêpe, avant de perdre complètement pied dans une scène d'anthologie.
Belle lecture entre rires et émotions.
Je voudrais ici rendre hommage au superbe travail de traduction de Josée Kamoun, qui a su rendre les subtilités de la langue de Jonathan Coe et son humour.
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Après « Bienvenue au club » et « le Cercle fermé », "Le Coeur de l'Angleterre est le troisième opus que Jonathan Coe consacre à l'histoire politique de l'Angleterre des années 50 à nos jours à travers les destins croisés de plusieurs membres de la famille Trotter et de leur entourage.
Ici, il se penche au chevet de l'Angleterre des 10 années qui ont précédé le Brexit et tente de comprendre ce qui a bien pu amener une majorité d'anglais à vouloir sortir de l'Europe. Pour cela, il convoque notamment le souvenir des Jeux Olympiques de 2012 qui réveillèrent chez beaucoup d'anglais une ferveur nationaliste enfouie, celui des émeutes de Londres qui témoignèrent des tensions raciales et économiques aggravées par des années de politiques de restrictions budgétaires. Il évoque aussi les attentats islamiques qui remirent en cause la confiance envers le modèle communautariste britannique et rappelle le comportement désinvolte de la classe politique britannique dont les errances aboutirent au référendum.
En personnage central, nous retrouvons Benjamin en écrivain au petit pied vivant confortablement grâce à l'explosion des prix de l'immobilier londonien. Autour de lui gravitent Lois, sa soeur, qui ne surmonte pas le traumatisme de l'attentat dans lequel elle a perdu son amour de jeunesse, Sophie, la fille de Lois, qui se frotte vaillamment aux embuches de la carrière universitaire et voit son mariage vaciller à l'approche du référendum, et Colin, son père, maintenant veuf, qui ne se reconnaît plus dans un monde qui a tant changé et affiche des idées de plus en plus rétrogrades. Et puis, Doug, l'ami de toujours, devenu journaliste à succès, d'appartenance plutôt progressiste ce qui ne l'a pas empêché d'épouser... une femme richissime, et dont la fille embrasse sans états d'âme toutes les causes qui peuvent fâcher ses parents et ce, sans s'embarrasser des dégâts collatéraux.
Jonathan Coe est un magnifique conteur et mène son récit d'un style limpide. L'intérêt ne faiblit jamais tant l'intrigue se déploie avec fluidité et virtuosité. le roman s'ouvre sur le récit des obsèques de la mère de Benjamin qui permet de retrouver plusieurs des personnages quittés à la fin du « Cercle fermé ». C'est une scène pleine d'émotion et de mélancolie mais aussi ponctuée de pointes d'humour comme ce sera le cas tout au long du livre qui n'est jamais pesant et même parfois très drôle. Au travers de ses personnages et des péripéties de leurs vies, Jonathan Coe illustre petit à petit l'engrenage infernal qui a mené au Brexit et au schisme profond qu'il a provoqué tant dans la société que dans les relations familiales et amicales. Il brosse aussi le portrait d'une Angleterre divisée, nostalgique d'un passé glorieux, gangrenée par le complotisme et le racisme de certains, les poussées nationalistes et les inégalités sociales.
Voici donc un roman très réussi, un régal de lecture, l'un de ces livres qu'on n'a pas envie de terminer et que l'on quitte à regret.
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D'habitude, quand un livre m'enthousiasme à ce point, je ralentis vers la fin pour le savourer le plus longtemps possible, mais là, non. le dénouement est heureux (même si les gilets jaunes pointeront leur nez dès novembre 2018) mais les 500 premières pages sont tellement désespérantes et l'écho raisonne tant avec la France...
L'opposition capitale/provinces oubliées, les fake news, une classe dirigeante déconnectée et dans l'entre-soi, la disparition des paysages ancestraux, les déchirements intimes (ça c'est universel), tout est transposable.
Jonathan Coe écrit encore un livre indispensable qu'il faudra relire dans quelques années, quand on mesurera les suites du Brexit.
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Retrouvons Benjamin, Lois, Doug en 2010 pour une dizaine d'années. Ils ont la cinquantaine et commencent à entrevoir les changements au sein de leur pays, la fracture entre les classes sociales, le racisme, la colère et la frustration... Jusqu'au Brexit. Ce Brexit qui a laissé l'Europe (et l'auteur) sidérée.
Jonathan Coe nous dépeint avec humour et ironie les maux contemporains anglais, tout en style et finesse. On ressent peut-être davantage une certaine mélancolie que dans les romans précédents mais le plaisir est toujours là.
Une trilogie à lire !
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Ceux qui ont lu "Bienvenue au club" et "Le cercle fermé" retrouvent dans ce livre Benjamin Trotter, sa famille, ses amis de jeunesse. Ceux-ci ont à présent dépassé la cinquantaine et sont installés dans la vie. Ils appartiennent à la classe moyenne britannique, plutôt aisée financièrement et cultivée.
Le roman débute à l'aube des années 2010 et s'achève en 2018, soit deux années après le référendum en faveur du Brexit. Jonathan Coe décline cette décennie à travers des épisodes de la vie de ces personnages, somme toute assez "ordinaires", mais en prenant soin d'y glisser des "conversations-clé" tenues dans des "lieux-clé" qui vont aider à comprendre ce qui, d'années en années, a conduit le Royaume-Uni à vouloir quitter l'Union Européenne, accusée de tous les maux qui frappaient le pays.
Une chronique politique et sociale intéressante, dans laquelle sont évoqués avec justesse, souvent avec humour, et parfois avec colère, des problèmes propres au Royaume-Uni, mais aussi des thèmes communs à l'ensemble des sociétés occidentales, tels que le multiculturalisme, l'immigration, l'intolérance larvée, le "politiquement correct", l'éclatement des familles, la transformation en profondeur des villes et des paysages, la place grandissante des réseaux sociaux .....
Et, au delà de tous ces sujets, l'auteur évoque avec une belle touche de nostalgie un thème qui traverse les époques, celui de la fuite du temps.
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