J’ai entendu mon âme chanter derrière une feuille, j’ai arraché la feuille, mais alors je l’ai entendue chanter derrière un voile. J’ai déchiré le voile, mais alors je l’ai entendue chanter derrière un mur. J’ai abattu le mur et j’ai entendu mon âme chanter contre moi. J’ai remonté le mur, raccommodé le rideau, mais je n’ai pu replacer la feuille. Je l’ai tenue dans une main et j’ai entendu mon âme chanter à tue-tête contre moi. Voilà ce que c’est que d’étudier sans un ami
Comme un enfant à naître nageant vers sa naissance, comme une femme comptant ses respiration dans les contractions de l’accouchement, je me languis de toi. Comme un poisson attiré au vairon, le pêcheur au point de rencontre de la ligne et de l’eau, je suis prêt à une exigence stricte, ô roi de l’unité absolue. Que dois-je faire pour adoucir cette attente impatiente, pour libérer l’espérance du mépris de mon ennemi ? L’enfant naît à ton monde, le poisson est nourri et le pêcheur aussi.
Comme le dira Leonard Cohen lors d'une entrevue accordée à Tony Dillon Davis, le livre de la miséricorde ne témoigne pas d'une conversion , ni d'un acte théologique ou évangélique.
Pascal Bouaziz en dialogue avec Gilles Tordjman
Suivi d'un concert en duo avec Lou
Le grand public connaît « Hallelujah », « Suzanne » et quelques autres chansons. Mais l'oeuvre de Leonard Cohen est bien plus vaste et variée. Poète, romancier, chanteur, mystique, homme à femmes, Juif, bouddhiste, Canadien, citoyen du monde… qui était exactement cet artiste, qui nous a quittés en novembre 2016 ?
Ce livre revient sur son parcours atypique en dix temps forts – de la publication de son premier recueil de poèmes en 1956 à sa dernière tournée et à son superbe album posthume –, prétextes à dévoiler dix facettes de sa personnalité et de son oeuvre. « Ni hagiographie, ni étude musicologique, ni enquête à charge… Mais un livre de profonde admiration », écrit Pascal Bouaziz, qui offre en conclusion de l'ouvrage une interview imaginaire avec le poète-chanteur.
À lire – Pascal Bouaziz, Leonard Cohen, Gallimard, coll. « Les Indociles – Hoëbeke », 2022.
Gilles Tordjman, Leonard Cohen, Castor Astral, 2006.
Lumière par Marta Bellini, son par Lenny Szpira
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